Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -55%
Friteuse sans huile – PHILIPS – Airfryer ...
Voir le deal
49.99 €

Wrath of the Lich Prince - Odyssée au Norfendre

Aller en bas

Wrath of the Lich Prince - Odyssée au Norfendre Empty Wrath of the Lich Prince - Odyssée au Norfendre

Message  Taltos Queen Jeu 26 Juil - 20:42

Wrath of the Lich Prince : Chapitre I - To Death, to Northrend.



L'angoisse et la peur avaient envahi le coeur de Markar. Il avait échoué...il avait tenu pendant des années, mais c'était fini. L'horreur qui avait détruit sa vie avait désormais pris son corps, et s'apprêtait à détruire tout ce qui restait. C'était fini. Le monde était mort. Il n'y avait plus rien à faire d'autre qu'attendre.

Le groupe de bandits franchit la Porte des Ténèbres à toute vitesse, sans laisser le temps aux factionnaires de poser la moindre question. Markar avait déjà parcouru bien du chemin dans le désert des Flammes Infernales, mais il était encore visible. Une Paladine portant les couleurs de la Croisade Ecarlate fonça sans hésiter à la tête du groupe, ivre de rage, et persuadée qu'elle dirigeait une armée pour abattre un monstre. En réalité, elle dirigeait une troupe de criminels qui voulait casser la gueule à un traître véreux, ou obéissait aux ordres à contrecoeur, ou avec jem'enfoutisme pour certains. Toutefois, ils suivaient tous sans discuter, déterminé à attraper Markar et à le saigner à blanc.

"-Le chat! Prend de l'avance et suis sa piste! il ne s'échappera PAS!, beugla la Paladine à l'adresse d'une Elfe aux cheveux hirsutes, vêtue de fourrures puantes.
-Bien, Maîtresse."

Celle-ci sauta en avant avec un cri bestial, tandis que son corps semblait s'effacer et changer, et s'envola vers l'ouest sous la forme d'un grand oiseau noir.

"Tous les autres, chargez!!!"

Les bandits s'exécutèrent avec des cris de guerre disparates et effrayants, même si certains restèrent de silencieux, ou encore tremblaient, agités par la peur.

La course fut très longue. Le démoniste faisait tout pour les distancer et leur rendre la tâche difficile, mais l'oeil du corbeau le rattrapait toujours, et bien que les bandits avaient déjà perdu Markar de vue depuis longtemps quand ils posèrent le pied dans la Vallée d'Ombrelune, ils pouvaient suivre le corbeau noir. Ils étaient tous exténués par la poursuite, et en sueur, la course ayant duré plusieurs jours, avec des repos de trente minutes de temps en temps, quand faire un autre pas semblait physiquement impossible. Le démoniste qu'ils pourchassaient maintenait son allure en se pressant, semblait-il, et son endurance était inhumaine, mais ils parvinrent à lui coller au train. Après un ou deux kilomètres dans la Vallée, le corbeau redescendit vers le groupe, et redevint une sauvageonne.

"-Ce vieux squelette s'est arrêté. Je ne sais pas comment il a fait, mais il a escaladé la montagne là-bas avec une rapidité surprenante., dit l'Elfe d'une voix éreintée."

Cette nouvelle apporta un baume de soulagement, ainsi que d'appréhension dans le groupe : la course folle allait prendre fin, pour être remplacée par un combat acharné....un Worgen borgne, vêtu d'une imposante armure, se dirigea vers la messagère :

"-Laïlaétha...penses-tu être en état de te battre? Tu t'es épuisée bien plus que nous, et après tout, Markar a réussi à tous nous repousser la dernière fois.
-Tu n'as pas envie d'en découdre, Aarseth?, répondit Laïlaétha avec un sourire carnassier, j'ai déjà chassé une proie pendant des mois sans me fatiguer. Ce voyage n'est qu'une promenade, ajouta-t-elle en donnant une petite tape amicale sur l'armure du Worgen.
-Parfaitement!, interrompit la Paladine aux commandes. Et de toute façon la Vallée d'Ombrelune ne conduit nulle part, il ne pourra pas nous échapper. Que tout le monde se tienne prêt au combat! Si vous avez moyen de voler, partagez avec les autres! Cet hérétique est monté par des voies démoniaques et impies, nous ne pourrons pas faire le même chemin à pied. Que les anciens chiens du Fléau prennent tous quelqu'un en croupe de leurs invocations impies, ajouta-t-elle en grognant..."

Les neuf Confrères se concertèrent, et bien vite un jeune mage qui n'avait pas de moyen de voler ou de personne pour l'emmener se retrouva isolé.....

"-Euh..je...on dirait que je peux pas venir, pas vrai? Dommage, euh...ce sera pour une autre fois hein!, fit-il en bégayant.
-Le chat, tu porteras Artus dans tes serres, rétorqua la Paladine sans tourner la tête.
-Bien, Maîtresse.
-Quoi mais...!!!?? AAAAAAAAHHHHHH!!!!!!"

Laïlaétha, redevenue un corbeau, emportait déjà le jeune Artus Frozensteam sans lui demander son avis. Tous étaient prêts au départ, et prirent leur envol, sous les yeux de Markar, tranquillement assis au sommet de la Main de Gul'Dan.

Markar pouvait voir tout ce qui se passait, même s'il ne pouvait rien faire. Son corps était très vieux, et il avait subi de lourdes blessures, mais il avançait pourtant à toute allure sous l'emprise de son parasite. Il s'était débattu comme un diable dans sa tête pour reprendre le contrôle, mais l'autre en était un de diable...il ne put rien faire, et était désormais forcé de regarder les Confrères qu'ils avaient échoué à protéger voler à la mort. C'étaient des criminels sans lois, mais ils étaient des compagnons...aujourd'hui, ils allaient mourir. Par sa faute. Ils les avaient tous tués...

Les neuf compagnons se posèrent dans une crevasse confinée dans le volcan. Markar les attendait là, assis en tailleur, en leur envoyant un sourire cruel et malicieux. La Paladine s'avança lentement, cherchant à faire quelques effets de style avec sa cape, afin de l'impressionner, mais son visage ne changea pas d'un pouce.

"Jadie....vous avez mis le temps, dit enfin Markar, d'une voix éthérée et erraillée.
-La ferme, hérétique! Nous allons te purger, toi et tes mensonges! La félonie a un prix!"

Spoiler:

Markar répondit par un sourire arrogant, et se releva, prêt pour l'affrontement. La crevasse était étroite, et les Confrères comprirent que Markar avait choisi son endroit pour éviter de se faire encercler. La dernière fois qu'ils l'avaient affronté, il avait pu les repousser un à un à la chaîne...chaque Confrère serra le poing, déterminé à ce que ce soit différent cette fois-ci. Jadie Faldren, la Paladine qui avait mené le groupe, se recula au milieu de ses combattants, préférant les laisser avoir leur part de gloire et s'adressa à une Elfe borgne en armure noire, doté d'une lame runique :

"-Ainarïel, montre-moi tes progrès. Je veux savoir si j'ai gaspillé mon temps, ordonna-t-elle sèchement.
-A vos ordres!"

Ainarïel, animée de la force impie des Chevaliers de la Mort, chargea vers Markar avec un hurlement, cherchant à se donner du courage. Le regard de celui-ci fut envahi par une cruauté glaciale, et un Marcheur du Vide imposant apparut pour s'interposer. Ne ralentissant qu'un peu sa course, Ainarïel le découpa à puissants coups d'épée et s'abattit sur le démoniste avant que l'invocation puisse agir. Markar grogna, et un feu glacé l'entoura, cherchant à se saisir de l'Elfe. Ignorant la menace, elle se laissa lécher par les flammes afin de plonger sa lame dans le corps de son ennemi. Il encaissa l'éventration avec un mépris agacé, et envoya un coup de poignard vers le visage d'Ainarïel, qui commençait à subir la douleur des flammes. Ne s'attendant pas à cette réaction, elle n'esquiva que de peu et fut forcée de faire un bond en arrière, en se débarrassant des brasiers qui avaient pris sur son armure. Markar eu un rire moqueur, et ne semblait absolument pas gêné par la fente percée dans son abdomen. L'affrontement continua ainsi, Ainarïel ne parvenant à s'approcher qu'au prix de quelques blessures, et Markar se riant des terribles coups qu'elle lui portait. L'Elfe finit par reculer vraiment vers ses compagnons, trop blessée pour continuer cet impossible combat.

"-Pardonnez ma faiblesse..., gémit-elle à l'égard de Jadie.
-La faiblesse, c'est de s'en excuser!! Tu as fait des progrès, mais pas assez pour lui. Le chat, vas-y.
-Grrrrrrrrrrrrrrr! Oui!, fit Laïlaétha avec un hurlement sauvage."

Markar n'eut pas le temps d'esquisser un mouvement qu'un tigre noir énorme était sur lui, griffes et crocs dehors. Laïlaétha se saisit de son bras, et sa morsure aurait arraché le bras d'un homme normal. Mais ce qu'était devenu Markar était tout sauf normal. Le félin était lui-même résistant, et des blessures phénoménales ne l'endommageaient pas plus que ça, mais Markar se riait tout autant des déchirures qui parcouraient son corps et sa robe noire. Laïlaétha se battait bien, mais elle ne sut faire face au nombre de démons que Markar déchaînait sur elle. Aarseth, le Worgen, qui avait eu l'Elfe sauvage pour amante un certain nombre de fois, chargea les démons pour l'aider, tandis qu'une autre Darnassienne, belle et grâcieuse, elle, mais ayant également partagé la couche du chat, s'efforçait de les protéger et de les soutenir par de puissants sorts lunaires. Le trio formait une excellente formation, mais les pouvoirs de Markar étaient formidables, et il ne se décidait pas à montrer le moindre signe de faiblesse malgré ses blessures de plus en plus importantes. Après avoir blessé Aarseth aux jambes pour qu'il ne puisse plus bouger son armure, et sonné Laïlaétha suffisamment pour l'empêcher de bouger, il envoya une furieuse décharge télépathique à la prêtresse désemparée, qui s'effondra en hurlant après avoir opposé une puissante résistance.

"-Bien...c'est plus rapide quand vous venez à plusieurs, se moqua Markar.
-Connard..., souffla Laïlaétha,...tu as fait exprès de nous laisser te rattraper...tu aurais pu m'échapper facilement, je le sais....
-Bien sûr que je vous ai laissé faire. Je ne voulais pas manquer l'occasion de vous tuer moi-même, et puis, quelques âmes supplémentaires ne seront pas de trop pour ouvrir la Porte...
-Humpf! Qu'est-ce que c'est que cette hérésie de Porte, démon?! dit Jadie d'un ton aigre. Voir ses combattants se faire vaincre à la suite par un vieillard la mettait dans une rage bouillante.
-Quand vous m'avez indiqué les catacombes de Gilnéas comme chambre, j'y ai eu beaucoup de temps libre....comment croyez-vous que j'ai pu envoyer autant de succubes aussi vite pour assassiner le Baron? Oh, bien sûr ce n'est encore pas grand-chose....mais ce sera beaucoup mieux une fois que j'aurais ouvert l'autre côté ici. Mes maîtres sont mécontents de l'emplacement actuel de la Porte des Ténèbres...je me suis dit qu'une nouvelle leur ferait plaisir. Vous pensez que Gilnéas leur plaira?
-Gilnéas....fit une autre Elfe en armure noire, bien différente d'Ainarïel,...il nous a attirés ici volontairement! Il voulait que nous soyons loin de l'autre Porte!!
-C'est tout à fait ça, Barkalya. C'est que ça peut être fragile ces choses-là...."

Les Confrères encore capables d'écouter ce qui se passait serrèrent les poings, en tout particulier Aarseth, dont le fils était là-bas. Il voulut se lever et partir prestement pour aller sauver, désespéré à l'idée qu'il lui arrive quelque choses, mais ses blessures étaient trop importantes pour qu'il porte son armure, et il ne put que ramper.
Markar éclata de rire et toisa les membres restants du regard. Il n'y avait plus que Jadie, Barkalya, Artus, ainsi que l'Elfe guerrier Scylla à lui faire face. Plus que quatre opposants, sans compter les quatre imbéciles qu'il avait déjà vaincus...une minute...ils étaient arrivés à neuf??!!

-Tu débites trop, imbécile. Ce n'est pas comme ça qu'un démoniste se bat.

Le dernier des confrères, Gigodeen Flynt, se tenait derrière Markar, s'étant dissimulé dans les ombres pendant la bataille, et avait préparé ses sorts pour sceller toute la puissance de l'indomptable vieillard pendant les derniers combats. Celui-ci grogna :

"-Je ne peux plus bouger!!
-Evidemment que tu ne peux plus bouger..., fit Gigodeen en riant de la surprise de Markar.
-Parfait!!, dit Jadie d'un ton victorieux, Artus! Prouve que tu es un homme pour une fois, et finit-le!!
-Mais...!! Mais il ne fait pas ça volontairement! Markar est possédé par un démon je vous dis! Nous pouvons l'aider!
-SILENCE! Il a été trop faible pour résister, et la faiblesse est l'apanage des impies! TUE, te dis-je!"

Artus s'avança à pas bredouillants vers Markar, toujours paralysé, une dague effilée à la main, et le visage inondé de larmes. Il ne voulait pas faire ça, il voulait éviter ça à tout prix....mais c'est vrai qu'il y avait plus aucun autre choix...il s'arrêta devant Markar, incapable de bouger.

"-Dépêche-toi, crétin, je ne vais pas le tenir cinq-cent ans, aboya Gigodeen.
-Markar....désolé....je n'ai pas réussi...., dit Artus, tremblant, en levant son arme.
-Ne t'en fais donc pas tant que ça pour moi, Artus, dit Markar en se saisissant du poignet et de la gorge du mage, son démoniaque sourire revenu sur ses lèvres noires.
-Impossible!!!, fit Gigodeen, surpris de l'inefficacité de son sort. Ca aurait du prendre ton âme!!
-Contrairement à toi, je ne suis pas une âme fragile, même si j'admets que retourner ton sort contre toi a été un peu long."

Markar, soulevant de la main gauche un Artus en larmes comme s'il était une poupée de chiffons, fit jaillir de sa main droite un torrent de flammes sur un Gigodeen paralysé et désemparé. Celui-ci avait lui-même son lot de bénédictions maudites et de renforts démoniaques et infernaux dans le corps, mais ça ne put que lui sauver de peu la vie. Quand le torrent s'estompa, il s'effondra aux pieds de Markar, vaincu. Voulant profiter de son ouverture momentané, Scylla fonça pour sauver Artus pendant que c'était possible.

-Tu veux rejoindre Artus dans la mort? fit Markar, volez-y!!

Markar lança Artus contre l'Elfe avec une force infernale qui les projeta au bord de la crevasse. Scylla s'efforça de stopper leur mouvement, mais fut projeté dans le vide....un bruit d'ossements brisés fit grimacer et serrer les dents aux Confrères encore conscients. Artus avait presque été étranglé par la poigne du démoniste, et s'efforçait de retrouver son souffle, à quatre pattes contre la roche du volcan. Seule Barkalya et Jadie restaient debout, capables de se battre. Cette dernière avait les yeux illuminés de colère, tandis que Barkalya réfléchissait à l'attitude lui apportant les meilleures chances de survie. Elle déduisit que de toute façon, Jadie la ferait pourchasser si elle fuyait, ce qui était une perspective plus terrifiante que la mort elle-même.

"-Très bien....puisqu'ils ont été incapables de t'abattre, je vais me charger de toi moi-même, en son Saint Nom! Tu vas connaître Son Saint Jugement, traître!, dit Jadie en tirant sa lame et son bouclier, Béni soit-il, l'homme de bonne volonté, qui, au nom de la Sainte Lumière, se fait le bourreau de l'impie qu'il occit d'une main ferme et assurée.
J'abattrai alors mon bras d'une terrible colère, d'une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes damnées qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de la Sainte Lumière. Et tu connaîtras pourquoi je suis Son envoyée, quand s'abattra sur toi la vengeance de la Toute-Puissante! Ainsi soit-il!
"

Jadie chargea Markar en continuant ses imprécations religieuses, tandis que Barkalya avançait en restant soigneusement derrière la Croisée, espérant un peu que celle-ci serait dessoudée par leur ennemi.

-"Que me craignent les incroyants, les démons et les morts-vivants – car je suis Son jugement, envoyé pour purger la damnation de ces terres. Pour la Croisade et la Lumière!
-Que vienne donc la Lumière, je n'aurai pas à aller la chercher pour l'étrangler comme une chienne bâtarde..."

Jadie abattit un furieux coup d'épée que Markar dévia à l'aide d'un bouclier d'ombre. La lame de Jadie heurta une paroi de la montagne et fit jaillir une pluie d'étincelles, que Jadie fit se répandre en fonçant vers son adversaire, bouclier en avant, l'épée laissant une marque dans la roche chauffée au rouge. Barkalya tenta une feinte sur le côté, voyant que le démoniste avait porté son attention sur la Croisée, mais celui-ci se protégea avec son bras. Celui-ci tomba au sol avec un bruit mat, mais Markar avait évité que ce ne soit sa tête qui tombe. Avant qu'il ne puisse repousser l'Elfe, Jadie l'atteignit d'un lourd coup de bouclier dans le visage, et plongea son épée flamboyante dans ses flancs. Sa victime hurla de douleur cette fois-ci, férocement irritée par la Lumière, et rétorqua le visage déformé par la fureur par une vague de flammes noires plus forte que toutes les précédentes. Barkalya eut le temps d'observer que le démoniste était désormais en sueur avant d'être soufflée au loin, n'ayant d'autre défense qu'une armure conçue pour parer les attaques bénies, non celles maudites. Jadie se barricada derrière son pavois, chantant des cantiques de protection afin que la Lumière la protège, et résista à la colère de Markar. Celui-ci ne semblait pas plus gêné par ces derniers dommages physiques que par les autres, mais la flamme sacrée de l'épée de la paladine l'avait mis au supplice. Jadie prit cela pour le signe de la victoire :

"-Comprends-tu enfin ta faiblesse, Démon impie? Comprends-tu que rien ne peut résister à la colère de la Sainte Lumière?

Markar pouvait sentir le parasite s'agiter dans son corps, comme jamais il ne l'avait fait en dix ans de présence. Il se dit que la douleur causée par la Lumière devait en être responsable, et tenta une percée vers le contrôle de son corps. Elle fut aussi vaine que les autres, mais le coeur de Markar était quelque peu joyeux de voir la souffrance qui agitait son parasite, et un petit espoir revint en lui. Peut-être qu'il serait vaincu après tout? Peut-être que tous ses Confrères, qui bien que des bandits sans foi ni loi avaient été des compagnons pour lui, toujours solitaire, allaient survivre? Jadie avait toujours manifesté de l'hostilité à son égard, mais cette fois, elle allait peut-être bien le libérer....le parasite eut un nouveau spasme spirituel. Quelque chose d'étrange se passait....

"-Je comprends qu'elle est bien désagréable....j'ai hâte d'en débarrasser ce monde....vous êtes d'une faiblesse dérisoire, mais malheureusement ce corps l'est également. C'est très agaçant d'être dans un corps brisé...allons, meurs donc, vieillard! Tu m'aura donné du fil à retordre!"

Le corps de Markar fut pris de convulsions horrifiantes, faisant lever un sourcil à Jadie. Des centaines de blessures s'ouvrirent en même temps dans son corps décharné et à moitié mis en pièces, et son deuxième bras tomba comme un bout de pâte à modeler. De toutes ces tortures sanguinolentes, une vapeur noire suintait, ravageant horriblement le corps de Markar. Un vent noir puissant et puant souffla vers Jadie, qui le repoussa grâce à ses cantiques, et prit de la consistance en fonçant vers Artus, toujours à quatre pattes.

-"Tu es le plus faaaaaaaaaible ici...., souffla une voix désincarnée, tu sera bon comme hôte temporaire.
-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHH!!!!!!!!!!!

Artus avait hurlé, non pas devant le vent de mort puant qui l'avait chargé comme un esprit malfaisant, mais devant le dos de Markar, apparu devant lui par téléportation, couvert de sang et de saletés, une flamme horrible en train de lui fouiller le ventre. Le démoniste avait perdu la sombre lueur qui faisait pétiller ses yeux depuis le début, et il répandit sans un mot des flammes puissantes dans la petite tempête qui lui avait percé le ventre. Le voix désincarnée hurla, puis la tornade maléfique s'enfuit de ses entrailles, et s'éleva au-dessus des Confrères abattus.

"-Je suis le Prince-Liche, pauvres ignorants! Quand j'aurais fait de votre terre un enfer, vous craindrez tout de même ma fureur, car la région du Néant que je vous réserve sera pire!"

Sur ces mots, la tornade s'évanouit sans laisser de traces, et le bruit du corps de Markar tombant au sol fut la seule chose à briser le silence. Les Confrères se rassemblèrent autour de lui sans rien dire, sachant que c'était désormais le véritable Markar qui les observait. Il utilisa ses dernières forces pour lancer un petit médaillon étrange à Laïlaétha, qui l'attrapa par réflexe, sans comprendre.

"-Prends ça, je veux que ce soit toi qui l'ait, Laïlaétha", dit-il entre deux crachats de sang.

Celui-ci sourit faiblement, content d'avoir sauvé ses camarades, et prononça ces derniers mots, qui restèrent éternellement dans leur mémoire :

"-Jadie...vous tous... et toi Artus... même si je suis un bon a rien... Même si... le sang d'un démon coule en moi... merci *se met à pleurer*... de m'avoir aimé."

Il lâcha quelques larmes, ferma les yeux, puis mourut. Tous restèrent silencieux, incrédules, comprenant tous en même temps sans un mot ce qui c'était passé. Même Jadie, incrédule, avait abandonné son air de fanatisme furieux et regardait le cadavre gravement. Laïlaétha regardait l'intérieur du médaillon, où se trouvait une petite image peinte avec précision d'un Markar de trente ans, d'une femme ni belle ni moche, d'un adolescent et d'un petit garçon. Elle ne comprenait pas pourquoi Markar lui avait laissé ça, ne sachant pas que cette image représentait une famille. Jadie ordonna aux Confrères de rentrer chez eux, sans accepter la moindre objection, et ils finirent tous par obéir. Elle resta un long moment devant le corps, à ressasser ses pensées, et le respect qu'elle avait fini par gagner pour un hérétique après des années de collaboration forcée avec lui, puis le prit sur son épaule et l'emporta sans un mot.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Spoiler:

La vie de la Confrérie de bandits, la Part des Anges, reprit son cours. Les amis de Laïlaétha lui expliquèrent ce que signifiait le médaillon, et elle comprit confusément que Markar le lui avait donné parce qu'elle était la seule à ne l'avoir connu que comme un monstre. Markar et Scylla furent enterrés en secret à Gilnéas, dans le grand cimetière de la ville, et les Confrères assistèrent tous à la cérémonie. Un jeune homme étrange se présenta à l'enterrement, manifestement un Chevalier de la Mort, et affirma s'appeler Girimor. Laïlaétha le reconnut comme le fils de Markar, présent sur la photo. Celui-ci était venu, d'on ne sait où, sachant où se trouvait son père, afin de rejoindre la Confrérie, et d'être digne de la place que son père y avait occupé.

Quelques semaines après la mort de Markar à la Main de Gul'Dan, Jadie la Paladine commença à faire des rêves étranges la ramenant à la Guerre du Trône de Glace et au massacre de ses compagnons de l'Assaut Ecarlate. Elle avait combattu là-bas aux côtés de six autres Croisées, qui à ses côtés avaient toutes été ordonnées Saintes...il y avait la Chasseresse, Eurelie, qui transformait les forêts et les montagnes en pièges géants pour hérétiques....la Tueuse, Vieley, plus mystérieuse que tout, et encore plus douée que Jadie elle-même pour les interrogatoires...la Magicienne, Telescia, dont l'esprit était plus mécanique qu'humain, et qui voulait comprendre la nature précise et physique de la Lumière...la Guerrière, Hildegarde, véritable mastodonte armée de deux claymores à deux mains, et plus forte physiquement qu'un Vrykul mâle....la Martyre, Naztrix, prophétesse énigmatique, au corps torturé et aux yeux brûlés, inquiétante et sombre, et combattant leurs ennemis avec leurs propres armes...la plupart de ses blessures venaient de ses auto-flagellations...et enfin, il y avait Iulie, Sainte parmi les Saintes, une jeune fille charmante d'une compassion profonde, si étrange au sein de la Croisade Ecarlate, et si amoureuse de la Lumière....

Le simple souvenir de ses Soeurs, disparues pendant la bataille de la Couronne de Glace, lui faisait monter les larmes aux yeux. Elle avait été dévastée par leur mort. Complètement. Le Baron l'avait ramenée à la dignité qu'elle possédait désormais, et elle était redevenue elle-même en dépit de ses déboires, mais elle n'avait jamais pu les oublier....pourquoi?? POURQUOI ces rêves obsédants revenaient-il maintenant??! La nostalgie et l'amertume commencèrent à l'envahir peu à peu...elle sentait les regards de ses Confrères, se demandant pourquoi elle était si peu énergique et colérique tout d'un coup, ou en fomentant des rébellions profitant de sa faiblesse....Ca ne pouvait plus durer. Ses Soeurs...elles étaient tout. Seule la Lumière comptait plus pour elle. Elle ne pouvait pas rester comme ça, sans savoir...c'était trop insupportable.

Journée ordinaire à Gilnéas, un nouveau membre venait d'être intronisé dans la guilde. Les Confrères s'apprêtaient à partir après la cérémonie, mais Jadie ouvrit la voix :

"-Veuillez rester ici un instant, mes Confrères. J'ai une annonce importante à vous faire, alors écoutez pour une fois!"

La Part des Anges s'arrêta et les Confrères revinrent en bougonnant, frustrés d'être retenus plus longtemps par leur supérieure insupportable.

"-Une mission de toute urgence m'a été assignée au Norfendre par ma Supérieure, la Grande Inquisitrice de Son Saint Monastère. Cette mission sera probablement longue, très longue, et je ne serai pas en mesure de vous diriger pendant cette période. Le Baron étant toujours alité, Aarseth se chargera de commander la Confrérie pendant mon absence. Tu as intérêt à être féroce!
-Je saurais être ferme, ma Dame, répondit Aarseth avec une pointe de mécontentement. Il n'aime pas diriger, et sait parfois apprécier Jadie.
-Je veux que l'Ordre règne comme si j'étais parmi vous! Je veux retrouver la Confrérie dans l'état où je l'ai laissée en partant! Cette mission étant dangereuse, et gourmande en tracas, Laïlaétha et Ainarïel, qui sont des servantes obéissantes, m'accompagneront. Aucune question. Déguerpissez maintenant! Les deux myrtilles, restez avec moi. Cet ordre vaut pour toute la durée de la mission, sauf si je vous dis l'inverse.

Les deux Elfes étaient effectivement fortement soumises à l'autorité de Jadie (ce qui était la seule raison pour laquelle Jadie s'imposait la présence d'un Chevalier de la Mort dans un voyage pour retrouver ses camarades) et obéirent à la lettre. Jadie leur parla de ses Soeurs, et des buts réels de son voyage. Les deux Elfes écoutèrent en silence, toutes deux prêtes à suivre Jadie jusqu'au bout du monde. Quand Jadie eut fini d'expliquer ce qu'elle voulait faire, Ainarïel demanda quelle serait leur première destination. Sa Maîtresse répondit :

"-Nous allons à la mort. Au Norfendre."

A SUIVRE
Taltos Queen
Taltos Queen
VIP
VIP

Messages : 242

Revenir en haut Aller en bas

Wrath of the Lich Prince - Odyssée au Norfendre Empty Re: Wrath of the Lich Prince - Odyssée au Norfendre

Message  Taltos Queen Dim 12 Aoû - 21:17

Wrath of the Lich Prince : Chapitre II - Across the Walrus Seas


J'ouvris mollement les yeux, sachant que pour une fois, il n'y avait pas trop de danger, et étirai mes pattes avant, puis me levai. Les traversées en bateau ne me valaient la plupart du temps, mais l'air de plus en plus froid au fur et à mesure que l'on se rapprochait du Norfendre me revigorait, et je me sentais d'humeur à se balader sur le pont.

La Maîtresse était accoudée à la balustrade, comme toujours depuis une vingtaine de jours, et contemplait la mer avec un regard assez inhabituel, plus calme que d'ordinaire. Je m'approchai sans rien dire et m'accoudai avec elle, l'observant un peu, puis me mis également à regarder la mer. C'est vrai que c'était apaisant quand on ne rendait pas ses tripes. La Maîtresse ne semblait pas avoir remarqué ma présence, ou tout du moins elle n'était pas en train de chercher une idée pour me crier dessus, et j'en profitai pour vraiment la regarder. Le calme lui allait bien, même si je savais que les rictus sadiques la caractérisaient mieux. J'avais déjà vu ce regard quelque fois, récemment quand elle regardait au nord à l'observatoire, après les intronisations, ou quand elle m'a amenée chez elle pour faire les préparatifs et me parler de ses Soeurs. Ses Soeurs...oui c'est probablement à ça qu'elle pensait...elle me les avait décrites en long et en large ce jour-là. Je me les remettais en mémoire...elles avaient l'air de femmes très intéressantes....les paroles de la Maîtresse me trottaient dans la tête...

"-Les Soeurs étaient mes compagnes à la guerre, mais elles étaient également des amies de longue date. Nous sommes toutes arrivées au Monastère Ecarlate à peu près en même temps, quand nous étions petites, après la Troisième Guerre. Nous sommes toutes des femmes très différentes, mais quelque chose de commun nous relient : un Foi indéfectible en sa Sainte Grâce, et une Loyauté éternelle envers sa Sainte Croisade. Nous avons été séparées pendant plusieurs années, quatre ou cinq ans après notre vie commune d'apprentissage au Monastère, puis nous nous sommes retrouvées il y a trois ou quatre ans, à la Nouvelle-Avalon, où nous avons combattu les immondes Chevaliers impies d'Achérus, et où nous sommes parties au sein de l'Assaut, vers le Norfendre. Il faut que tu saches, Laïlaétha, que chaque Soeur était une experte et une référence en son domaine, et que nos exploits offerts à sa Sainte Gloire nous ont valus à chacune le titre de Sainte, même Naztrix, qui l'a reçu en tant que Martyre.
-Toutes des femmes de votre trempe alors? J'espère que vos rêves ne sont pas que des réminiscences douloureuses...j'aimerais beaucoup les rencontrer et discuter avec elles.
-Ha! J'imagine que certaines d'entre elles te trouveront intéressantes! Oui...oui après tout quand j'y pense. Vieley était la meilleure assassine de la Sainte Croisade, et une espionne de première ordre. Nous n'avons vraiment pas la même façon de combattre elle et moi...mais je pense qu'elle méritait beaucoup mieux que le mépris réservé habituellement aux agents secrets, même s'ils vont jusqu'au bout pour servir la Sainte Lumière. C'est un magnifique acte de dévotion que de renoncer à la gloire des champs de bataille pour sa Grâce, même si Ses Saints Croisés se doivent d'être avant tout des soldats d'élite. Quand elle était petite, elle passait son temps à observer les chats, et à leur courir après pour tenter de les saisir...elle m'a dit qu'elle faisait déjà ça, haute comme trois pommes, dans les égouts de Hurlevent. Au bout de quelques années elle y est parvenue, la Lumière seule sait comment, et j'imagine qu'une petite course avec toi lui plairait. C'est ça qui lui a valu une discrétion et des réflexes si formidables. Elle était très silencieuse et secrète, mais je sais qu'elle a toujours aimé m'impressionner avec ça...
-Elle attrape peut-être les chats de gouttière, mais je suis plus coriace que ça! Et puis il ne suffit pas de me passer les mains autour de la taille pour me capturer!
-Humpf! Ne présume pas des talents de Soeur Vieley! Eurelie t'aurait sans doute plu également...elle aussi était assez sauvageonne dans son genre, bien que contrairement à toi ce ne soit pas une hérétique bestiale d'une race inférieure, et qu'elle sache se tenir!
-...Pardon, Maîtresse....
-Où en étais-je? Ah oui, Soeur Eurelie. Elle préférait souvent la compagnie de ses mâtins de traque à celles des autres Croisés, à notre exception...si j'ai bien compris, les chiens l'avaient sauvée des loups à Bois-du-Bûcher quand elle était petite. C'est Locksley qui lui a vraiment appris à les faire obéir! J'ai d'ailleurs utilisé un ou deux de ses conseils sur la question sur toi, le chat....ça a été efficace, je dois dire, même si tu as encore progrès à faire en matière d'obéissance."

J'avais baissé la tête à ce moment-là. Je lui avais fait de petites infidélités....mais elle s'est calmée tout de suite quand j'ai glissé ma tête sur ses pieds pour la réchauffer.

"C'était une chasseresse et une tireuse d'élite, elle était incroyable. Je ne l'ai jamais vu manquer la moindre cible. Elle avait une précision visuelle impressionnante, et elle visait toujours sans exception le troisième oeil des horreurs mortes-vivantes que nous fauchions en masse, afin d'être sûre qu'ils ne se relèvent jamais. La voir les abattre était un spectacle grandiose, et le chant de ses balles était un magnifique cantique! Elle connaissait la forêt aussi bien que toi, et les plantes et les animaux semblaient se transformer en pièges pour impies sous ses pas. Crois-moi, on a beau être dans la région la plus dangereuse, la plus sauvage et la plus isolée du monde, si Soeur Eurelie veille sur ton repos, tu dors à poings fermés sans la moindre peur. Si elle était là, je n'aurais peut-être pas autant de problèmes pour te dresser convenablement.
-Me dresser, mmh...mes pensées là-dessus ne sont pas claires. J'essaierai de vous parler de ça en détail plus tard.

-Comme tu voudras, le chat. C'est amusant d'imaginer qu'une sauvage comme toi vienne de parler à l'instant comme Soeur Telescia. Elle était de loin la personne la plus intelligente et cultivée que je connaisse. Tu connais mon aversion pour les hérétiques qui se targuent de titres comme mages, ou arcanistes, et qui ne sont que des pécheurs de plus, mais Soeur Telescia n'était pas pareille. Elle voyait ses "pairs" de Dalaran avec dédain, et contrairement à eux qui n'avaient que des ambitions et des sciences basses et mesquines, elle ne voyait rien d'autre d'utile que la connaissance de l'Univers lui-même. C'est en raisonnant de façon tout à fait avisée qu'elle a compris que seule la Sainte Lumière pouvait lui apporter la véritable sagesse, la véritable connaissance de ce qui est Bon!
-Je déteste la plupart des Mages...ils ne savent pas ce qu'ils font et manipulent le mana en le prenant pour un jouet ou pour un outil, sans comprendre qu'il est quelque chose de vivant. Ces crétins ont provoqué souffrances et catastrophes en masse. Si l'un d'eux venaient à connaître ma...particularité, ils se serviraient déjà de moi comme batterie! Mais je dois dire que l'effort de compréhension de cette Telescia me fait lui pardonner.
-Tu as intérêt, oui! Telescia serait ravie de t'étudier, mais elle traitait tout ce qu'elle faisait avec patience et délicatesse, en cherchant à élever suffisamment son esprit pour comprendre la Lumière. Vaine tentative que cela, Sa Sainte Grâce étant au-delà de la raison, mais c'est la meilleure intention qui soit, et puis de telles recherches peuvent conduire l'esprit sur la voie de la Vraie Foi, pour peu qu'il se laisse porter par Sa Bonté. Je persiste cela dit à penser que la simple et entière communion avec la Lumière, se donnant en offrande, est la seule vraie voie!
-Moi-même, j'aime comprendre, mais je me contente de laisser mon esprit être imprégné...quand on sait simplement ouvrir les yeux, sans vouloir examiner et classifier, la Lumière ne peut manquer de nous frapper avec la plus grande force possible. Il en va de même pour beaucoup de choses d'ailleurs.
-Je partage ton avis sur ce point, le chat....non! C'est TOI qui partage le mien, j'y ai bien plus réfléchi après tout! Quand j'y pense, la plupart des Soeurs ne vivaient pas vraiment leur foi comme moi, à part peut-être Soeur Hildegarde...bien que son avis sur la question soit réellement...brut. Nous partageons notre amour de la Sainte Puissance de la Lumière, et de son écrasante Volonté, mais j'y trouve aussi la Sainte Béatitude de la Gloire qu'elle apportent à ceux qui la connaissent. Soeur Hildegarde se contentait de croire, et de suivre ceux qui se faisaient Ses Messagers. Elle répondait souvent aux interrogations mystiques de Soeur Iulie ou Soeur Telescia en disant "Moi, je crois, et c'est tout".
-C'est un point de vue simple et efficace. J'aime ça, même si j'apprécie d'y penser et d'en discuter.
-Je dois dire que dans l'ensemble, Soeur Hildegarde était toujours "simple et efficace". Elle écrasait nos ennemis sans réfléchir ou calculer, les voyant comme de simples fétus à balayer de la paume! Et c'est qu'elle en avait les moyens! Cette femme rassemble plus de force et de muscles qu'il semble possible dans le corps humain. Je l'ai vu de mes yeux excéder la puissance physique d'un guerrier Vrykul mâle! Elles se battaient avec deux épées gigantesques qu'elle maniait comme des couteaux de cuisine, alors que moi-même j'aurais eu du mal à en soulever une à deux mains!
-Un Vrykul? Qu'est-ce que c'est?
-Des géants stupides et violents, vaguement civilisé, qui vit au Norfendre. Des brutes épaisses et hérétiques, qui sont devenus les disciples impies du Fléau. J'ai vu Soeur Hildegarde détruire un de leurs villages en entier à coups de pieds et de poings! Tu es efficace au combat, le chat, mais ce n'est rien en comparaison. Je me souviens que Soeur Iulie avait pleuré toute la journée, parce qu'elle avait tenté de les convertir et de leur apporter la Lumière, mais n'avait pas réussi...c'était si déchirant de voir Iulie pleurer..."

Je me remémorai son expression de cette longue soirée, alors que nous arrivions en vue de la terre. C'était la première fois que je la voyais. Les expressions de la Maîtresse n'avaient jamais beaucoup varié auparavant, et ça allait de la colère furieuse au dédain méprisant, en passant par les divers sourires cruels dont elle avait le secret. La voir en train de contempler calmement la mer était déjà déroutant, mais ce visage si triste, si sincère pour une fois, et non déformé par des rictus...j'avais réellement été surprise. J'ai même cru voir briller ses yeux, même si elle a bien vite dissimulé son visage. J'aurais bien voulu voir plus de ce visage honnête....mais j'étais un peu inquiète pour elle, puisque je ne comprenais pas l'origine de son trouble :

"--Tout va bien, Maîtresse? Vous avez l'air étrange.
-Oui, le chat, ça va, ce n'est rien...sache que si chacune de mes Soeurs était grande par l'âme, et à l'exception de Naztrix, par la pureté, Iulie....Soeur Iulie était un parangon de bonté et d'innocence. A cause de ses voies douces et tendres, elle se faisait souvent appeler "Lavette!" dans le dos par certains abrutis à qui j'ai appris à montrer du respect envers les condisciples. Cela a tout de même cessé quand elle est revenue d'Outreterre, ou malgré sa candeur et la faiblesse de ses défenses, elle était allée seule pour apporter la Sainte Parole de la Lumière. Elle voulait toujours apporter des messages d'espoir et de paix aux peuples que nous rencontrions, voulait apporter la Lumière et Son Saint Honneur aux races inférieures. Plus que toutes, elle méritait le titre de Sainte, la Messagère de la Lumière, tandis que moi j'en étais la Championne...je dois t'avouer, le chat, que je me sens bien humble dans ma communion avec la Sainte Lumière quand je me rappelle la dévotion de Soeur Iulie. J'ai lu et retenu assez des Saintes Ecritures pour te répondre à chaque parole par une citation, mais elle en connaissait au moins quatre fois plus que moi! Iulie....la simple idée que le mal puisse atteindre et blesser cet ange fait femme me donne envie d'aller abattre le Mal avec les dents, et de le torturer jusqu'à ce qu'il regrette! Soeur Iulie....si je ne devais retrouver qu'une d'entre mes chères Soeurs, je voudrais que ce soit elle, si Immaculée...."

Elle avait à nouveau retrouvée cet air de tristesse sincère que même un Humain aurait pu voir. Je savais depuis longtemps à quoi pouvait vraiment ressembler le coeur de ma Maîtresse....mais c'était la première fois que je la voyais le montrer au jour. Si elle avait eu conscience de son expression, elle se serait sûrement renfrognée tout de suite pour se cacher. Cette fois, j'étais restée silencieuse, la tête sur ses genoux comme les Humains aiment quand je deviens un félin, et pour une fois je m'intéressais plus à elle qu'aux caresses qu'elle me donnait distraitement. Réfléchissant à ses paroles, et réalisant qu'il manquait quelque chose, j'avais tout de même fini par rompre le silence :

"-Maîtresse....vous m'avez parlé de cinq des Sept Soeurs....vous êtes la sixième....je suppose que cette Naztrix est la dernière? Qu'en est-il d'elle?
-Oh...oui, j'ai oublié de te parler d'elle. Soeur Naztrix était....une Martyre, une Sainte Martyre qui avait choisi la voie la plus douloureuse pour trouver la Lumière. Elle..oh...elle se versait dans les arts impies et sombres, afin de combattre l'horreur par l'horreur, pour connaître au mieux notre ennemi. Une attitude des plus courageuses, car elle avait conscience de la pureté qu'elle sacrifiait ainsi. Son propre corps reflétait son tourment...des cheveux blancs malgré un assez jeune âge, la peau blanche comme la neige...des zébrures cruelles agitaient en permanence son corps des plus terribles douleurs, car elle se punissait par divers actes de contrition des péchés qu'elle commettait pour la Lumière. Elle avait également les yeux horriblement brûlés, et portait en permanence un bandeau noir. Elle arrivait ceci dit à se diriger quelque peu, la Lumière seule sait comment.
-Je conçois sa façon de faire....mais ses résultats devaient vraiment être efficaces pour que la Croisade Ecarlate accepte ça dans ses rangs.
-Par l'Enfer, ils l'étaient, efficaces! Les plus maudits des impies craignaient les Saints Exorcismes qu'elle exerçaient sur eux, afin de chasser démons et hérétiques jusqu'au bout! Mais ce ne sont pas seulement ces talents-là qui lui ont valu sa place au sein de la Sainte Croisade. Vois-tu, Soeur Naztrix ne voyait que les ténèbres absolues avec ses yeux, mais son esprit voyait nombre de choses. Elle avait un don de vision qui prévenait toutes les horreurs que nos ennemis déchaînaient sur nous, et nous lui devons bien des victoires, bien que sa manie de tout le temps parler et prophétiser par énigme ait donné plus d'un maux de tête à Soeur Iulie et Soeur Telescia qui tentait de percer la brume de ses étrangetés pour comprendre ce qu'elle était vraiment en train d'annoncer. Je me suis prise au jeu une fois, et j'ai juré de ne jamais recommencer! Ces rêves dont je t'ai parlé me donne le même sentiment de frustrante incompréhension...
-Voir la Lumière par l'Ombre, mmh....ces deux-ci étant, tout étant que leurs versions physiques que nous pouvons observer chaque jour, dans un ballet constant de formation et déformation mutuelles, j'imagine que Naztrix percevait négativement la Lumière, dans les formes qu'elle voyait dans l'Ombre. Ainsi, elle sentait et savait ce qu'était le soleil, tout en y étant aveugle. C'est un point d'accès comme un autre à la Lumière.
-Pfeuh! L'Ombre est impie et doit purement et simplement être éradiquée, en tant qu'horreur qui souille ce monde! Je ne pense pas que Naztrix ait raison, je l'admire simplement d'avoir le courage d'affronter cette voie.
-Je vois....comme je le disais, ces femmes semblent toutes très intéressantes à rencontrer..."

Je pensais encore aux Soeurs de la Maîtresse quand nous arrivâmes enfin en Norfendre. Ainarïel et elle se ruèrent toutes deux à la proue du bateau, et je découvris bien vite pourquoi. On m'apprit plus tard que ces immenses falaises de glace dans lesquelles nous nous faufilâmes étaient nommées des Fjords, et que la concentration qu'il y avait de ces falaises dans la région lui avait valu le nom de Fjord Hurlant. Ce fut la première chose que je vis en Norfendre, et bien que j'y vis des dizaines de choses mémorables, terribles et magnifiques, la beauté de ce bras de mer aura toujours une petite place particulière dans mes souvenirs de ce voyage.

Spoiler:

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Les trois Consoeurs descendirent à quai après avoir admiré les splendeurs du Fjord Hurlant, dans la ville de Valgarde, première tête de pont de l'Alliance à l'Est du Norfendre. La ville, tenue par toutes les races de l'Alliance à la fois, faisait office de port et de source première d'approvisionnement, et même deux ans après la guerre, elle était pleine de blessés. Laïlaétha crut au premier regard qu'il s'agissait d'un hôpital. D'immenses constructions Vrykuls dominaient Valgarde, qui paraissait bien dérisoire en comparaison, et les épaves encore brûlantes des bateaux incendiés par les géants du Fjord rappelaient, même à l'heure actuelle, leur puissance de fer trempé.

A ce moment-là du voyage, Jadie ne réalisait pas encore toute la portée de ce que sa mission représentait, et n'était venue que parce que ces histoires la hantaient. C'est pourquoi les trois femmes prirent leur temps et s'arrêtèrent à l'auberge, seul endroit quelque peu joyeux de ce camp militaire bricolé. Cette escale était un moment important pour les trois femmes : pour Ainarïel, c'était le retour sur la terre où était née sa malédiction, pour Laïlaétha, c'était la découverte d'une terre peut-être plus féroce qu'elle, qui excitait déjà sa faim, et pour Jadie, c'était une réminiscence des jours les plus glorieux et remplis de morts qu'elle avait jamais connus. C'est avec une certaine excitation mêlée d'appréhension, contenue au fond d'elles-mêmes, qu'elles s'installèrent pour la nuit.

Cette soirée fut pleine de paroles et d'apprentissages subtils mutuels entre les voyageuses, et ce devait être la première de nombreuses autres semblables. Laïlaétha ne connaissait que peu de choses du monde extérieur, et encore moins du Norfendre, et ce serait pendant l'ensemble du voyage qu'elle bombarderait sa Consoeur et sa Maîtresse de questions, aussi curieuse qu'une vieille chatte. Elle fut également étonnée de voir sa Maîtresse délaisser bure et armure pour aller chercher une panoplie de fourrure et de cuir qui la transformait en trappeuse, de même qu'Ainarïel, et leurs questionnements eurent pour toute réponse :

"-J'aimerais rester en habit plus solennel, mais le climat du Norfendre ne permet pas de tels luxes. Toi, le chat, a de la fourrure à revendre, et les dégénérés du Fléau comme toi ne ressentent pas le froid! Mais il me faut m'équiper pour voyager ici. Et puis....il n'est pas forcément une bonne chose d'afficher mes gloires de guerre au Saint Nom de l'Assaut dans ces terres...les gens sont des ingrats et des fous, et ne savent pas reconnaître le Saint Office que nous remplissons nuit et jour pour la Lumière, et surtout ici! Maintenant hors de la chambre! Je ne vais pas me changer sous vos yeux impies! Seules mes Soeurs ont jamais pu voir mon....dos! DEHORS!"

Les servantes de Jadie n'insistèrent pas, bien que la notion de pudeur devait demeurer mystérieuse au chat, et se cachèrent la vue jusqu'à nouvel ordre. Après avoir discuté de choses et d'autres, notamment de comment les Vrykuls étaient des "brutes épaisses et impies qui ne méritent que l'annihilation!!!!!", les Consoeurs établirent leur plan de route : Jadie avait une autre raison de vouloir se rendre au Norfendre visiter ses souvenirs, en plus de ses rêves à souvenirs. Elles voulaient visiter un peuple vivant uniquement au Norfendre, avec lequel elle avait noué une profonde amitié : les Roharts. Les Elfes furent fort surprises d'imaginer que leur Maîtresse puisse avoir des relations réellement amicales avec qui que ce soit, et encore moins des non-humains; et leur surprise devait demeurer même quand leurs yeux leurs auraient expliqué la chose avec application, même si aucune d'entre elles n'eut la folie de questionner Jadie sur ce comportement inhabituel.

Cette dernière n'ayant sur les Soeurs que des visions et des rêves vagues et diffus, elle avait mis la visite aux Roharts sur ses priorités. Sa plus profonde amitié allait à la tribu établie dans la Désolation des Dragons, la lande glacée qui traversait le sud du Norfendre, au Port de Moa'ki, et c'était pour l'heure leur destination. Elles passeraient dans un autre village Rohart, celui de Kamagua, dans le Fjord, afin de prendre là une embarcation pour la Désolation, difficile à atteindre à pied. Ce fut la tête pleine d'interrogations et de rêves sur les vieilles légendes du Norfendre que les voyageuses s'endormirent, après avoir fait leurs préparatifs pour le départ vers Kamagua le lendemain.

Ce voyage-là, au contraire de ce qui devait suivre, fut une brise de paix pour les trois femmes. Leurs vies étaient faites de crimes, de combats, de violence perpétuelle, et c'était pour elles d'étranges vacances que cette traversée du Fjord. C'était de plus leur première marche en Norfendre, un lieu qui signifiait tant. Pour Ainarïel, il s'agissait de la source de sa malédiction, de l'endroit d'où sa non-vie était venue; pour Laïlaétha, c'était une contrée plus sauvage que tout, et qui malgré le Fléau était restée le joyau de vie sauvage dont elle rêvait parfois; enfin pour Jadie, c'était la terre de ses plus profonds souvenirs de gloire et de tragédie, celle où elle avait combattu aux côtés de ses Soeurs, et où elle les avaient perdues. Le but du voyage étant pour le moment diffus et peu précis, elles n'étaient pas encore pressées par le temps, et ce fut également l'occasion de quelques parties de chasses bienvenues pour le chat, à qui Jadie avait ordonné de leur chercher un peu du rare gibier non pestiféré du continent. Ainarïel quant à elle se vit confier l'extermination minutieuse des quelques Vrykuls qui menaçaient un peu trop la route. Ce fut après de longues heures de cette étrange marche que les Consoeurs arrivèrent à l'Antique Elévateur, une construction Vrykul bien particulière récupérée et employée par les Roharts. Il s'agissait ni plus ni moins d'un bateau suspendu à de longs cordages, et glissant depuis le sommet d'une falaise vers l'Île des Lances, un peu au large, où se situait le village de Kamagua. Cette bizarre merveille fit pousser des cris de surprises à Ainarïel, de peur à Laïlaétha, et de joie enfantine à Jadie, qui commençait à oublier son rôle de chef impitoyable au fur et à mesure que le groupe se rapprochait du village des Roharts. Ses servantes s'en étonnaient silencieusement à chaque occurence, mais ce fut l'arrivée même qui les plongea dans l'incompréhension la plus profonde.

Aussitôt que le groupe était arrivé dans le village, Jadie s'était précipitée vers les Roharts comme une enfant heureuse de retrouver un paysage de rêve. Plus stupéfiant encore, elle avait manifesté un respect mêlé de sympathie et de confiance à leur hôte, l'Ancien Atuik, qui recevait cette étrange Jadie avec une joie sans fin et des trésors d'infusions du Fjord, remplissant la tente de senteurs ennivrantes. La conversation fut longue et animée, le Norfendre ayant connu beaucoup de nouvelles depuis la fin de la guerre. Les Vrykuls de tout le continent s'étaient fortement assagis, ainsi que les créatures de fer d'Ulduar. Il semblait qu'ils étaient désormais trop occupés à se faire la guerre mutuellement pour aller se faire décimer par l'Alliance et la Horde. Le Vol Bleu avait retrouvé la raison avec l'investiture de son nouveau chef. Les masses de morts-vivants du Fléau existaient toujours, mais n'étaient plus que créatures errantes à la dangerosité réduite. Les Trolls des Glaces Drakkari, aigris par les tragédies et le déshonneur de leur peuple, s'était uni autour du chef religieux Veth'Jin, qui selon les rumeurs les unissait avec une facilité déconcertante. Les frontières de Zul'Drak avaient certes été fermées, mais qu'importe puisque les Trolls avaient renoncé à la violence? Quand aux Roharts, leurs ennemis les avaient laissés en paix, les poissons étaient revenus en abondance, et tout allait pour le mieux, même s'il semblait que Port-Moa'ki subissait quelques troubles depuis quelques temps.

Laïlaétha et Ainarïel assistèrent presque silencieusement à cet échange, toutes deux intimidées et ne sachant comment aborder cette Jadie à la joie enfantine, qui devait en temps normal être approcher comme une matière explosive. A leur grand dam, celle-ci remarqua leur gêne et se fit un plaisir d'assurer à haute voix à Atuik que toutes trois aideraient le lendemain pour la pêche, afin de respecter la tradition Rohart et de repayer leur hospitalité. Ainarïel poussa un profond soupir, mais Laïlaétha recracha l'ensemble du thé qu'elle s'était forcée à ingurgiter.

"-Mais...mais Maîtresse....je!
-Silence, le chat! Tu feras ce qu'on te dit!
-Je veux bien mais....je ne sais même pas ce que signifie pêcher!
-Bon sang....tu peux vraiment être impossible parfois! Bon, en clair, on se sert de tout l'attirail que tu peux voir là-bas pour capturer des poissons pour pouvoir les manger.
-Oh...c'est donc simplement une chasse aux poissons....enfin, je suppose. Je sais attraper du poisson, mais je ne vois pas ce que tous ces trucs viennent faire là-dedans.
-Hohoho!, fit Atuik, interrompant la remontrance que Jadie allait cracher,voilà qui est intéressant! Je me disais bien, jeune Elfe, que vous étiez bien plus animale et proche de la nature que ceux de votre race. Si je comprends bien, vous avez appris, je suppose après un difficile entraînement, à vous saisir des poissons à la patte, comme les animaux pêcheurs?
-Hé bien, oui, c'est à peu près ça...j'y arrive mieux en forme de corbeau, mais je goûte plus le poisson sous forme féline.
-Voilà qui est rudement fascinant, jeune fille! Mon peuple a toujours vécu autour de ces créatures, ce sont elles qui nous fournissent la vie, et pourtant nous ne pouvons que difficilement les capturer sans toutes ces béquilles que sont nos cannes...., l'Ancien prit le temps de réfléchir un instant, avant de reprendre la parole avec un malicieux sourire, C'est décidé! Demain, lors de l'épreuve de pêche, nous tenterons de pêcher à la manière de cette jeune Elfe! Si quelqu'un y parvient, il ou elle recevra la récompense la plus somptueuse que nous pouvons lui offrir! Quant à vous, Chat-Elfe, vous serez récompensée si vous parvenez demain à pêcher à notre façon. Cela a beau être un art bien simplifié avec notre matériel, il n'est pas facile de s'en servir et le poisson du Fjord est rusé...ce ne sera pas facile! Héhéhé, oui, c'est une rudement bonne idée!
-Euuuuuh......de rien.....euh....., fit une Laïlaétha plus décontenancée et désemparée que jamais.
-Pêcher comme un animal hein...., répéta Jadie à mi-voix, mi-énervée, mi-intéressée par le défi. Parfait! Ce sera amusant! Venez, les Elfes, je vais vous donner une leçon de pêche!

Laïlaétha et Ainarïel obéirent plus ou moins à contrecoeur, suivant une Jadie bombant déjà le torse devant la victoire qu'elle ne devait pas manquer de remporter. La leçon fut cependant de courte durée, Jadie ayant directement plongé à l'eau pour attraper les poissons à la main, persuadée que les animaux procédaient ainsi. Après qu'Ainarïel ait plongé la récupérer avant que les eaux arctiques du Norfendre ne la tue, et qu'elle l'ait amenée dans l'auberge du village se réchauffer et éviter de mourir de froid, elle renonça à l'idée de pêcher comme son chat, ainsi qu'à la récompense. Les Elfes en revanche prirent le temps d'apprendre, Ainarïel enseignant à Laïlaétha le fonctionnement du matériel de pêche, et Laïlaétha lui apprennant lentement la patience et l'intuition fulgurante de l'ours à l'affût de l'eau, guettant son repas. Le corps sans vie de la Chevalière ne nécessitant aucune température corporelle particulière, elle ne craignait pas les dangers des eaux de glace, ni la fatigue, et poursuivit donc son entraînement tout au long de la nuit.

La féline, moins endurante face au sommeil, alla retrouver sa Maîtresse avec qui elle passa une longue nuit à parler. Cette conversation devait rapprocher ces deux femmes exceptionnelles, comme bien d'autres le feraient à l'avenir, et elle resta tout comme ces autres gravée dans leur mémoire :

"-Vous allez bien, Maîtresse? Faites attention à ces eaux, elles peuvent tuer un humain en bonne santé en moins d'une minute!
-Humpf....ça va, je l'ai bien constaté moi-même!! De toute façon, je ne suis pas un animal, alors je ne vois pas pourquoi je prendrais la peine de prétendre que c'est le cas! Je pêcherai normalement demain, tant pis pour la récompense.
-J'ai fini par comprendre le fonctionnement de la canne, mais attraper des poissons avec...je sens que je vais aussi devoir y renoncer., dit Laïlaétha en prenant sans bruit une forme de grand félin bleuté, avant de s'allonger près de sa Maîtresse. Dites-moi, Maîtresse....savez-vous comment nous allons poursuivre le voyage? Je veux dire, pour retrouver vos Soeurs? Avez-vous quelque vision utile là-dessus?
-Rien d'utile, non. Mais je connais quelqu'un qui pourra avoir ça à ma place. A Port-Moa'ki, nous irons consulter Toalu'u le Mystique, le sorcier du village, et il saura nous donner des directions. Il m'a été d'une aide précieuse par le passé.
-Un mystique, mmh? Ca ne vous ressemble pas beaucoup de faire appel à des croyances d'autres peuples, surtout si elles ne touchent pas à la Lumière...
-Hmpf!...C'est vrai, mais c'est différent pour les Roharts! Leur âme a su rester pure dans leur simplicité, même s'il ne désigne pas Ses Saintes Grâces en ce monde de la même façon!
-Mmh? Quelles sont donc leurs coutumes religieuses?
-Ils s'attachent notamment à l'étude mystique de manifestations de la Sainte Lumière parmi eux, sous des formes assez différentes, et y trouvent leur vérité. Ils ont de plus le respect des ancêtres et des esprits, et savent en respecter et en vénérer humblement l'enseignement. Tu pourrais prendre exemple, d'ailleurs.... ajouta Jadie avec un ton pinçant.
-Je vois...un peu comme des fantômes.
-Mmh...et bien oui en quelque sorte
-Intéressant....j'aime bien les fantômes, " ajouta une Laïlaétha oubliant à qui elle s'adressait.

Jadie se releva d'un bond, arborant une expression de choc, et prête à aligner une droite à son chat en cas de mauvaise réponse :

"-TOI!! Tu vas me dire MAINTENANT ce que tu veux dire, et précisément!! Et fais attention à ce que tu vas dire, maudit chat!!
-Je...je voulais dire....j'aime bien les véritables morts....ceux qui demeurent ici sans pour autant être des esprits errants en souffrance, ou des horreurs damnées. J'aime ceux qui montrent ce que la mort devrait vraiment être...
-Oui....j'aime mieux ça...., fit Jadie en se rasseyant lentement, toujours un peu en colère quand elle n'arrivait pas à savoir si son chat faisait preuve d'hérésie ou de candeur, mais tu es tout de même bien naïve! Les spectres ne demeurent pas pour faire le bien! La véritable place des âmes est au coeur de la Sainte Lumière, et nulle part ailleurs!
-Il en va peut-être ainsi pour les Humains....n'avez-vous jamais vu ces âmes qui protègent le monde qu'ils ont laissés derrière, pour un temps, à la manière d'ailleurs des ancêtres Roharts. Je sais que les Taurens pratiquent également beaucoup cela.
-Je ne suis pas spécialiste des âmes de grosses vaches! Mais en effet, il me semble que ça y ressemble quelque peu....mais n'ai pas la stupidité de croire que c'est courant!
-A vrai dire j'ai surtout vu ça chez les animaux....je sais aussi que les Trolls ont de puissants esprits de leurs ancêtres à leurs côtés, bien que ce soient pour des buts moins nobles que la veille....il est vrai qu'en ce qui concerne les peaux roses des Royaumes de l'Est, je n'ai vu de leurs spectres que des âmes torturées, ou réduites en servitude par des nécromanciens déments. Ca n'arrive peut-être jamais chez vous.
-Pour être honnête, j'ai déjà vu un Nain revenir ainsi au coeur du Mont Rochenoire afin de donner son aide aux combattants de l'Alliance déterminés à combattre les Sombrefers...mais rien d'autre. Le reste ne sont que hurleurs tristes et esclaves de fous à l'âme damnée!
-Mmh....à ce propos....j'ai déjà vu des esprits noirs et destructeurs se former d'eux-mêmes, tout comme j'ai déjà vu des vivants les ramener pour de sombres desseins, voir animer leurs cadavres pourris....mais qu'en est-il du Fléau? C'est juste.....disproportionné. Je n'imagine pas comment une telle force impie a pu voir le jour aussi vite.
-Leçon d'histoire aujourd'hui, mmh? En réalité le Fléau est la création des maîtres de la Légion Ardente. Ils ont capturé un des Chamans Orcs qui avait participé au massacre de notre peuple, et qui s'était enfui après la déroute pour échapper à la fureur de ses maîtres, et ils lui ont fait...mmh....et bien disons qu'il est devenu le Roi-Liche, un des plus impies outils de destruction envoyé par les démons pour nous tourmenter.
-Encore la Légion.....mais une minute.....je ne me rappelle pas avoir jamais vu de Démons alliés au Fléau, à part à la Bataille de Nordrassil. Je veux dire....il n'y a pas eu le moindre portail démonique en Norfendre, n'est-ce pas? Comment cela se fait-il s'ils sont alliés?
-Qu'est-ce que j'en sais moi??! J'imagine que cette créature impie a préféré suivre ses propres intérêts.
-Suivre ses propres intérêts....cette phrase me rappelle quelque chose....
-Mmh?, fit Jadie en haussant un sourcil.
-J'étais très jeune à l'époque de la Bataille de Nordrassil, voyez-vous....pour une Elfe, je ne suis encore qu'un bébé. Et j'étais une parfaite idiote. Je voulais absolument aller tabasser du démon en armure, alors que je n'étais qu'une gamine! Il se trouve que j'étais également très discrète....c'est en me faufilant dans les casernes que j'ai volé un uniforme, des armes, et que je me suis faite passer pour un soldat.
-Où veux-tu en venir?, fit Jadie après avoir éclaté de rire.
-En réalité, quand on est troufion, on a souvent rien à faire à part des tâches ennuyeuses....et comme je me devais d'être discrète, et que je n'avais pas la moindre envie de me taper des corvées, je passais mon temps à espionner les campements et les réunions de généraux, juste pour passer le temps. Entendre ainsi des secrets de guerre m'excitait énormément, même si je n'y comprenais rien du tout! Votre phrase m'a rappelé l'un d'eux....ça s'était passé quelques semaines avant la Bataille d'Hyjal. Les espions étaient revenus et avaient fait un rapport de filature sur Illidan Hurlorage, qu'ils gardaient surveillé depuis sa libération. Vous savez, il est devenu une créature complètement corrompue en employant un artefact maudit des démons contre eux?
-Oui, le Crâne de Gul'Dan. J'en ai entendu parler pendant les campagnes en Outreterre.
-Et bien à cette réunion, les espions ont révélé qu'Illidan avait eu connaissance des pouvoirs et de l'emplacement du Crâne par un traître du camp ennemi....un puissant Chevalier de la Mort en armure noire, et aux longs cheveux gris. Je rêve, ou le Fléau a agi directement contre la Légion ce jour-là?
-Je.... dit Jadie après être restée interdite un moment,....je vois. Arthas a donc lui-même pris soin de déchaîner le Traître sur la Légion Ardente....et on sait que ce dernier a lancé des attaques contre le Norfendre un peu après la Troisième Guerre. Il semble que tu aies raison, le chat....voilà une information qui arrivera dans les oreilles de la Croisade....
-Heureusement que je m'en suis souvenue....nous aurions donc eu de la chance que ces monstres soient incapables de comprendre une vraie loyauté?
-De la chance....non!! De toute façon, nous aurions vaincu! La Sainte Lumière prévaut toujours tu le sais, et même si la loyauté est une valeur qui apporte une force éternelle, c'est simplement l'impureté essentielle de ces créatures qui a toujours fait leur perte!
-Oui....mais je vois tout de même une marque de pureté de la loyauté dans le fait que les créatures démoniaques en sont incapables. Et c'est d'ailleurs la seule pureté qui tient ferme la force et l'unité de la Confrérie.
-Absolument! Même si l'on peut parfois douter de celles de certains membres....au moins, j'ai le plaisir de pouvoir dire que tu n'es pas parmi eux, et que ta Foi peut t'apporter une chance de salut, le chat. Tu es pleine de travers, mais tu es née d'une race inférieure après tout, donc c'est plus compréhensible, même si ça n'excuse rien., dit Jadie d'un ton tout à fait neutre.
-Cela me suffit pour le moment, répondit Laïlaétha sans se sentir blessée d'avoir été traitée de créature inférieure, ceci dit, je ne suis pas tout à fait exacte sur la loyauté des démons. Il y en a une qu'ils comprennent : celle de la peur.
-Eh bien...non!! Ils sont ensembles parce qu'ils sont maléfiques, voilà tout! La loyauté de l'humble craignant son chef est tout aussi pure que les autres, je la tiens même en haute estime! C'est celle-là qui anime la Confrérie! Et d'ailleurs, n'est-ce pas par la peur que je t'ai matée, animal?
-A vrai dire....non, Maîtresse. Les raisons pour lesquelles j'ai décidé de vous suivre ont bien changé et évolué depuis que nous nous sommes rencontrées, mais la peur n'a jamais été parmi elles. En revanche, il est vrai que la plupart des Confrères sont probablement loyaux par peur, bien que ça puisse être mêlé, et que certains n'en éprouvent également aucune....Aarseth, par exemple.
-C'est vrai...mais toi? Tu me dis donc que tu n'as jamais tremblé devant la punition ou l'autorité? Voilà qui serait cocasse! Tu serais la seule membre de la Confrérie à ne pas me voir comme une femelle dominante!!
-Oh, c'est le cas. Mais ce n'est pas de la peur. Lorsque vous m'avez marquée, c'était simplement la reconnaissance de votre force. Je vous haïssais alors, mais je n'avais pas peur. Il y a ensuite eu la découverte de la Sainte Lumière, grâce à vous....et j'ai plus ou moins appris à vous connaître. A dire vrai, j'aime bien être avec vous.
-.....Un Vrykul t'aurait-il mis un mauvais coup?, finit par dire Jadie en regardant Laïlaétha d'un air ahuri.
-Non, Maîtresse. Je pense ce que je dis depuis longtemps. Après, ne me demandez pas pourquoi c'est le cas....
-Pardon??! Mais voyons, ça n'a pas de sens, crétin de chat!
-Je sais, Maîtresse...mais c'est le cas. après tout, je ne suis moi-même pas une créature dont l'existence semble vraiment avoir un sens.....vous avez une idée?
-Non! Je ne suis pas dans ta tête, et apparemment, je peux en remercier la Lumière! Cesse donc de dire des sottises!, hurla Jadie, de plus en plus courroucée, sans trop savoir pourquoi.
-Je....je ne faisais que dire ce que je pensais de vous....je...
-SILENCE! Assez de ces vaines paroles!!! Tu n'es qu'un chat stupide qui raconte n'importe quoi, et JE NE VEUX PLUS T'ENTENDRE!! PLUS UN MOT!!!"

Laïlaétha savait que le moindre son lui vaudrait une belle claque, et se tut immédiatement. Elle ne cherchait jamais trop à se justifier face aux colères de sa Maîtresse, sachant qu'ici, ça ne servirait à rien d'ouvrir encore la bouche, même si elle en crevait d'envie. Jadie quant à elle, bouillonnait intérieurement, et cherchait presque des excuses pour punir le chat pour ça. Pourtant elle n'en trouvait aucune, et ne voyait aucune raison à sa propre colère, et cela l'énervait encore plus. Le fait est que Laïlaétha n'avait rien dit de mal, et qu'elle avait fait l'étalage d'un genre de choses qu'elle n'avait plus entendu depuis longtemps. Pas depuis les Soeurs. Le fait qu'elle venait d'avoir avec le chat une conversation semblable avec celles qu'elle avait avec ses compagnes achevait de lui donner envie de tout casser. Laïlaétha n'en menait pas bien large, sachant qu'elle avait énervée sa Maîtresse sans pour autant commettre de faute. Elle savait que sa Maîtresse n'avait pas de grief contre elle....et savait aussi qu'elle ne voulait pas arrêter leurs paroles, sa fierté l'empêchant pourtant de revenir sur son ordre. Chacune des deux devinaient confusément les pensées de l'autre, ce qui les rendait mutuellement encore plus confuses. Pour une fois, Jadie sentait vaguement qu'elle avait hurlé sur le chat pour rien, même si ça ne lui posait pas de problème moral particulier, et ressentait quelque chose qui ressemblait un peu à du regret. Laïlaétha quant à elle savait que sa Maîtresse aurait voulu reprendre son ordre, mais savait aussi que désobéir à cet ordre lui vaudrait une nouvelle soufflante. Chacune voulait parler, mais Jadie était trop fière pour le faire la première, et Laïlaétha trop hésitante face aux conséquences. Elle se dit que tout était plus simple quand elle était seule et qu'elle n'avait pas à parler...pensant à cela, elle décidé d'appliquer une tactique animale et, toujours changée en chat, se rapprocha doucement de Jadie pour se coller contre elle, et poser la tête sur ses genoux. Celle-ci était presque outrée, eut d'abord envie de la frapper, puis se rendit compte que c'était ce qu'elle voulait. Elle gratta distraitement la tête de Laïlaétha, étonnamment soulagée de la fin de ce malaise silencieux. Après quelques minutes de silence apaisé, elles partirent toutes les deux se coucher.

Spoiler:

Le lendemain, les trois femmes passèrent la journée à pêcher, comme Jadie l'avait ordonné, nichées sur un iceberg rendu accessible par la capacité d'Ainarïel à créer des ponts de glace. Laïlaétha fit de son mieux pour pêcher à l'aide d'une canne, puis d'un harpon, mais sans succès. Jadie avait officiellement renoncé au défi de l'Ancien, et pêcha normalement. Ainarïel, quant à elle, avait passé la nuit à s'entraîner dans l'eau, ne craignant pas le froid, et cela avait payé. Avec une vitesse phénoménale, elle parvint au bout de plusieurs heures d'essais à capturer un énorme mérou, qui avait dérivé bien loin de Vashj'ir. La pêche de ses compagnes avaient pourvus à la quantité exigée par Jadie, et ce fut Ainarïel qui, triomphante, revint vers Kamagua en exhibant son mérou. Les Roharts étaient ébahis de voir que ce n'était pas un d'entre eux qui avaient réussis, mais également heureux de constater que c'était possible. Une grande fête eut lieu le soir, où toute la tribu Rohart ainsi que les compagnes d'Ainarïel eurent le plaisir de goûter à son mérou. Lorsque presque tout le monde fut repu, l'Ancien Atuik appela toute la tribu en cercle autour du feu, et demanda à Ainarïel de se placer devant, avant de prendre la parole.

"-Aujourd'hui, quelqu'un nous a apporté une connaissance plus profonde de ce qui nous apporte la vie, et cette personne qui se tient ici, bien que sa propre vie ait été maudite par les crimes du Ténébreux, nous a apporté l'exemple de cette nouvelle force de vie que nous détenons désormais. Ainsi, en juste retour des choses, et en remerciement de cet immense cadeau qu'est la vie, nous allons également lui donner la vie.
-Heeeeein???!!!, fit tout de suite Jadie.
-Qu'est-ce qu'il veut dire par là...?, demanda Laïlaétha.
-Comment??? Vous...vous pouvez.... finit par cracher une Ainarïel ébahie.
-Ce rituel qui nous a été apporté par les Dragons de Feu, que nous accomplissons à la Sanssaint afin de rappeler nos compagnons à nous, le temps de quelques nuits, afin de converser quelque peu avec eux une fois l'an, nous allons l'effectuer exceptionnellement ce soir. Elle qui nous apporté un repas d'un soir, et une tradition de toute éternité, nous allons lui apporter une vie d'une semaine. Ohlàààà! Dansez, mes frères!

Alors, tous les Roharts, qui connaissaient le rite par coeur, dansèrent avec une joie effrénée autour du feu, et d'Ainarïel, qui après quelques minutes de stupeur se mit à trembler et s'effondra au sol. L'Ancien Atuik sortit du cercle après avoir dansé comme s'il était un jeune homme, et alla expliquer la chose à Jadie et Laïlaétha : ils allaient danser sans discontinuer, une semaine durant, en appelant les forces de vie qu'ils avaient ressenties au Sanctuaire de Rubis. Au terme de ce rituel, Ainarïel serait à nouveau animée par la vie, son coeur battrait à nouveau, ses sensations seraient de nouveau sources de plaisir, elle serait véritablement vivante, le tout pour une semaine. Bien que Jadie ne puisse s'empêcher de penser qu'un rituel venant d'une de ses sales bestioles de Dragons devait être hérétique quelque part, son respect inconditionnel des Roharts prit le dessus, et elle se contenta de remercier l'Ancien pour son idée. En revanche, sa mission ne tolérait pas une telle attente, et elle décidé de partir vers Port-Moa'ki sans Ainarïel, en affirmant qu'elle n'aurait qu'à "leur courir derrière quand ce serait fini".

Le lendemain, Jadie et Laïlaétha embarquèrent sur la tortue de voyage des Roharts, non sans que l'Elfe s'extasie dessus, à destination de Port-Moa'ki, et quittèrent le Fjord Hurlant en observant les Roharts qui dansaient, et dansaient, redonnant à Ainarïel une nouvelle vie dont elle ferait un usage qui, nous pouvons le dire, fut un miracle.

A SUIVRE
Taltos Queen
Taltos Queen
VIP
VIP

Messages : 242

Revenir en haut Aller en bas

Wrath of the Lich Prince - Odyssée au Norfendre Empty Re: Wrath of the Lich Prince - Odyssée au Norfendre

Message  Taltos Queen Lun 27 Aoû - 6:01

Wrath of the Lich Prince – Chapitre III : Depths of Madness and War


Un beau voyage marin fut cette fois-ci offert à Laïlaétha, moins incommodée par les rivages glacés de la Désolation des Dragons que par le grand large. Jadie, agréable pour une fois, semblait se faire un plaisir de lui décrire chaque paysage en long et en large, ainsi que l'histoire qu'elle en connaissait, alors que la Tortue des Roharts remontait vers le Nord. Elle put apercevoir les rivages où Arthas avait posé le pied pour la première fois en Norfendre, couvert d'épaves et de squelettes, hantés par des fantômes déçus par la vie comme par la mort. Elle aperçut également de loin la point de l'église de la Nouvelle-Âtreval, que Jadie décrivit avec fierté comme le premier bastion de l'Assaut Ecarlate sur les terres gelées, toujours debout après son abandon malgré les attaques répétées qu'il avait subi des mercenaires de la Horde et de l'Alliance. Elle aperçut également d'encore plus loin, grâce à la haute stature de l'édifice, le Temple du Repos du Ver, au-dessus duquel quelques Drakes volaient en cercle, gardant leur forteresse. C'est au bout de quelques heures que les Dragons qu'elle admirait dans le ciel ne furent plus que cerfs-volants chamarrés, accrochés dans le vent par les Roharts, signe que Port-Moa'ki était proche.

Spoiler:

Quand les deux femmes posèrent pied à terre, ce ne fut que pour renouveler l'ébahissement de Laïlaétha. Si Jadie avait montré du respect et de la déférence à l'endroit des Roharts de Kamagua, elle était réellement amicale et souriante avec ceux de Port Moa'ki, qui le lui rendaient bien, et l'appelaient par son nom. Nul Confrère ne l'avait jamais vue ainsi avec quiconque, même avec d'autres Humains. Le chat suivit timidement sa Maîtresse, un peu désorientée par cette amabilité soudaine qu'elle savait ne pas devoir connaître un jour, au sein de la tente de l'Ancien Ko'nani, le chef des Kalua'k de la Désolation. Là, Jadie expliqua son plan à ce vieil ami, qui l'approuva en tous points, avant de parler un peu du passé. Laïlaétha resta surtout silencieuse, allongée contre la paroi de la tente, mais écouta attentivement. Elle apprit ainsi que l'amitié entre Jadie et les Roharts étaient née le jour où ceux-ci l'avaient trouvée inconsciente et blessée dans la neige, après une mission dans Azjol-Nérub, et l'avait soignée. A son réveil, elle avait bien entendu commencé par des imprécations religieuses et des insultes, mais le flegme et la patience des Roharts avaient eu raison de son agressivité, et chose étonnante, elle avait fini par les considérer comme la seule race non-humaine digne de considérations. C'est en discutant de cela que Ko'nani les lança enfin sur la piste du reste de leur enquête :

« -A propos d'Azjol-Nérub, je suppose qu'il faudrait que je te parle de ce qui s'est produit récemment, même si on a pu t'en parler à Kamagua.
-Hmm? Fit Jadie en levant un sourcil.
-Comme je te l'ai expliqué, la fin du Ténébreux, loin au nord, a mis fin à nos malheurs. Le climat est plus clément, nous n'avons plus qu'à nous défendre que contre les Varleus, ce que nous faisons depuis des temps immémoriaux sans en souffrir plus que cela, et qui sera plus aisé désormais. Les poissons eux aussi reviennent en nombre, et bien que ça ne se compare pas à l'abondance d'avant le Ténébreux, c'est crois-moi le plus beau des régals de pouvoir manger un peu plus chaque jour ! Mais une vie sans problèmes, ça n'existe pas, et récemment nous avons eu droit à des offensives de la part des Nérubiens des tunnels.
-Qu'ils soient damnés ! Ces créatures de l'enfer n'abandonnent jamais?!
-Hum...qu'est-ce qu'un Nérubien, au juste?
-Ce sont des créatures arachnides qui vivent dans les profondeurs du Norfendre. Ils sont grands, puissants et destructeurs, et cachent de sombres pouvoirs dans leurs souterrains. Ils furent les premiers vaincus après les Vrykuls quand le Ténébreux est arrivé en ces terres. Et c'est d'ailleurs ce qui me trouble le plus : les Nérubiens auxquels nous avons affaire étaient des morts-vivants. Ils ne sont pas beaucoup plus terrifiants et hideux que les vivants, mais cela sous entend que quelqu'un les domine et leur donne des ordres. Et ça, c'est très inquiétant. Leurs attaques étaient faibles en nombre et en puissance de feu, et nous avons pu les repousser avec une surprenante aisance, mais elles gagnent en intensité. Pour ce que nous en savons, les Nérubiens pourraient être des centaines de milliers là-dessous. Et encore heureux que la Horde ait coupé leurs renforts depuis la Couronne de Glace ! J'ai peur pour notre avenir, Jadie...
-Oublie cette peur, Ko'nani. Ces horreurs rampantes m'ont déjà pris beaucoup, et je vais leur rendre au centuple ! Leurs renforts ont été coupés, et je dispose à moi seule d'une puissance de feu considérable....sans compter mon chat, ici présent, qui a bien des pouvoirs...c'est décidé, Laïlaétha, demain nous partons attaquer Azjol-Nérub!!
-.....la cité remplie à ras bord d'araignées géantes, mortes-vivantes et surpuissantes?, dit Laïlaétha avec un calme un peu tendu, jaugeant la chose.
-Exaaaaaaactement !, répondit Jadie avec un sourire carnassier et ravi.
-....pourquoi pas, ça peut être amusant., dit Laïlaétha après un petit silence passé à réprimer un long soupir.
-Héhéhé, joli flegme ! Je ne vais pas vous dire de ne pas faire cette folie suicidaire, car je connais assez bien Jadie pour savoir qu'elle ne m'écouterait pas un instant, mais promettez-moi d'être prudentes voulez-vous ? Les Nérubiens sont une menace depuis des temps immémoriaux, et leurs attaques ne valent pas la peine de vous perdre toutes deux.
-Bien sûûûûûûr que nous serons prudentes! dit Jadie d'un sourire qui pensait tout l'inverse.
-Tant mieux. Oh, et j'ai failli oublier la raison pour laquelle je vous parle de tout ça...voyez-vous, en plus des véritables attaques, les éclaireurs ont déjà aperçu un Nérubien rôder autour du village. Un espion, semblerait-il. Il est bien plus rapide que n'importe quel Nérubien que nous avons déjà pu croiser, et il leur a toujours été impossible de l'attraper. Cette créature a réellement une démarche étrange, intriguante....parfois, alors que les éclaireurs l'avaient clairement repéré, l'espion restait tout simplement là, les regardant, sans chercher à se cacher, pour devenir invisible la seconde suivante. Un jour, un événement tout à fait curieux est arrivé avec cette créature : un éclaireur avait réussi à l'approcher d'assez près, toujours sur ses gardes...et le Nérubien lui a lancé quelque chose à la tête. C'était douloureux, mais loin d'être insupportable, et notre éclaireur a eu le temps de ramasser l'objet, l'espion le regardant toujours fixement sans bouger. Il s'agissait d'un Cube, très dur, plein de petites facettes, apparemment en saronite fortement oxydée. Il y avait des symboles gravés dedans, mais également de la peinture blanche bien plus fraîche par-dessus. Alors qu'il examinait l'objet, l'espion lui a foncé dessus, et l'a assommé. Il s'est réveillé dans la neige, sans le Cube.
-Intriguant....mais qu'est-ce que ça peut avoir avec notre assaut ?
-Eh bien, l'éclaireur m'a fait un croquis du Cube que voici....je pense que tu trouvera ça intéressant. »

L'Ancien Ko'nani tendit à Jadie un parchemin griffonné à la cendre, représentant un Cube couleur rouille, apparemment ancien. L'objet lui-même était particulier, mais la Paladine ouvrit de grands yeux en reconnaissant le symbole tracé à la peinture blanche : il s'agissait de la Croix de Lumière, emblème de sa foi.

« -Quelle est la créature impie qui a osé profaner ainsi la Sainte Croix en la plaçant sur cet objet impie?!!
-Je l'ignore, et je n'y comprends rien. L'éclaireur m'a dit qu'il y avait également des petits symboles qui entouraient la Croix, mais ce n'était rien de connu, donc il n'a pas eu le temps de les mémoriser.
-Hmpf !! Je le saurais quand je mettrais la main dessus ! Celui qui a peint cette chose le paiera cher ! Très cher!

La conversation se continua une bonne partie de la soirée, dérivant sur d'autres sujets moins sérieux et moins tristes, et pas forcément d'une sagesse absolue ! Laïlaétha et Jadie passèrent la nuit dans la tente de l'Ancien, avec les quelques coussins qui restaient, et le ventre poilu et chaud de la panthère comme tout oreillers. Le lendemain, elles préparèrent leur matériel pour le surlendemain, qui verrait leur départ vers Azjol-Nérub, cette journée-ci devant être dédiée à la pêche rituelle à laquelle Jadie insistait, ainsi qu'à la consultation de l'oracle de Port Moa'ki, Toalu'u le Mystique. Comme le chat l'avait deviné, sa Maîtresse dépréciait toute forme de divination, mais sa confiance en les Roharts était si aveugle qu'elle ne semblait plus s'en soucier.

Elles commencèrent par cela, et pénétrèrent dans une tente enfumée, où il était presque impossible de voir à deux pas. Toalu'u le Mystique se tenait en tailleur au fond de la tente, un air jovial et vaguement ivre sur le visage. Il ouvrit grand les bras à l'entrée de Jadie en lançant un rire fou, auquel elle répondit en riant elle-même, puis prit la parole :

« -Hoooooh te voilà enfin ! Myskrab m'avait bien dit que tu arriverais, mais je trouvais que tu commençais à tarder et qu'il s'était trompé pour la première en 40 ans! »

Un petit crabe des glaces sortit de sa cage, faisant claquer ses pinces par coups secs en guise de réponse, et vint grimper sur les genoux de Toalu'u, avant de lâcher une petite plainte pour être nourri.

« -Je n'ai jamais compris comment tu communiquais avec cet animal....mais après tout je ne comprends pas plus comment mon propre chat me parle.
-Faux ! Ce sont les animaux qui ne comprennent pas comment il y a des gens trop sourds pour les entendre ! Alors, et si nous nous occupions de toi, hum? Que veux-tu savoir, Jadie ?
-J'ai fait plusieurs rêves à propos de mes Soeurs, disparues pendant la guerre, dit Jadie avec douleur, j'ignore ce qu'il en est, et ce n'est peut-être qu'une folie d'être venue en Norfendre, mais je n'y tiens plus. Je veux savoir.
-Le savoir, c'est notre métier à Myskrab et moi ! Les esprits seront une réponse, du moins si tu es d'accord pour que j'emploie cette méthode...
-Tout du moment que ça marche, oubliant que c'était censé être une hérésie.
-Très bien. Commençons....toi et ton amie, venez vous asseoir près de moi, dit Toalu'u, en traçant ensuite autour d'eux un grand cercle avec de la poudre blanche.

Il se rassit en face de Jadie et Laïlaétha, puis répandit un encens très fort, qui les fit tousser, et qui enfuma encore plus la tente. Il commença une litanie peu audible, prononcée dans le langage guttural Kalua'k, et agita une petite badine peinturlurée, dessinant des formes étranges dans la brume. La vision des deux femmes se troubla, et des étoiles leur gagnèrent les yeux. Les yeux de Toalu'u s'étaient révulsés, et il était maintenant plongé dans une transe complète. Le crabe agitait doucement ses pinces de gauche à droite, imprimant semblait-il un léger mouvement de balancier à la fumée et au corps du Rohart. Les ombres et la brume s'agitèrent, les murmures commencèrent à éclore, doux chant d'un autre monde. Les yeux des Consoeurs commençaient à papilloter quand une forme sur laquelle on pouvait fixer le regard sembla se dessiner dans la brume. Laïlaétha, puis Jadie, prêtèrent attention à ce vide dans la fumée, qui se précisait et se dessinait de plus en plus, alors que le murmure transi de Toalu'u résonnait dans leurs esprits. Des symboles et des formes bougeait en permanence dans la fumée de l'encens, comme des nuages aux formes infinies, mais celle-ci prenait de la netteté.

« -Ouuuuui....., fit Toalu'u d'une voix absente, il semble qu'un esprit ait répondu à mon appel. Il veut vous parler. »

Les deux femmes écarquillèrent les yeux, distinguant désormais la forme humanoïde du contour qui se creusait dans la brume, ne parvenant plus à analyser la situation à cause des vapeurs qui les envoûtaient. Peu à peu, aussi imperceptiblement qu'au cœur d'un rêve, la silhouette se précisa, se servant de la brume et de l'absence de brume pour être perçue. Une longue robe noire apparut, puis des cheveux, et des traits couverts de rides. Un vieillard apparut dans la brume. Les Consoeurs le reconnurent en même temps. C'était Markar.

Le choc fut rude, même si Laïlaétha fut moins choquée que sa Maîtresse de voir un esprit avec tant de netteté. Celle-ci était proprement abasourdie. Elle décoinça un peu quand Toalu'u lui referma la bouche, et l'invita à signaler au spectre qu'elle avait perçu sa présence. Markar observait le groupe avec détachement, et un calme olympien, manifestant quelque fois des mouvements dans la brume. Jadie finit par reprendre son assurance, et regarda Markar droit dans les yeux, le torse bombé :

« -Au rapport! Tu dois savoir quelle est notre mission. Parle !
-...
-Allons!!
-Laisse-lui le temps. Les esprits ne sont pas habitués à communiquer par la manifestation physique
-Par-delà... », finit par laisser échapper Markar.

Le son était rauque, lui-même fantômatique, mais sa voix de vieil homme restait reconnaissable. Jadie bouillait d'impatience pour qu'il continue à parler.

« -....caver...ancien....myst....symbo....dan...
-Bon sang....articule !!! Je ne comprends rien !!
-Cet esprit est très loin de nous en vérité....c'est déjà étonnant qu'il arrive à nous parler!
- ...néa....ragon....saphir....mag....., lâcha Markar dans un nouveau souffle rauque, qui lui semblait pénible.
-Bon sang....qu'est-ce que c'est que ces histoires.....
-....jung....pili...sauva....rites...masque...., poursuivit-il avec difficulté, .....combat....gigan....for....hach...pouvo....
-Il y a beaucoup d'esprits qui s'agitent.....c'est étrange....il n'est peut-être pas seul ici...
-....prison...princes....fer....unive....sacre..., parvint-il à articuler. Il semblait qu'il allait disparaître d'un instant à l'autre.
-....noir....mort...pourri....puant....douleur....

Markar eut un sursaut, et ils crurent un instant que la vision avait disparu. Mais il se redessina immédiatement avec d'autant plus de vigueur, de droiture, et une lueur puissante jaillissait de la brume par ses yeux. Une voix bien différente émana de la silhouette, ressemblant tantôt à la sienne, tantôt à celle eraillée des Réprouvés qui conservaient une machoîre.

-Dans la Lumière bleutée de l'Etoile du Nord, tu te dirigeras et tu trouveras la vérité. Les démons prophétisés chasseront et seront chassés, les hordes de la mort ressusciteront et mourront. Les 7 églises s'effondreront dans la gloire de la Lumière et célèbreront l'âge nouveau. La glace se craquèlera, la mort tremblera, et les larmes couleront et effaceront le désespoir, tel un fleuve de Lumière abreuvant les héros.

Laïlaétha et Jadie écoutèrent, strictement silencieuse. Markar, épuisé par l'effort qu'il avait fournie, se tordit et commença à s'effacer. La lueur demeurait cependant, et c'est d'elle qu'une dernière prophétie se fit entendre, par une voix aux accents féminins et frêles :
-Viens, Jadie, fais vite....la réponse est dans la Foi, dans la Croix.

Enfin, la silhouette de Markar s'évanouit comme si elle n'avait jamais existé. La brume se dissipa doucement. Un étrange silence suivit les énigmes du démoniste mort, dans lequel Jadie se perdit dans ses pensées. Tout ceci était compliqué, et impossible d'en tirer le moindre sens, à part une chose : ses Sœurs étaient vivantes. La réponse de Markar l'avait prouvé. Elle savait à peine pourquoi elle était venue, mais désormais, sa quête avait un véritable sens. Il y avait un véritable espoir.

Spoiler:

« -....Toalu'u.....tu as de quoi noter?
-Héhéhé, ça c'est le travail de Myskrab, pas vrai Myskrab? »

Nul ne l'avait observé pendant la séance, mais sous le brume, le crabe de Toalu'u avait tracé tout un tas de symboles dans le sol de la tente, dans un étrange alphabet inconnu des Consoeurs.

« -Myskrab comprend des tas de langues, mais il ne sait écrire que le Kalua'k. Je vais tout de suite te recopier ça en Commun!
-Merci Toalu'u....merci du fond du cœur....... »

Laïlaétha et Jadie sortirent et passèrent le reste de la journée à pêcher, l'une parmi les Roharts sur la plage, et l'autre en faisant de violentes et rapides piquées dans l'eau sous forme d'oiseau de proie. Le seau fut bientôt largement assez rempli pour ce qu'elles avaient à capturer, mais Jadie continua néanmoins pour le plaisir. Elles discutèrent longuement sur la plage grise et froide, notamment de comment Markar avait pu savoir quoi que ce soit de ces choses, ou l'étrange espion Nérubien au Cube...le chat réalisa que sa Maîtresse n'avait jamais parlé à aucun Rohart de comment elles se trouvaient voyager ensemble, et qu'elle avait passé sous silence ses activités criminelles. Elle en vint à lui demander :

« -Dites-moi, Maîtresse....comment comptez-vous parler de la Part des Anges aux Sept sœurs?
-..., Jadie garda le silence un instant, sa bonne humeur envolée, puis dit simplement : Je ne leur en parlerai pas, voilà tout.
-Vraiment ? Mais...
-Tais-toi ! Tu sais pourquoi je fais partie de la Confrérie, et tu sais que tout ça me rend furieuse ! Tu sais comment j'ai été...mutée de Championne à Ambassadrice, et comment je....comment j'ai été « contrainte » par les événements de faire ce que je dois faire ! Alors il n'y a pas à en discuter! »

Ce que Jadie voulait dire, et que Laïlaétha avait tout à fait compris, c'est qu'elle était furieuse, et honteuse, d'avoir subi ce qu'elle considérait comme une punition et d'avoir été bannie du champ de bataille. Elle considérait que toujours on devait obéir aux ordres d'un supérieur, et que jamais on ne devait en avoir honte. Si elle voyait cela comme une punition, elle savait qu'elle ne devait jamais discuter la décision d'un supérieur, ou même lui en vouloir, ou que le plus ingrat des devoirs envers la Croisade ne souffrait pas la honte. Et que c'était une honte d'avoir honte. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de bouillir de rage à l'idée que ses devoirs consistaient en des braquages violents et des bals mondains remplis d'hérétiques s'adonnant à la gloutonnerie de leur pouvoir, alors qu'ils auraient pu aider la Lumière par des dons. Ses joues rougissaient à l'idée que ses Sœurs l'apprennent, ce qui l'énervait encore bien plus, et le cercle vicieux n'allait pas tarder à se déchaîner contre le premier venu...

-Mais Maîtresse..., dit tout de même Laïlaétha, excédée par les crises de déni de sa Maîtresse, qu'elle subissait depuis des mois,....ne pensez-vous pas que vous devriez tout leur dire ? Ne pensez-vous pas que même si vous en avez honte, elles se ficheront de votre déchéance ? Je suis sûre qu'elles peuvent accepter votre mission pour ce qu'elle est : une simple mission., ajouta-t-elle sans réaliser que mettre ainsi des mots précis sur le malaise de Jadie était dangereux...
-JE T'AI DIT DE TE TAIRE, MAUDIT CHAT ! Ne peux-tu comprendre à la fin ?! J'ai dit que je ne leur dirai pas, un point c'est tout, elles n'ont pas besoin de savoir ça!

Laïlaétha s'énerva. Fortement. Elle tenait à sa Maîtresse avant tout pour sa force d'esprit à toute épreuve. Et ce qu'elle voyait là lui semblait un signe de faiblesse. Quand elle avait rejoint la Confrérie, elle était beaucoup plus sauvage, et ne suivait Jadie qu'en raison de sa force. Si elle avait vu cela à l'époque, elle lui aurait sauté dessus pour l'égorger. Mais aujourd'hui, elle ne ressentait que de la colère de voir que sa Maîtresse se laissait aller à une telle faiblesse, d'autant plus qu'elle avait honte de la Confrérie qu'elle dirigeait avec fierté et qui était leur premier lien. Furieuse, elle s'approcha de Jadie avec fermeté, et la souleva par le col sans la laisser opposer de résistance.

« -Je me moque de ce que vous me ferez une fois que j'aurai parlé. Je suis prête à l'endurer. Quoique vous décidiez de me faire en punition, je vais parler, et vous allez écouter. Elles sont vos Sœurs, elles sont celles qui affrontent tout, pour vous, et avec vous, et pour qui vous affrontez tout. Si quelque chose les assombrit, elles ne le cacheraient jamais. Elle sauraient y faire face, et elles sauraient accepter votre regard. Naztrix a enduré bien pire qu'une rétrogradation, et elle a toujours montré la marque de son tourment sans honte et sans peur. Vous, ma Maîtresse, n'êtes pas quelqu'un qui reculerait devant cela. Vous êtes plus forte que cela. Je refuse de vous voir détourner le visage en rougissant chaque fois que le nom de la Confrérie qui vous suit sans faille est évoqué. Faites ce que vous souhaitez, mais vous deviez entendre ça. »

Laïlaétha reposa Jadie, en qui une froide indignation remontait comme à la surface d'un volcan, et se recula tranquillement d'un pas, en croisant les bras et en la regardant dans les yeux, attendant la volée de coups ou la gifle qui allait suivre. Sa Maîtresse leva bien le bras d'un geste rageur, afin de la claquer, mais le coup ne s'abattit jamais. Jadie sentait confusément que Laïlaétha s'y était préparée, et que l'humiliation qu'elle venait de lui infliger ne pourrait pas être réparée ainsi...elle finit par parler, d'un ton froid et glacial, contrastant fortement avec la colère qui avait précédé :

« -Regardez-moi ça... alors ça y est, Laïlaétha Lunehiver se rebelle. Mon propre chat m'est hostile. Dois-je m'attendre à ce que tu plantes tes crocs dans ma gorge pendant mon sommeil ? Cela serait bien digne de ta perfidie... tu te montres enfin sous ton vrai jour. Tu penses que j'ai peur ? Que je recule ? MOI j'ai le sens de l'obéissance, chat – elle appuya sur le "chat" avec mépris –, et je ne discute pas mes supérieurs. Déchéance, oui. Doute, non. Je ne doute JAMAIS. Je ne dirai rien à mes Sœurs car je ne suis pas comme... vous, mes Confrères. Je suis une Championne de la Sainte Lumière, qui certes dirige la lie d'Azeroth, mais qui la dirige avec fermeté et fidélité. Non mais regardez-moi ça... mon chat me dit ce que je dois faire sur ma PROPRE vie ? Si tu n'es pas contente, je ne te retiens pas. Viens me dévorer dans mon sommeil ; mais je te tuerai avant. Autrement, ne t'avise plus JAMAIS de faire ce que tu viens de faire à ta Maîtresse. Maintenant je ne veux plus te voir ! Dégage! »

Durement touchée, mais trop fière pour le montrer, et déterminée à encaisser, Laïlaétha s'en alla lentement, sans honte ni fierté. Elle entendait les imprécations que Jadie continuait de cracher à son encontre entre ses dents. « ...animal arrogant.......d'autre que mes Sœurs n'a l'air capable d'entendre la moindre confession sans se sentir imbu de pouvoir.......ingrate !... ». N'y tenant plus, Laïlaétha s'arrêta et, sans se retourner, dit :

« J'ai osé braver la punition parce que je vous admire, Maîtresse. Je devais le faire. »

Jadie prit cela comme un coup à la gorge, et alors que Laïlaétha repartait, elle lui courut après en lui disant d'attendre, et la retourna en lui attrapant le bras. L'Elfe ne s'y attendait pas et se contenta de regarder sa Maîtresse, qui la tenait par le bras, et la regardait sans trouver ses mots, la bouche presque ouverte d'hésitation. Les deux femmes se plongèrent dans les yeux l'une de l'autre, chacune ne comprenant qu'à demi-mot ce qui se passait dans leur propre tête, et le silence devint vite insupportable. Jadie céda en premier, et lâcha le bras de Laïlaétha sans rien rajouter, pour se diriger vers la tente de Ko'nani avec un air hautain, trop fière pour dire à l'Elfe qu'elle avait son pardon. Elles partirent se coucher dans la tente sans plus dire un mot, mais cependant le cœur apaisé après cette dispute.

Le lendemain, alors qu'elles s'apprêtaient à partir pour Azjol-Nérub, le trappeur Mau'i arriva en fonçant dans la tente :

« -Jadie !! J'ai failli oublier ! Il faut quand même que tu ailles voir le petit!
-....par l'Enfer ! J'allais partir sans aller le voir! Tu as pu en prendre bien soin? Il va bien? fit-elle après un temps de réflexion.
-Il se porte à merveille, mais ça reste toi la première personne qu'il a vu en premier, et tu lui manques!
-C'est toi qui me l'a offert, mais tu savais bien qu'il ne pourrait pas me suivre hors du Norfendre. Je m'en serais volontiers occupée, mais je n'ai pas vraiment le choix...
-Et bien saisis cette chance, allons! »

Laïlaétha, intriguée par le sujet de la conversation, suivit sa Maîtresse hors de la tente, pour la découvrir en train de caresser la tête d'un petit pingouin avec douceur....elle se frotta les yeux, constata qu'elle était réveillée, aperçut le regard assassin de Jadie qui exprimait très clairement ce qui lui arriverait si elle parlait de ça à un seul Confrère, puis retourna s'occuper des affaires en se disant qu'elle devrait arrêter de s'étonner de ce qui pouvait arriver avec son étrange Maîtresse tant qu'elles étaient chez les Kalua'ks.

Spoiler:

Quand l'Elfe eut fini d'empaqueter toute la nourriture, la chasse étant impossible dans un endroit dont le gibier était maudit ou pestiféré, elle attendit simplement que Jadie vienne la chercher, mais celle-ci l'appela :

« -Le chat ! Amène les paquets et viens voir ça! »

Laïlaétha s'exécuta, et écarquilla de grands yeux devant ce que sa Maîtresse souhaitait lui montrer :

Spoiler:

« -Impressionnant, n'est-ce pas ? Ce sera notre monture pour tout le voyage, héhé!
-Nous allons déplacer en grimpant sur ce TRUC ENORME?!
-Exaaaaaaaaactement! fit Jadie, enjouée et totalement oublieuse de la dispute de la veille, maintenant, dépêches-toi de monter ! Je ne veux pas traîner. »

Bien que profondément perturbée par l'idée de monter sur le dos d'un autre animal, Laïlaétha monta. Elle finit par s'y faire, jusqu'au moment où le trappeur Mau'i lui signala gentiment qu'elle serait probablement plus à l'aise avec une selle. Elle allait décliner l'offre, mais Jadie lui ordonna de se dépêcher de mettre sa selle, et elle n'eut d'autre choix que de s'exécuter. Le voyage en mammouth jusqu'à la Fosse de Narjun, entrée d'Azjol-Nérub, fut pour elle une torture terrible. Elle était très mal à l'aise sur la selle, et le moindre mouvement semblait lui donner la nausée, ce qui n'émouvait pas le moins du monde sa Maîtresse. Quand elles durent s'arrêter afin de purger les esprits Roharts fous du village d'In'dule, ce fut presque un repos pour le chat. Les dangers à éviter étaient nombreux (Varleus agressifs, Horde puissante et établie, Elfes de la Nuit détestés des deux femmes) et elles avancèrent lentement. De plus, Azjol-Nérub n'était pas exactement indiquée, et si Jadie avait une idée assez précise de son emplacement, il était tout de même difficile de suivre des panneaux écrits en Taurahe :

« -Je vous assure que je peux le lire !
-...si tu le dis, vas-y je t'en prie...qu'est-ce que ce panneau-là indique ?
-Mmh....lieu sacré....ensommeillé....du lombric.
-OUBLIE CA! »

Enfin, la Paladine put repérer la Fosse grâce à ses souvenirs de la neige constamment couleur de sang qui l'entourait, mais le crépuscule arrivait, et elle ne voulait pas attaquer un tel morceau sans une bonne nuit de sommeil. Elles se posèrent non loin de l'entrée, mais pas trop près tout de même, et s'apprêtaient à préparer la nuit, quand un bruit mat se fit entendre derrière Jadie. Celle-ci se retourna immédiatement, regardant dans tous les sens, et finit par voir un petit objet rougeâtre tombé au sol devant ses pieds. Médusée, elle regarda l'objet en question être remonté vers le haut par un fil presque invisible. Le suivant du regard, elle et Laïlaétha reconnurent le Cube décrit par Ko'nani, et dégainèrent immédiatement leurs armes en pointant la tête vers le haut. Un Nérubien mort-vivant, perché dans l'arbre, faisait remonter le Cube jusqu'à lui par les fils de sa toile, et semblait les narguer. Une voix s'éleva sans qu'il fasse le moindre mouvement.

« -Intéressant....très intéressant.....
-Qui es-tu et que veux-tu, créature impie?!, beugla Jadie à l'adresse de l'araignée.
-Moi ? Je ne suis personne. Ou alors j'ai oublié. Je ne vois pas ce que ça change, mmh? fit le Nérubien, toujours d'une étonnante immobilité.
-C'est toi qui espionnes les Roharts, n'est-ce pas, monstre ? Je suis intéressée par ce Cube, et tu va me le donner immédiatement, compris sale bestiole!? »

Le Nérubien ne répondit que d'un petit rire, et ne fit pas le moindre mouvement. Jadie se mit à secouer l'arbre comme une forcenée, et fit chuter la créature, qui s'abattit dans la neige avec un bruit de craquement de chitine. Après examen, les Consoeurs constatèrent que la créature n'était pas morte-vivante, mais bel et bien morte. Aucune trace du Cube. Le corps était creusé, comme vidé de l'intérieur, et il semblait possible de s'y engouffrer tout entier.

« -....nous n'avons pas affaire à un Nérubien....., fit Laïlaétha en se relevant prestement,...ce n'est qu'un déguisement. Il est toujours là!
-Dooooonc.....si je comprends bien, c'est un Cube que tu désires, n'est-ce pas Jadie?

Comprenant à demi-mot, Laïlaétha se retourna à la place de Jadie, les deux femmes étant alors dos à dos, et put apercevoir une silhouette disparaître derrière un arbre.

« -GROOOOOOOOOOOAAAAAAAARRRRRRRRR!!!!!!!! »

Le chat laissa place au fauve, et une puissante lionne noire fonça avec force vers ce qu'elle avait aperçue, suivie par sa Maîtresse, pour ne trouver que de l'air. Une silhouette sombre, humanoïde cette fois, se détachait pourtant plus loin, au milieu des arbres. Son visage comme sa forme était impossible à distinguer. Ca aurait aussi bien pu être un Tauren qu'un Gobelin.

« -Qui es-tu et qu'est-ce que tu veux, dégénéré?!!!!
-Exactement la même chose que toi, Jadie. Je veux remplir ma mission. C'est là ce qui me reste., fit la silhouette avant de laisser tomber un objet couleur rouille au sol.

Les Consoeurs allèrent immédiatement le récupérer, et constatèrent que ce n'était qu'un caillou. L'espion avait à nouveau disparu.

« -Je déteste ce genre de saloperies....trouve-le avec ton foutu flair!
-Ici, ça ne sent que le Nérubien et le sang. Ce type est couvert des deux.
-Oh, ne vous en faites pas pour moi, on s'y fait très vite. Je dois prendre congé mesdames, j'espère que vous viendrez me visiter en mon Royaume d'Ahn'Kahet ? fit la voix de l'espion, résonnant d'où elle venait, dans la carcasse d'araignée. Nous pourrons parler de cette histoire de Cube plus longuement si tu le souhaites, Jadie. Je t'attendrai! »

Laïlaétha et sa Maîtresse se jetèrent à nouveau à toute allure, mais même encombré de son puant déguisement l'espion était bien plus rapide qu'elles, et s'évanouit bien vite dans la nuit en direction de la Fosse de Narjun. Frustrées et dépitées, les Consoeurs abandonnèrent la poursuite, se sachant perdues si elles fonçaient tête baissée dans un tel guêpier, et revinrent à l'endroit qu'elles avaient choisi comme camp. Elles discutèrent un peu de l'espion, et de la piste désormais indéniable que celui-ci représentait vers les Sœurs, et se promirent de lui mettre la main dessus. Ne pouvant faire de feu sous peine d'attirer Nérubiens, Varleus et Orcs, Jadie se résolut avec une certaine répugnance à survivre au froid en dormant contre l'épais ventre de la forme ursine de Laïlaétha, et ce sont cachées et serrées dans un recoin qu'elles passèrent la nuit, non sans que Jadie reconnaisse quelque peu que rien ne valait la graisse d'ours pour avoir chaud.

Spoiler:

Le lendemain, elles partirent pour la Fosse de Narjun, déterminées à casser du Nérubien et à mettre la main sur l'espion et le Cube, aussi maigre que soit l'indice. A l'entrée de la Fosse, sorte de trou béant dans la glace sous lequel on pouvait parfois entendre quelques bruissements immondes et dont une odeur fétide s'échappait en permanence, Jadie ordonna à sa servante de se retourner, afin qu'elle puisse enfiler sa vieille armure de Championne, qui après un an sans avoir servi brillait toujours autant, grâce aux soins jaloux de la Croisée. Ce fut engoncée fièrement dans une armure d'or et de vermeil, Ignis, son épée, dans une main et Fides, son bouclier dans l'autre, que Jadie ceignit sa couronne de Championne et chargea dans les sombres tunnels de glace, prête à pourfendre les armées qui s'y terrait à elle seule s'il le fallait. Laïlaétha la suivit, toutes griffes et dents dehors, avec plus de prudence et d'observation, mais sans rien à lui envier en matière de sauvagerie.

Les premiers Nerub'ar ne mirent pas bien longtemps à sortir de leurs tanières, mais elles étaient prêtes et parées, et chargèrent à travers les non-morts comme des furies ardentes. Il ne s'agissait que de quelques sentinelles, et des gardes des tunnels de glace, et ils ne s'attendaient pas à une telle attaque. Elles les traversèrent comme du beurre, coupant et déchiquetant pattes et corps, prenant parfois des groupes en tenaille, toujours avec une efficacité destructrice qui les mettait en joie. Jadie était déjà venue, mais les labyrinthes souterrains de la Désolation étaient denses. Elle mit un moment à retrouver le chemin d'Azjol-Nérub, la cité des araignées, qui selon les rumeurs creusaient un gruyère complet dans tout le Norfendre, et même au-delà.

A partir de leur entrée dans ces cavernes, leur progression fut plus difficile. Les créatures mortes-vivantes avaient été prévenues de leur arrivée, et l'endroit était taillé pour des créatures ignorant la gravité. Toutefois, en conservant un front serré et en ne se laissant pas encercler par les embuscades des araignées, Jadie et Laïlaétha parvinrent à se frayer un chemin dans les profondeurs. Chaque pas en avant et chaque Nérubien fracassé rappelait à la Croisée les visages des combattants qu'elle avait entraînés et dirigés dans les tunnels, et qui avaient tous trouvés une mort affreuse, bien que glorieuse, sous les crocs des monstres.

Ainsi, bien loin de s'épuiser, ce fut pleine de rage et de soif de vengeance qu'elle arriva devant l'entrée de la cité proprement dite. Les ziggourats du Fléau avaient toujours été des monuments de morts, répandant la peste, mais présentées ainsi, dans la gloire chtonienne des arachnides, couvertes de dorures et de gravures immémoriales, même Jadie ne put s'empêcher d'être impressionnée. Azjol-Nérub était une véritable cité oubliée, et elle vivait encore, bien plus loin sous la surface, dans le Royaume Oublié d'Ahn'Kahet...

Les deux femmes n'eurent que peu de temps pour se perdre dans les considérations esthétiques, le Gardien de la Porte, Krik'thir, étant arrivé pour mettre fin à leur invasion. Ce grand prophète était un dirigeant du temps de sa vie, et c'est pourquoi le Fléau en avait fait le superviseur du front de la Désolation, sous les ordres du général Anub'Arak. Voir le moindre représentant d'un ordre religieux autre que la Croisade Ecarlate énervait Jadie, mais un prêtre impie des puissances obscures dissimulées sous les profondeurs de la terre était tout ce qu'il lui fallait pour lui donner envie de répandre une boucherie. Elle se chargea de lui, balayant ses malédictions anciennes comme des toiles d'araignées envahissantes, et Ignis pourfendit la bête pendant que Laïlaétha se chargeait de lui laisser le champ libre en massacrant les gardes qui venaient en renforts.

Alors qu'elles se reposaient quelques minutes de ces féroces batailles, la voix honnie de l'espion mystérieux qui les avait attirées ici retentit :

« -Oui, haha ! Combattez ! Pourfendez ! Tranchez ! Il faut être sans pitié avec ces sales Nérubiens !! »

Les Consœurs regardèrent prestement autour d'elle afin de trouver d'où se moquait leur proie, mais les tunnels et les voies d'air des cavernes étaient infinis, et le mystérieux détenteur du Cube aurait pu se trouver n'importe où. Jadie n'y prêta que peu attention sur le moment, enragée qu'elle était, mais Laïlaétha nota quelque chose de curieux chez lui : sa voix, bien que maintes fois moqueuse, voir railleuse, avait toujours eu un ton strictement monocorde, vide de sentiments, comme si l'ombre ne faisait qu'exprimer des affirmations qui lui passaient par la tête.

« -Attends un peu que je te mette la main dessus, pauvre fou ! Alors, tu sauras comment je suis quand je ne montre pas de pitié!!!! »

Agacée que leur proie ait gâché son ivresse guerrière, Jadie continua la marche d'un pas rageur, suivie de sa panthère aux aguets, prête à bondir sur le moindre mouvement. Si elles n'avaient parcouru jusque là que de sombres cavernes creusées, sculptées et taillées pendant des millénaires par les Nérubiens, où il était encore aisé de se repérer pour le conquérant intelligent, ce qui devait suivre était tout autre. Elles mirent le pied sur un sol fait entièrement de toiles denses et entremêlées, à la complexité monumentale. Chacun de leurs mouvements envoyaient une vibration dans le réseau de toile qui plongeait dans les profondeurs, et elles ne pouvaient s'empêcher d'anticiper une attaque massive à tout moment, sachant très bien toutes les deux que ces vibrations arrivaient quelque part. Il y avait encore quelques Nérubiens nécrosés pour leur barrer la route, mais ils se faisaient rares, et semblaient être des traînards ou des abandonnés plus qu'autre chose. Ce fut quand elles eurent descendu quelques niveaux de toiles que le cauchemar commença.

Les Nérubiens et leurs légions araignées étaient bien sûrs puissants. Leurs mandibules, leurs pattes griffues, leur intelligence retorse et la brutalité typique des non-morts avec laquelle ils se lançaient au combat en faisaient des créatures plus que redoutables. Mais ce qui faisaient vraiment la puissance de ces démons des cryptes, ce qui leur avait permis de mener la guerre contre le Roi-Liche et de lutter si longtemps et si bien que bien plus profondément, des Nérubiens vivants et vengeurs vivaient encore, ce qui enfin en faisait de tels atouts pour le Fléau et avait tant semé la panique parmi les autres races, c'était la force primordiale de toute armée : le nombre. Les maîtres d'Azjol-Nérub étaient des millions à ramper dans les profondeurs gelées, et la Horde et l'Alliance n'en avait en réalité combattu qu'un petit nombre. Ce furent ces masses qui déferlèrent sur Jadie et Laïlaétha, qui se retrouvèrent bien vite isolées au milieu d'une mer d'araignées et créatures innomables, au point ou l'espoir ne semblait pas permis.

Cependant, ce n'était pas n'importe qui qui pouvait oser charger cette cité sans peur. La Paladine et sa servante n'étaient pas des femmes ordinaires. Elles étaient puissantes, intelligentes, et leurs pouvoirs surpassaient de loin leur simple force physique, bien que considérable. Laïlaétha était incapable de combattre une telle masse, mais ses pattes, ses ailes et ses crocs lui permettaient de virevolter par-dessus la marée, harcelant les créatures comme un fléau furieux. Jadie quant à elle, avait pour arme la force de la Lumière, et l'interprétation colérique et guerrière qu'elle en avait ne rendait ses appels à l'énergie Sacrée de sa Foi que plus puissants et dangereux. Sans cesse elle repoussait les marées de Démons, gagnée de joie sauvage à chaque créature brûlée. Son épée flamboyante lui permettait de se tracer un chemin dans les légions putrides, et sa compagne était là pour couvrir ses arrières et mettre fin à la chance des araignées isolées qui échappaient à son tourbillon divin. Ce fut ainsi, comme deux flammes vengeresses, qu'elles continuèrent inlassablement leur avancée dans Azjol-Nérub, la cité de toile, et survécurent à la marée qui avait emporté tant de guerriers.

Elles descendirent ainsi en combattant sans relâche dans les toiles emmêlées des Nérubiens, et parvinrent à passer le gros de la cité en se plongeant dans les plus noires profondeurs. Arrivant à des goulets formés par des roches sombres et presque invisibles dans l'obscurité, et prirent leurs assaillants en étranglement, et scellèrent le passage à force de pierres et de cadavres. Elles ne comprirent que le combat s'était achevé que lorsque que leurs coups ne rencontrèrent plus que l'air chaud des cavernes. Elles prirent le temps de se reposer de ce combat héroïque en mangeant un morceau, ayant pénétré dans les tunnels depuis déjà plus de douze heures. Leur triomphe était savouré dans le jus de la viande, quand l'obscurité se mit à nouveau à murmurer :

« -C'était magnifique ! Vraiment exceptionnel ! Tu es vraiment une combattante acharnée, Jadie, et ta panthère est elle aussi stupéfiante. Nul doute qu'avec tel courage, vous pouvez sauver les Sept Sœurs.
-Misérable ! Tu connais donc mes Sœurs ?! Que leur as-tu fait ?! Parle!
-Moi ? Rien. Mais je les connais, ça c'est sûr. D'ailleurs, il doit certainement y'en avoir une ici. Voyons....mais qui est-ce donc ? Voyons....Telescia n'est pas ici, je pense, ni Iulie, c'est trop moche. Naztrix serait très bien ici, donc ce n'est pas elle, et Hildegarde et Eurelie s'ennuiraient toutes les deux. Qui d'autre, mmh ? Ah ! J'ai oublié Vieley. Mais ça ne compte pas. Et Jadie, bien sûr...oui...Jadie ! Je suis sûre que c'est elle ! Elle est ici ! Il faut la sauver, ma Sœur, allons !
-Cesse cette farce, hérétique ! Tu sera moins oublieux quand je t'aurai passé à la Question!
-Avez-vous remarqué, Maîtresse ? Peu importe tout ce qu'il a pu dire, il a gardé un ton étrangement égal. Il est probablement en train de nous narguer, mais je pense bien qu'une partie de son délire doit provenir de la folie.
-Qu'importe ! Tous les incroyants sont des fous, de toute façon. Et ce n'est pas la folie qui lui a fait connaître les Sept Sœurs, ou qui lui a donné ce Cube. Nous allons le trouver, et lui faire cracher le morceau. »

Jadie se releva, et continua sa marche vers la direction d'où la voix semblait provenir. Son pas était tout aussi furieux qu'auparavant, mais elle commença progressivement à marquer des lenteurs, des prudences, des hésitations, à tel point que Laïlaétha manqua de lui rentrer dedans à plusieurs reprises.

« -Quelque chose ne va pas, Maîtresse ? Y'a-t-il un nouveau danger?
-Si l'on peut dire....je reconnais de plus en plus cet endroit. La dernière fois, nous fument dix à arriver ici, le reste de nos compagnons étant tombé au champ d'honneur contre ce que nous venons de combattre. C'est non loin d'ici que notre assaut à tourné court, quand nous sommes tombés sur.......Hadronox. »

Alors qu'elle prononçait ce mot, Jadie relevait les yeux vers la forme blanche qui s'agitait dans l'ombre, un peu plus loin. A la lueur des champignons et de quelques lucioles, les deux femmes pouvaient distinguer une araignée plus énorme que tout ce qu'elles avaient vu, livide et maladive, elle aurait touché le plafond du Manoir tellement elle était immense. La Croisée serra son épée jusqu'à en avoir mal, la créature qu'elle voyait en face d'elle étant responsable de la mort de ses soldats, et de son cuisant échec passé.

« -Ecoute-bien, cette chose possède des poisons horribles, est bien plus rapide qu'elle en a l'air, et des horreurs du Fléau seront sûrement là pour l'aider. Vu sa taille, la hargne ne nous gagnera rien cette fois-ci. Il faut impérativement sectionner ses longues pattes, pour pouvoir atteindre ses points vitaux. Tu es discrète et rapide, et je suis résistante, je servirai donc d'appât pendant que tu la prendra à revers pour lui couper la toile sous le pied. Bien compris, le chat?
-Oui, Maîtresse, je ferai vite. dit simplement Laïlaétha, qui bien que réticente à l'idée d'exposer celle qu'elle devait protéger au danger sans aide, savait que c'était la seule tactique valable.

Ainsi, Jadie chargea la bête, et eut l'occasion de la désorienter en lui portant le premier sang, surprise qu'elle était de voir une si puissante lumière dans ces profondeurs. Mais Hadronox la blanche reprit bien vite force, et harcela son ennemie de ses crocs et de ses griffes, manquant de l'empaler sur le sol à chaque instant. Celle-ci dut bientôt se résoudre à parer et à esquiver sans cesse, devant en plus taillader les soldats qui venaient la harceler par derrière. La panthère fit cependant son office, et fondue dans une nuit plus noire que les bêtes mêmes se faufila derrière la bête, et mordit cruellement ses pattes arrière, la faisant pousser des cris affreux de douleur, et la mettant à genoux. Constatant le succès de son plan, Jadie abattit avec joie sa lame dans les pattes avant d'Hadronox, profitant de sa surprise, amenant ainsi son corps mou et sans défense au niveau du sol. Les deux Consœurs s'en donnèrent à cœur joie sur leur adversaire désormais vulnérable, et massacrèrent la bête jusqu'à ce qu'elle ne soit que bouillie blanchâtre, tandis que les araignées terrifiées disparaissaient dans le noir.

L'âme ragaillardie par cette victoire qu'elle n'avait pu autrefois arracher, et par la vengeance qu'elle avait accompli, Jadie continua sans plus attendre leur descente infernale. La pente se fit bientôt très forte, et les Consœurs manquaient sans cesse de courir ou de tomber. Au bout de ces longs corridors obscurs et entoilés, elles trouvèrent un trou béant dans la roche. N'ayant pas d'autre route à emprunter, et un son d'eau proche se faisant entendre, elles tentèrent leur chance et sautèrent à pieds joints, ayant chacune leurs façons de réchapper des chutes. Celle-ci fut humide. Une eau sale et croupie amortit leur tombée, et elles se relevèrent dans une caverne couverte de motifs anciens et étranges, qui mettaient mal à l'aise et faisaient mal à la tête chaque fois qu'on tentait de les observer à la lueur des champignons.

Laïlaétha avait un estomac réglé comme la meilleure des horloges, et en usait d'ailleurs exactement ainsi. Celui-ci l'informa que le soir était arrivé, et l'heure du repas avec. Jadie accorda qu'un peu de repos ne serait pas de trop, d'autant plus qu'elles allaient attaquer une portion d'Azjol-Nérub qui lui était inconnue. Elles mangèrent les poissons salés et les laits de phoque bien chauds que les Roharts leur avaient généreusement donnés pour leur mission, et mangèrent tranquillement sans parler, fourbues et satisfaites d'être arrivées-là. Leurs esprits furent à nouveau tourmentés quand la voix, qu'aucun des coups d'épées distribués n'avaient semblé atteindre, résonna à nouveau dans les cavernes :

« -Haha, nous y parvenons ! Encore quelques pas, et la mission sera un succès, ma Sœur, nous pourrons la sortir de là!
-Encore toi, maudite engeance !!! Dommage que j'ai à te faire parler, car j'aurais rêvé de commencer ton interrogatoire par te couper la langue!
-Tant d'ardeur ! Moi aussi je suis empressée de revoir nos Sœurs ! Après tout, que serais-je sans elle ? Le monde est si froid.
-PAR L'ENFER, TAIS-TOI!! NE PARLE PAS D'ELLES !!
-Mais c'est la vérité ! Ce sont mes seules amies, les seules avec que je ne suis pas impitoyable. Je les aime tant...j'irais jusqu'au bout du monde pour les sauver s'il y a un espoir ! Je ferais tout ! Tout! Quand nous aurons mis un terme à cette abjection d'Anub'Arak, enfin nous pourrons être réuniens, ma chère Jadie! »

Pendant tous ces dialogues, Laïlaétha analysait leur mystérieux adversaire. Il n'y avait pas réellement un manque d'émotions dans sa voix, il était simplement impossible de percevoir quelles elles étaient. Impossible de savoir ce qu'il y avait de vrai, de faux et de fou dans ses paroles. L'écho des cavernes déformaient tant le son qu'il lui était même impossible de déterminer s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme, ce qui l'aurait tout de même un peu fixée. Elle détacha son attention de ses oreilles quand elle aperçut le visage de Jadie. Celle-ci était à nouveau animée de la haine froide qui l'avait férocement insultée à Moa'ki, mais cette fois-là n'était qu'un accès de colère. Elle était dans un état de haine sans précédent, chacune des paroles de l'espion semblant violer sa pensée et voler les sentiments qu'elle conservait enfouis. Elle ne voulait plus que la destruction, et pourtant ne pouvait même pas mettre une image sur son tourmenteur. Excédée, elle se mit à hurler et à frapper dans tous les coins :

« -JE VAIS TE TUER, TU ENTENDS !!!!?? JE VAIS TE FAIRE HURLER COMME UN PORC ET TE FAIRE BOIRE DE L'ACIDE POUR CHAQUE INSULTE QUE TU A OSE PROFERER SUR MES S OEURS !! MONSTRE ABJECT ! JE N'EN PEUX PLUS DE TOI, FOU, JE N'EN PEUX PLUS DE CES MAUDITES CAVERNES REMPLIES D'HORREURS, beugla-elle la bave aux lèvres, donnant des coups dans tout ce qu'elle croisait, J'EN AI ASSEZ DE CETTE TERRE MAUDITE, ET DE CE FICHU CHAT DEGENERE QUI ME SUIT PARTOUT!!!

Jadie acheva sa beuglante en attrapant Laïlaétha sans coup férir et en lui alignant des coups de poings rageurs pendant quelques secondes, celle-ci se défendant comme elle le pouvait. Réalisant ce qu'elle faisait, elle stoppa net, et aida sa servante à se relever.

« -...oublie ce que je viens de dire, le chat. Ce sot m'enrage!!
- Ce n'est rien, Maîtresse. Je suis sûre que le faire hurler lui vous fera beaucoup plus de bien que de hurler vous-même, pourquoi n'allons-nous pas nous occuper de ça?
-Tu as bien raison ! Faisons le souffrir! »

Déterminées à faire payer le coup bas que les mots des ténèbres avaient fait à Jadie, les deux guerrières continuèrent leur chemin dans des couloirs cette fois taillés et ornementés. Elles ne prêtèrent pas attention à leur origine, et de toute façon elles n'y auraient rien entendu si elles avaient essayé. L'architecture des grottes demeurait tortueuse, et elles firent un bon bout de chemin, toujours à pourfendre des Nérubiens isolés, jusqu'à arriver à une grande salle plus détaillée, qui marquait un niveau très ancien d'Azjol-Nérub. Au centre de la salle se tenait un Nérubien en armure puissante, couvert de cicatrices de guerre, très grand et en armes. Il s'agissait du général des armées Nérubiennes du Fléau, le puissant Anub'Arak, qui bien qu'abattu autrefois par la Horde trônait comme un garde royal.

« -Ce champion de la monstruosité est puissant, et cruel. Je ne sais pas ce qu'il fait là, et ça n'augure rien de bon si le nécromant quelconque responsable de tout ça a pu le relever encore une fois...
-Notre proie connaît si bien les tunnels qu'il nous a suivies tout ce temps sans se montrer à un moment....je doute qu'il ait pu passer sans attirer l'attention des Nérubiens, cependant. Ni les passer au combat sans que nous entendions quoi que ce soit, vu comme sa voix peut nous parvenir en permanence. Il est sûrement leur allié.
-Il suffira de lui demander ! Allons, gagnons la chance pour les Humains de clamer une victoire sur Anub'Arak! On ne laisse pas un tel morceau aux Orcs ! »

Jadie chargea alors la créature, déterminée à en découdre, suivie par sa panthère qui se moquait éperdument d'être oubliée dans le lot de la gloire. Anub'Arak était le gardien de la passe vers la Couronne de Glace, et bien que celle soit ait été détruite par les forces de Saurcroc le Jeune, ses pièges étaient toujours aussi mortels. Les combattantes furent coincées au centre de la pièce par ses toiles, et celui-ci put échapper à leur puissance en se servant des réseaux de fils suspendus au plafond. Des araignées arrivaient sans cesse, mais pas en masse infinie, non, elles se faufilaient dans la toile, petites et meurtrières, et s'efforçaient d'infliger leur venin aux intruses. Toutefois, la panthère avait l'habitude des bêtes à poison, et put vite avertir sa Maîtresse de la façon dont il fallait réagir pour éviter de se faire atteindre. Les voyant se concentrer sur le meurtre méthodique de ses assassines, Anub'Arak descendit lentement de ses fils, sachant les prendre par surprise et les écraser une par une sous sa force. Toutefois, la vigilance recommandée par le fauve concernait aussi l'arrière, et ce qui se passait au-dessus, et dès qu'il fut vraiment à portée de coup, ce fut lui qui fut piégé. Laïlaétha et Jadie l'attaquèrent férocement et l'attaquèrent de toute part, la Croisée l'engageant au combat comme une flamme mouvante, et l'Elfe lui lacérant le dos à féroces coups de griffes et de crocs. A force de coups sauvages, elles percèrent son corps et firent jaillir sur le sol les flots d'ichor acide qui agitaient sa carcasse.

Sachant que l'espion avait dit apparaître à la mort d'Anub'Arak, Jadie et Laïlaétha ne se détendirent pas et continuèrent de regarder autour d'elles, prêtes à en découdre. Leur tourmenteur avait tenu parole, car apparut enfin à un des bouts de la salle l'étrange personnage qui les harcelait sans relâche. Celui-ci ressemblait lui-même à une créature impie et immonde, bien qu'il disposa de bras et de jambes : ses vêtements semblaient être les lambeaux de cuir raccommodés d'un millier d'insectes horribles, et il puait plus que n'importe laquelle des araignées affrontées jusque là. Son visage était dissimulée sous un épais capuchon qui recouvrait jusqu'à ses épaules, et des tentacules immondes, enroulées autour de cornes tordues, dépassaient de l'ombre du tissu, comme si son visage même n'était qu'un amoncellement de lambeaux de chair marine. Deux paires de crocs noirs comme la nuit pendaient à sa ceinture, et semblaient être ses armes.

Spoiler:

« -Ca y est ! Tu as réussi, Jadie, enfin!
-Tais-toi, maudit bâtard ! Nous allons te faire payer ce que tu as dit sur les Sœurs, et nous allons te faire cracher ce que tu sais vraiment sur elle...mais d'abord, envoie-moi ton Cube si intriguant. Si tu obéis à tous mes ordres, tu as une chance d'en sortir vivant.
-Mon Cube ? Mais très volontiers, je ne demande pas mieux. »

Le dégoûtant tourmenteur s'approcha de Jadie à pas de velours, semblant pouvoir changer de direction à chaque instant, et vint tout simplement lui placer le Cube dans la main. On aurait pu croire qu'il arborait un sourire narquois si son visage n'avait pas été entièrement dissimulé. La Croisée referma la main dessus avec circonspection et méfiance, s'attendant à un piège, qui effectivement ne tarda pas à venir. Bien qu'elle se soit attendue à un tel coup bas, elle ne put empêcher le dément de lui asséner un violent coup de tête dans le visage, si rapide qu'il était. Celui-ci reprit le Cube et s'enfuit à toute allure vers les profondeurs.

« -PAR L'ENFER ! Après lui! »



Dernière édition par Taltos Queen le Lun 27 Aoû - 6:41, édité 1 fois
Taltos Queen
Taltos Queen
VIP
VIP

Messages : 242

Revenir en haut Aller en bas

Wrath of the Lich Prince - Odyssée au Norfendre Empty Re: Wrath of the Lich Prince - Odyssée au Norfendre

Message  Taltos Queen Lun 27 Aoû - 6:01

Laïlaétha, changée en fin léopard, donna la chasse à leur ennemi dans les couloirs désormais entièrement taillés d'Azjol-Nérub. Elle le surpassait largement en vitesse, bien qu'il soit d'une vélocité hallucinante, mais ne put le suivre dans les sombres labyrinthes que lui connaissait comme sa poche. Le suivant cependant toujours à l'odeur, elle traversa sans y prêter attention des couloirs dorés, remplis de vitraux animés de la sombre lueur rouge de la lave. Elle arrêta sa course folle quand elle comprit qu'elle avait plongé dans des profondeurs qui dépassaient la puissance de la cité des Nérubiens. Elle n'était plus dans Azjol-Nérub. Elle était encore plus profond, dans le Royaume Oublié d'Ahn'Kahet, bastion des Sans-Visages, serviteurs du Dieu Très Ancien Yogg-Saron.

Elle se trouvait dans une immense caverne scintillante, remplie de champignons bigarrés. D'immenses ziggourats, palais anciens pour des créatures d'autres temps, trônaient dans dans ce sous-monde, imposant une terrifiante abondance désormais disparue. Elle entendit les bruits des combats en-dessous d'elle, et comprit qu'une bataille était en train de se dérouler dans l'Ancien Royaume. Elle déduisit vite qu'elle ne pouvait poursuivre sa filature à la vitesse, et espionna un peu pour voir de quoi il retournait, en attendant que Jadie arrive.

Spoiler:

Quand ce fut le cas, Laïlaétha put lui expliquer qu'elle avait vu des cadavres anciens de nécromanciens un peu partout, et que seuls les Démons des Cryptes avaient été relevés du passé. Ceux-ci étaient engagés dans un violent combat contre d'autres Nérubiens, vivants cette fois, et elle avait repéré des sectateurs du Crépuscule et des Sans-Visages dans leurs rangs, combattant les non-morts.

« -Oui....il avait été établi par beaucoup de chercheurs que ces horribles créatures, non contentes d'être mortes-vivantes, étaient à la base les servantes des Dieux Très Anciens. Ces choses sont aussi répugnantes et impies que les Démons et le Fléau ! Ils sont TOUS nos ennemis ici ! Nous allons charger ! POUR LA LUMIERE! »

Laïlaétha, bien que peu inspirée par l'idée d'attaquer deux armées des plus sombres forces en existence, chargea à sa suite. Prenant les forces mortes-vivantes à revers, elles taillèrent leur chemin dans les rangs impies en attaquant là où ils ne s'y attendaient pas, et passèrent les barrières effondrées que le Fléau avait mis en place pour bloquer leurs assaillants. Enfin, elles débouchèrent sur des sectateurs médusés de se faire attaquer par des races mortelles. Les deux femmes étaient mieux adaptées au combat individuel qu'autre chose, et abattre un à un des ennemis qui n'étaient pas prêts à risquer leur vie en masse fut bien plus aisée que de repousser les rangs arachnides. Les choses se compliquèrent cependant quand la leader des forces du Marteau du Crépuscule en présence, Jedoga Cherchelombre. La puissante Orque leur opposa de puissances forces élémentaires, renforcée par les élémentaires de feu asservis par Aile de Mort, et si Jadie parvenait tout à fait à tenir sa position et à gagner peu à peu l'avantage sur la puissance de son ennemie, Laïlaétha fut moins chanceuse.

Peu défendue contre les totems maudits du Cherchelombre, les coups de l'Orque lui étaient très durs à encaisser. Elle finit par perdre conscience, frappée par la force des éléments corrompus. Enragée, Jadie décapita son adversaire d'un coup d'épée rageur avant de voir que sa servante gisait sur le sol, ensanglantée.

« -LAÏLAETHA! »

La Paladine se mit à incanter une fervente prière pour l'Elfe, appelant la Sainte Lumière de ses vœux pour qu'elle la ramène auprès d'elle. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'est que la nature msytique et magique de sa garde du corps allait très bien réagir à ça. La Lumière envahit le corps de Laïlaétha, illuminant sa peau et éclairant l'Ancien Royaume jonché de cadavres, résonnant toujours des bruits de bataille. Elle se releva, irradiant de Lumière, sous les yeux médusés de Jadie, et se mit à la couvrir de remerciements exaltés.

« - Mais...mais que t'est-il arrivé, chat?? dit-elle une fois que celle-ci fut revenue à la normale
-Je l'ignore, Maîtresse....j'ai ressenti votre appel....j'ai ressenti votre volonté de me ramener...l'exaltation a envahi mon corps. Je sentais la Lumière battre en moi, éclairant chaque recoin de l'univers...
-Par l'Enfer....tu as été transcendée par la Sainte Lumière....alors que tu es une Elfe inférieure ! Comment est-ce possible ?! Ta foi ne peut être si grande sans avoir été formée pendant des années!
-N'oubliez pas la créature que je suis réellement, Maîtresse...toutes les énergies m'envahissent avec aisance. La bonté de la Lumière et votre prière ont touchés directement mon âme...
-Impressionnant....tu as bien de la chance, maudit chat ! Mais la Lumière, bien qu'infiniment Bonne, ne t'a pas ramené à la vie sans raison....tu es revenue pour COMBATTRE, ma fille ! Allez!
-Oui, au combat! »

Avec un courage et une foi renouvelée, et un peu plus de confiance l'une envers l'autre, Jadie et Laïlaétha continuèrent leur charge dans l'Ancien Royaume. Les Sans-Visages s'opposaient sans cesse à elle, mais ils étaient peu nombreux, et leur puissance ne put rien face à la furie des Consoeurs. Sur le chemin, elles croisèrent les merveilles maudites de la cité de Yogg-Saron, et Jadie eut beaucoup de mal à détacher son regard et son esprit d'un lac étrange, formant toutes sortes de visages en son sein. Elles passèrent des idoles impies et oubliées, dédiées à la folie primordiale que les Titans avaient enfermée dans le sol du Norfendre.

Parvenant dans les tréfonds de l'Ancien Royaume, les deux femmes remirent enfin la main sur le mystérieux espion. Celui-ci courait, s'enfuyant manifestement, dans leur direction. En les voyant, il hurla :

« -Non ! Repartez vite ! Le Héraut arrive, c'est dangereux! »

Le Héraut était Volazj, un Sans-Visage immense qui agitait les autres, et servait de volonté vivante au puissant Yogg-Saron. Loin de se démonter, Jadie et Laïlaétha firent front. L'espion voulut les exhorter à fuir, mais elles n'écoutèrent rien. Alors, il demeura, et combattit également Volazj, déchiquetant ses tentacules avec férocité et vélocité. Il était rapide et habile, et les trois alliés de circonstance mirent bien vite un terme à la semblance de vie du Sans-Visage. Une fois abattu, les Consoeurs se tournèrent vers leur cible, prenant soin de lui barrer la route vers l'extérieur.

« -Je préférerais te faire passer par la Question, hérétique, mais si il se trouve que tu es une anguille trop puante pour être attrapée, je te purgerai comme il se doit!
-Je....j'accomplirai ma mission. Je le dois.
-Hmpf....le chat ! Attrape-moi cette fichue souris! »

Laïlaétha chargea, toujours sous forme elfique, sachant que son adversaire clouerait au sol toute autre forme de combat. Elle virevolta, dansa, para et esquiva les coups de son adversaire, faisant simplement pousser sa fourrure et ses griffes sur son corps musclé. Son opposant la surpassait en vitesse et en agilité, mais elle avait l'avantage de la taille et de l'allonge, et était plus souple. De plus, son adversaire semblait hésiter à frapper, il sautillait et virevoltait sans faire de manœuvres réellement meurtrières, et ne semblait pas chercher à fuir pour autant. Il tentait parfois des percées vers Jadie, mais l'Elfe le bloquait. C'était sans fin.

Un peu agacée de ce combat traînant en longueur, la Croisée émit un raclement de gorge exaspéré. Laïlaétha comprit qu'elle voulait régler cette histoire, et se servit de son jeu de jambes pour faire basculer son adversaire entre elle et sa Maîtresse. L'espion ne se laissa pas déstabiliser et s'apprêta à frapper Jadie, qui dégainait, en s'éloignant de l'Elfe par un rapide mouvement de talon. La Paladine repoussa son assaut d'un revers de bouclier, puis lança un puissant estoc, plus destiné à la faire reculer et à le prendre en tenaille qu'à l'embrocher.

Toutefois, elle avait sous-estimé la dextérité de son adversaire. Celui-ci, d'un simple mouvement de hanche put se placer hors de portée d'Ignis, levant un de ses crocs pour l'abattre sur Jadie. Laïlaétha n'avait pas le temps de l'attraper par derrière. La Croisée était emportée par son mouvement, et devait fatalement prendre le coup. Elle s'était faite avoir. Alors que le poignard s'abattait, elle distingua les yeux de son ennemi, caché par les lambeaux de chair, et ils échangèrent un regard. Elle ne ferma pas les yeux quand le coup tomba. Elle l'attendit de pied ferme, déterminée à survivre. Elle l'attendit. Elle l'attendit. Rien ne se passa. L'espion était debout, il avait abattu son poignard mais pas dans sa chair. Elle baissa les yeux, cherchant à comprendre : Ignis était plantée dans le ventre de son ennemi, ainsi que son croc d'ébène. Il s'était poignardé lui-même, et s'était offert à sa lame.

Laïlaétha avait stoppé sa course, constatant la lame flamboyante et la pointe noire qui dépassaient du dos de son adversaire. Les deux Consoeurs restèrent un instant interdites devant le geste, manifestement volontaire, de l'immonde combattant. Celui-ci s'effondra sur le sol, laissant échapper une flaque de sang écarlate par son abdomen. Jadie eut un sourire de profonde satisfaction.

« -Enfin.....nous allons lui faire cracher autant que possible tant qu'il est encore vivant. Je n'ai pas mes outils, mais Ignis fera bon office. Le chat, enlève son masque. »

Laïlaétha s'exécuta, et découvrit le visage de leur ennemi en enlevant son capuchon et les bouts de tentacules dont il s'était couvert. Un visage incontestablement Humain fut révélé. C'était une femme, la peau mate, couverte de crasse, des cheveux noirs emmêlés lui tombant jusqu'aux épaules. L'Elfe passa un moment à dégager toutes les humeurs puantes dont elle était couverte, mais s'arrêta en entendit un bruit de métal derrière elle. Elle se retourna, et vit que Jadie avait lâché Ignis et Fides au sol, et fixait le visage de l'espionne d'un air livide.

« -Non....non... !! Ce n'est pas possible ! C'est ridicule ! C'est....c'est encore un piège !
-....Jadie...., fit l'espionne gisante, la voix désormais clairement audible, féminine et pleine d'émotions.
-Non....NON !!! Tu n'es pas Vieley ! Ce n'est pas vrai ! C'EST UN ODIEUX MENSONGE!! dit Jadie, qui espérait de plus en plus se réveiller, et dont l'horreur était désormais palpable. »

Laïlaétha comprit de quoi il en retournait, et regarda Vieley allongée près d'elle, cherchant à détecter une illusion. Mais elle savait qu'il n'y en avait pas. Jadie venait d'empaler une de ses propres Sœurs. Les deux Consoeurs s'agenouillèrent près de la voleuse, dont les blessures étaient clairement trop importantes pour être soignées.

« -Pardonne-moi, ma Sœur...c'était la seule solution....son emprise est forte...il n'y avait pas d'autre moyen...
-Vieley...non !! Non non non ! Je...j'étais venue te sauver, par tous les Saints ! Ce n'est pas vrai!
-C'est moi qui ait enfoncé ta lame, Jadie. Pas toi. Tu as fait ce que tu devais faire....et au final, moi aussi, fit Vieley après avoir craché une gerbe de sang, avant de sortir le Cube des recoins de son attirail : prends ceci, ma Sœur. Cet chose est dangereuse, impie, et m'a torturé l'esprit...je devais te le donner, mais il ne me laissait pas faire. Mais j'ai réussi, ma Sœur.....j'ai réussi.....emporte-le ! Garde-le. Résiste à son pouvoir. Tu es la plus obstinée d'entre nous, tu saura le rejeter, je le sais...prend ce couloir, et marche droit pendant deux jours, tu remontera directement vers la Fosse de Narjun...
-Attends Vieley, je ne comprend rien !!! Je...ça ne va pas finir ainsi ! Non!
-C'est puant et noir, ma Sœur, mais c'est ça mon champ d'honneur...ma mission est enfin terminée....je pars dans la Lumière...va Jadie, c'est à toi maintenant.
-Ma Sœur... »

Alors Jadie, comprenant que tout était fini, se mit à prier, retenant ses larmes par ses habituels réflexes d'autorité, et se recueillit en serrant Vieley dans ses bras, consommant son chagrin. Laïlaétha demeura silencieuse, rembobinant leur descente d'Azjol-Nérub dans sa tête, interprétant tous les gestes que la Croisée démente avait fait, reconstituant les pièces du puzzle une par une. Cette femme devait être là depuis longtemps.....elle était devenue à moitié folle. Elle avait dit que le Cube était mauvais....et avait en permanence sembler hésiter entre le donner et le garder....les choses étaient loin d'être limpides, mais elles avaient du sens à présent.

Spoiler:

Elles restèrent ainsi un long moment, puis Jadie se redressa. Vieley avait les yeux fermés. Elle était morte. Les Consoeurs emportèrent silencieusement son corps dans les tunnels, vers la surface, dans un silence de mausolée. Elles ne dormirent pas, ne mangèrent pas, ne parlèrent pas. Elles se contentèrent d'emporter le corps de la Croisée. Quand enfin après ce qui avait semblé être une autre vie en enfer, elles revirent le ciel, le paysage gris et glacé de la Désolation allaient très bien à leur humeur. Jadie passa plusieurs heures à chercher un endroit convenable pour enterrer sa Sœur, puis le fit entièrement elle-même interdisant à Laïlaétha de faire quoi que ce soit pour l'aider. Après la cérémonie, elles se mirent enfin un peu à parler, avec une pointe d'horreur glissée dans leurs paroles. Laïlaétha parlaient de vieilles histoires de meurtre. Jadie était plus cynique et agressive encore qu'à son habitude. Elles rgardèrent le Cube Nérubien pour lequel Vieley avait trouvé la mort. Comme l'avait décrit Ko'nani, il était orné d'une Croix de Lumière à la peinture blanche, elle-même entourée de sept symboles inconnus. Ce fut en ruminant les plus noires pensées, l'une méditant sur le sacrifice de cette guerrière, l'autre pleurant au sein de son âme pour sa camarade tombée, que les Consoeurs s'endormirent, conscientes que ce voyage aurait des airs de tragédie...

Adieu à toi, Sœur Vieley des Assassins, tombée au champ d'honneur.

A SUIVRE

Taltos Queen
Taltos Queen
VIP
VIP

Messages : 242

Revenir en haut Aller en bas

Wrath of the Lich Prince - Odyssée au Norfendre Empty Re: Wrath of the Lich Prince - Odyssée au Norfendre

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum