Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-28%
Le deal à ne pas rater :
-28% Machine à café avec broyeur à grain MELITTA Purista
229.99 € 318.99 €
Voir le deal

La Vierge de Vengeance.

3 participants

Aller en bas

La Vierge de Vengeance. Empty La Vierge de Vengeance.

Message  Jadie Sam 14 Avr - 13:05

Je suis morte.

Je le sais pertinemment. Cette chose indicible qui m'enveloppe, c'est la Mort. Cette sensation que je ne pourrais pas décrire, c'est la Mort. Elle m'avale, me mâche, me digère, me rumine. Me piétine et m'écrase. Me hache et me déchire. J'ai l'impression d'avoir froid, mais je brûle de l'intérieur. Je ne l'avais vraiment pas imaginée comme ça... c'est très étrange. J'éprouve d'innombrables souffrances, mais en même temps je ne sens rien. J'entends ce tourbillon de voix qui vrille mon crâne, et pourtant autour de moi il n'y a que le silence. Je veux héler l'une d'elle, il ne sort rien. Je veux alors me taire mais je me sens hurler. Dans un sens c'est assez drôle.

Ou non, pas du tout. Ces salauds ont gâché ma mort.

Je voulais trépasser l'arme au poing en bonne soldate, ou dans mon lit de vieillesse. Avoir un enterrement, sinon glorieux, au moins fait dans les normes, bien réglé. Rejoindre l'autre monde paisiblement et m'en aller dans un éternel repos. Rejoindre mes frères d'armes. Rejoindre ma famille, peut-être. Et la Lumière.

Je n'ai eu que la rancœur.

Je repasse froidement les événements, mais tout s'enchaîne dans un chaos dénué de logique. Le propre en somme d'un chaos. Je vois ma mère, mon père, ils meurent, puis jouent avec moi. Je vois un coffre qui explose, et une cathédrale rouge sang. Un L que je ne suis pas sûr de reconnaître ; il passe d'azur à écarlate. Et l'aigle en-dessus ce L se transforme en flamme rougeoyante. Un Nain qui me menace, me console, et s'alite ; je ne sais pas pourquoi mais... je suis triste en le voyant. Enfin, je ne le vois pas vraiment... ça m'apparaît. C'est très confus, parfois flou et distordu. Parfois plusieurs images se mêlent en même temps.

En fait, il n'y a que les dernières secondes de ma mort qui m'apparaissent clairement... enfin, non. Je ne vois pas. Je ressens simplement. Et ce que je ressens est... indescriptible, encore. Je peux juste le formuler ainsi...


***

« Merryl, regarde ça... »

Le Réprouvé se pencha au-dessus du corps baignant dans le fossé. C'était une femme étendue sur le ventre, la tête penchée sur le côté. Plutôt bien roulée, d'ailleurs... une jolie petite Humaine. Quel dommage qu'il fût mort... sur ces pensées il se gratta l'entre-jambes. Oui. Un joli brin de fille qui croupissait dans la boue.

« Elle est morte. »

L'évidence venait de le frapper et refroidit toutes les ardeurs qui auraient pu naître dans son cerveau rongé par les vers. Elle ne respirait plus. La pluie n'avait pas lavé le sang qui coulait de sa bouche et celui qui formait une grosse tache dans le dos de son tabard déchiré ; et les parties visibles de son visage étaient d'une pâleur... réprouvesque. À cette pensée il se mit à rire aux éclats, et son ami, tout aussi goguenard que lui, le suivit. Oui, tout ce qu'il y avait de plus morte. Et s'il y avait bien une chose qui n'avait pas changé après sa mort... c'était qu'il n'avait aucune attirance pour les cadavres. Même sur pattes.
Merryl la prit par les cheveux, roux et restés relativement beaux malgré leur saleté ; il la souleva... et rit encore plus. Toute la joue du côté gauche, celui enfoncé dans la flaque, était emporté et sanguinolent. On pouvait voir la mâchoire et les dents – restées par on ne savait quel prodige en place – exposées à nu. Outre cela, le visage était resté en assez bon état. Outre la pâleur normale du cadavre et les cernes violacées qui encerclaient ses yeux clos – et cet énorme trou dans sa joue gauche –, on pouvait voir que le nez, l'autre joue, la peau, était tout à fait intacts et harmonieux. Bien dommage que la boue lui cachât le reste du corps...
Il la mit sur son épaule et s'en retourna. Comment elle était morte, qui l'avait aussi affreusement mutilée, l'endroit où ils l'avaient trouvée, et depuis combien de temps elle pourrissait dans la boue ; cela ne l'intéressait pas. Il avait d'autre projet pour la mignonnette... son ami prit l'épée qui traînait à côté d'elle, sans vraiment remarquer la finesse de l'ouvrage et l'aura flamboyante qui entourait la lame. Et ils s'en allèrent, sous la pluie battante, sur la route de Tirisfal qui les menait au Glas.

***

… Inocentus est un traître.

De la pire espèce. Qui est-il, je ne sais plus. Mais il a lancé ses hommes sur moi, et ils m'ont sauvagement assassinée. Ils m'ont encerclée et je me suis battue comme je ne me suis jamais battue, je crois. Je sais que je les ai tués, un par un. Je sais que j'ai ri. Je sais que j'ai foncé sur Inocentus et qu'il a ri plus fort encore. Et puis j'ai senti l'épée me transpercer le dos ; je l'ai vue sortir de mon ventre avec un geyser de sang. C'est Azonips qui m'a fait ça. Inocentus et Azonips ont gâché ma mort.
Je les hais.

C'est pour cela que je souffre. C'est pour cela que je n'ai pas rejoint le repos auquel j'avais droit. Ces pensées m'obsèdent, m'envahissent. Je me répète ces phrase inlassablement, sur un ton toujours plus grondant. C'est leur faute. C'est leur faute. C'est LEUR faute ! C'est une vérité. Ce sera sans doute la seule à laquelle je pourrai jamais croire, maintenant... et elle fait grandir ma haine. Bientôt une autre vérité se nourrit de cette haine, croît grâce à elle.

Vengeance.

Oui, elle se présente à moi. C'est très logique, en soi. Le sang appelle le sang. Je suis morte dans la haine, et trahie ; la trahison appelle à la vengeance. C'est normal. Évident. Je ne connaîtrai jamais le repos tant que je ne serai pas vengée. Tant que je ne ME serais pas vengée. Et même, le repos ne compte plus – je m'en moque maintenant. Seule la vengeance compte. Elle m'obsède. Je ne me souviens pas de mon nom, de qui je suis, d'où je viens, mais je sais que je dois leur faire payer. Mais comment, si je suis morte... non, c'est trop bête !

Cela ne peut pas se finir comme ça.

Je dois me venger.

Je les hais.

Je les hais !

JE ! LES ! HAIS !


***

Ils cheminaient depuis une heure déjà. La pluie battante ne les incommodait guère. Les deux Réprouvés, l'un jouant avec une épée flamboyante, l'autre avec le corps d'une femme sur l'épaule, étaient d'excellente humeur ; et c'est en blaguant joyeusement qu'ils cheminaient. Des plaisanteries paillardes à propos de leur trouvaille. Une claque sur ses froides fesses ponctuait régulièrement leurs rires, qui redoublaient pour le coup. Ils profanaient ce corps déjà foulé aux pieds et s'en riaient. Après tout, plus rien ne leur était sacré... ils avaient vu pire.
Ils se mirent à projeter ce qu'ils feraient de cette damoiselle une fois portée au Glas.

« On va la r'lever, pour sûr ; disait Merryl en remettant sa mâchoire.

— Ouais. Et ensuite, on lui indiquera le bureau de recrutement le plus proche.

— Pourquoi ? Elle ferait très bien l'affaire pour nettoyer ma maison !

— Comme si tu te souciais de la poussière chez toi... tu te plais même à dire que c'est elle qui la rend habitable et
tu as tué l'esclave Humaine qui a nettoyé ton lit ! »

Là-dessus ils riaient, et repartaient sur d'autres projets. Ils la rendraient aux autorités, ou la garderaient morte – pour décorer la chambre – ; ils la vendraient à un membre de la Société Royale des Apothicaires ou ils la mangeraient purement et simplement. Ils la démembreraient eux-mêmes et se serviraient des parties pour tout et n'importe quoi... cette proposition fit redoubler leur hilarité et ils la retinrent. Et tout en braillant allègrement au propos des outils qu'ils utiliseraient pour la découper en tranches, ils ne remarquèrent pas que l'air autour d'eux se faisait plus pesant. Plus lourd de quelque chose d'intangible, mais de palpable.

De la haine.

***

Je ne veux pas mourir.

Mais c'est déjà fait. Pourtant je DOIS me venger. Leur faire payer le prix de leur trahison. Je dois m'accrocher à cette idée... me hisser... m'extraire de ce voile qui obstrue mes sens. Relève-toi. Allez. Allez ! Bon sang, vas-tu te relever ! Tu es plus forte que cela ; plus forte que ces ignobles chiens. Ils doivent payer le prix, tu entends ? Ils le paieront, et pour ça tu vas te lever. Dépêche-toi.

Lève-toi !

Je vois une lumière. Enfin je ne la vois pas ; je l'entrevois. La seule chose tangible que je peux trouver. Elle grandit. Grandit. M'enveloppe – plus que ça ; elle me pénètre. Et je me laisse envahir... c'est mon espoir. Ma volonté est forte. Je suis forte. Et ils vont... PAYER !

Je hurle ma haine et j'ouvre les yeux.

Je vis !

***

« RHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGHHHHHH !! »

Merryl et Murdock – l'autre Réprouvé s'appelait Murdock – se figèrent et se regardèrent, stupéfaits. Ce hurlement de douleur et de rage... d'où venait-il ? Quelle affreuse bête avait pu émettre un son si rauque, si étranglé, si... terrifiant ? Merryl s'apprêta à le demander... et fut brutalement interrompu par une violente douleur dans les côtes. Il tomba à genoux, et la masse inerte sur son dos tomba... pour se réceptionner sur ses deux pieds. Les deux Morts-Vivants restèrent interdits. Ils venaient d'assister à une chose qu'ils n'auraient jamais cru possible : la morte venait de se lever sans avoir été réanimée par qui que ce fût. De son propre chef.
Ils restèrent tous trois un moment immobiles. L'ex-cadavre ne les regardait pas : elle était certes sur ses deux pieds, mais avait le bas du corps vers la terre. Au bout de ce qui sembla être une éternité, Murdock aida Merryl à se redresser et tenta d'approcher la femme, voir si elle n'était pas morte. Il avait l'épée flamboyante à la main, s'agrippant à elle comme si sa vie en dépendait. Il n'avait pas tort.
La nouvelle « deux-fois née » se redressa d'un coup, et se jeta sur lui sans qu'il eût le temps de comprendre ce qui se passait. Il fut envoyé à terre et l'épée s'échappa de sa main... pour rejoindre celle de son assaillante. La lame de feu siffla et lui faucha la tête. Et puis elle fut projetée vers l'autre Réprouvé pour se ficher dans son front. Le crâne fut instantanément réduit en cendres. Tout cela sans un cri, sans une riposte ; l'événement s'était terminé aussi vite qu'il était advenu.

***

Qui suis-je ?

Je ne sais pas. J'ai oublié mon nom.

Ne puis-je pas m'en souvenir ?

J'essaie... l'effort est douloureux. Je viens de me réveiller, je ne sais pas encore tout à fait... consciente. J'ai mal, mal... oh, ma tête...

Qui suis-je ?

Un nom me vient spontanément. Je ne sais pas s'il est mien, mais je le prends. Je m'appelle désormais Eidaj. Eidaj Nerdlaf. Je dois m'y accrocher... me forger un nouveau « moi » grâce à lui.

Bien. Où suis-je ?

Lordaeron. Ça, j'en suis certaine. Mon cœur me le crie sans que j'aie besoin de le demander. Pourquoi me poser la quest...

Quel est mon but ?

La vengeance. Je dois me venger. Je suis revenue pour leur faire payer. Inocentus et Azonips. Je ne sais pas où ni qui ils sont, mais je les ha...

Pourquoi ?

Parce qu'ils ont gâché ma mort et trahi ma confiance. Je ne sais plus comment. Je les...

Qui étaient ces deux cadavres ? Pourquoi les avoir tués ?

Je ne sais pas. Je les hais eux aussi ; je ne sais pas pourquoi mais ils devaient mour...

Crois-je en quelque chose ?

Je... oui. Je ne sais pas ce que c'est, mais je crois en la Lumière.

Où vais-je ?

Je ne sais pas... ooh... ma tête... elle explose... j'ai si mal. Je veux... dormir... juste un instant...

Non. Où vais-je ?

Par pitié... juste un petit instant... je veux juste me reposer ; je promets de me mettre en route... quand ça ira mieux.

Non. Je repartirais. Il ne faut pas et je ne me laisserai pas faire. Où vais-je ?

Je... ne sais pas.

À Brill.

Suis-je sûre ?

Oui.

Alors je marche.
Jadie
Jadie
Modérateur
Modérateur

Messages : 128

Revenir en haut Aller en bas

La Vierge de Vengeance. Empty Re: La Vierge de Vengeance.

Message  Aarseth Laëron Dim 15 Avr - 7:41

*____________________________________________________*

C'est juste merveilleux.
Aarseth Laëron
Aarseth Laëron
Pipelette
Pipelette

Messages : 125

http://wolfheart.skyblog.com

Revenir en haut Aller en bas

La Vierge de Vengeance. Empty Re: La Vierge de Vengeance.

Message  Ireese Dim 15 Avr - 11:47

Oooooh ! J'aime ! Very Happy
Ireese
Ireese
Timide
Timide

Messages : 43

Revenir en haut Aller en bas

La Vierge de Vengeance. Empty Re: La Vierge de Vengeance.

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum