L'Aube de l'Ombre (Lalorian - Nastyrass)
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L'Aube de l'Ombre (Lalorian - Nastyrass)
- Spoiler:
- Cela n’allait vraiment pas.
Lalorian ne comprenait toujours pas comment elle en était arrivée là. Elle y avait beaucoup réfléchit, et la seule explication valable qu’elle avait trouvé était qu’elle était en train de rêver. Oui, un rêve, c’était forcément cela. Ou plutôt, un cauchemar…
Une énième gifle la cueillit, encore une fois si forte qu’elle s’effondra, faisant par la même occasion voler en éclat ses théories de songes. En se relevant, Lalorian se demandait encore pourquoi sa mâchoire n’était pas encore en mille morceaux. Elle se trouvait miraculée de ne rien avoir de cassé. Ou du moins, pas encore…
« Recommence » .
L’ordre claqua encore une fois, aussi dur que les mains qui la frappaient. L’ordre était froid et sans appel. Obéissant, Lalorian recommença. Elle fit d’abord élever son pouvoir, lentement, très lentement, afin qu’elle puisse le contrôler sans qu’il ne la submerge. Cela durait depuis des heures. Chaque fois, elle avait réessayé, chaque fois, elle avait échoué, et chaque fois, elle avait été puni. Chaque fois qu’elle perdait le contrôle face à sa propre force, une monstrueuse baffe lui était attribué. Et pourtant, Lalorian savait que son instructrice se retenait.
Elle continua de faire monter sa force, encore un petit peu, très légèrement… Elle reperdit le contrôle encore une fois. Lalorian reprit inconsciemment sa forme d’ombre, ne se maitrisant plus. Ses pouvoirs reprirent le dessus encore une fois, et… Une autre gifle vint la chercher. Lalorian s’effondra encore une fois sous la puissance du coup, et heurta les pavés de Gilneas. Elle était à bout de force depuis un moment, et elle-même ne s’expliquait pas se relever encore face aux coups de la démone qui lui faisait face. Elle releva le visage face à celle qui la meurtrissait et lui infligeait un véritable supplice depuis de trop nombreuses heures.
La femme qui lui faisait face n’en était pas vraiment une. C’était une vision de cauchemar, aux yeux de la jeune fille. Bien que la démone fut bien d’une grande beauté et plutôt agréable à regarder, il était impossible de ne pas percevoir la noirceur qui se dégageait d’elle. Elle avait un visage aux traits fins, les cheveux soyeux, mais cela s’arrêtait là. Le reste montrait clairement la nature démoniaque de l’érédar. Deux cornes longues et recourbées sortait de son crâne, pour venir se repliées sous sa mâchoire. Ses yeux étaient entièrement vert, mais d’un vert malsain qui ne montrait que bien peu à quelle point celle à qui ils appartenaient pouvait se montrer vicieuse et sans scrupules. Le reste de son corps, ressemblait à celui d’un dranei, à part la taille, et l’accoutrement bien plus indécent que ne le portait les chastes Draneis. Elle était plus grande qu’aucun dranei, et dépassait facilement Lalorian d’un mètre, sans doute plus. Et il était vain de chercher dans cette femme toute trace de compassion ou de pitié.
« Recommences ».
L’ordre claque encore une fois, implacable. Lalorian savait qu’il était vain de discuter, cela lui aurait au mieux valu une autre gifle. Au mieux.
Elle se releva, recommença, et échoua encore. Même si elle était de plus en plus proche du but, cela ne faisait aucune différence. Elle avait échoué avant d’atteindre son objectif, une autre baffe vint lui brûler la joue. A ses pommettes violettes vint s’ajouter le sang, qui s’écoulait désormais par la lèvre fendue de la jeune fille. Elle se releva tant bien que de mal, mais sa résistance faiblissait. Elle n’était pas sure de…
« Recommence ».
Lalorian faillit verser une larme au son de l’ordre, mais elle tint bon. Elle se força à penser à Gigodeen, qui l’attendait. Elle n’aurait pas voulu qu’il la voie dans cet état. Cette pensée était trop dure pour elle. Elle se força à tenir bon, puis recommença. Encore une fois, elle échoua, malheureusement très proche du but. Cette fois, ce ne fut pas la main de l’érédar qui vint pour lui faire reprendre conscience, mais son genou, qui lui arriva dans l’abdomen, lui coupant la respiration. Lalorian s’effondra, cherchant à reprendre son souffle. Elle était à genou, se tenant le ventre à deux mains, au pied de la démone. Le sang de sa bouche s’écoulait sur les pavés. Elle s’attendait encore une fois à recevoir l’ordre, mais cette fois elle doutait sérieusement de pouvoir se relever, ce qui lui voudrait sans doute une punition encore plus douloureuse.
« Relèves toi ».
L’ordre n’était pas le même, cette fois, mais il était aussi dur, toujours sans appel. Lalorian se releva, mis en place les maigres forces qui lui restait, et se tint droite devant sa tortionnaire. Elle savait qu’elle ne pourrait pas recommencer l’exercice encore une fois.
« Tu y étais presque. Dommage. Cela m’embête de devoir abîmer un aussi charmant visage, mais puisque je dois t’entrainer, autant le faire comme il faut, n’est-ce pas ? »
L’érédar s’esclaffa, encore une fois. Son rire faisait froid dans le dos, tant la noirceur qu’on y distinguait était palpable. Elle lui avait dit qu’elle n’hésiterai pas à employer la manière forte pour son apprentissage, c’est ce qu’elle faisait. Et on pouvait bien dire qu’elle n’y allait pas de main morte.
L’érédar se mit à genou devant la jeune fille. Elle releva le menton délicatement, observant sous tous les angles son visage. Lalorian frissonna au contact de ces doigts. La main qui lui avait infligé ces souffrances, même si elle ne la brisait plus à l’instant, était toujours celle d’une démone cruelle et sans cœur. Lalorian se demandait seulement ce qu’elle allait lui infliger comme souffrances et comme humiliation cette fois ci.
« Tu n’as pas l’air trop abimé. Tu n’auras pas de marques ne t’inquiète pas. Ta mâchoire ne te fera bientôt plus souffrir. »
La démone passa sa main griffue sur la joue de la jeune fille, caressant les bleus de la jeune fille de ses ongles acérés. Lalorian se demandais bien à quoi pouvais penser la créature qui lui faisait face. Depuis une semaine, elle subissait l’entrainement de sa maitresse Man’ari, et elle ne saisissait toujours pas grand-chose d’elle. Les coups qu’elle subissait semblait lui procurer du plaisir, et sans doute l’aurait-elle torturé sans relâche pour le seul plaisir d’entendre ses cris et verser ses larmes. Lalorian frissonna à cette pensée. Elle se mit à prier intérieurement la Lumière de l’aider, mais se rappelant soudainement ce qu’elle était désormais, elle se prit presque à désespérer. Elle était seule. La Lumière l’avait abandonné à cause de sa nature, et Gigodeen n’était plus là. Elle aurait tout donné au monde pour que ce soit Dame Barkalya qui s’occupe de son entrainement, et pas la créature démoniaque qui lui faisait face. Tout en caressant son visage meurtrit, la démone se mit à lui parler :
« C’est amusant, tu me rappelles de vieux souvenirs… J’ai l’impression de me revoir, alors que j’étais une petite dranei naïve et jeune, alors que je priais la Lumière de veiller sur moi et mon peuple. Quelle idiote j’étais…
Lalorian répondit d’une voix faible. Elle ne voulait pas récolter une autre correction en faisant preuve d’indiscrétion.
- Quoi ?! Vous… Vous avez… Prié la Lumière ?!
L’érédar détourna légèrement la tête en y repensant, interrompant les caresses sur la joue de son apprentie.
- Je l’ai fait, oui. Mais ça, c’était avant.
- Avant ?
- Avant que je comprenne que tout cela n’était que futilité. Cela ne m’a servi à rien, et ne m’a jamais apporté que de la peine.
La jeune fille pris un air gêné. Elle avait peur que ce qu’elle allait dire lui vaille la colère de la démone, mais il était important pour elle de savoir.
- Pouvez-vous me racontez … ?
A ces mots, l’érédar ne s’énerva pas, mais se retourna vers la jeune fille un sourire aux lèvres.
- Te raconter ? Serais tu curieuse de savoir ce qui peut pousser la Lumière à devenir Ombre ?
- Oui ! Justement, j’étais une croisée écarlate autrefois, mais Dame Barkalya m’a montré que ce n’était plus que des morts vivants décharnés, que l’Ombre se cachait sous l’apparence de la Lumière, et que mêmes les plus hauts placés dans la hiérarchie de la Croisade avait succombés à l’Ombre. C’est… C’est pour cela que je souhaiterais que vous me le racontiez.
- Je vois. Eh bien, je dois te dire que je me suis rarement retrouvé confronté à la Croisade Ecarlate, mais je sais que comme tous idéalistes fanatiques, ils cachent leurs propres faiblesses et leurs propres parts d'Ombres dans une prétendue dévotion encore plus grande.
Mais quelques que soit la secte ou la caste, on y retrouve les mêmes craquelures, les mêmes graines de corruption qui y poussent.
La vérité est que, dans mon cas, j'ai été bercé d'illusions pendant toute ma vie quant aux principes de la Lumière. Je me suis donné sans compté, sans rien demandé. Toujours, j'ai espéré que la Lumière me permettrait de vivre, qu'elle me viendrait en aide quand j'en aurais besoin. Elle n'est jamais venue.
Les mots de l’érédar résonnaient dans la tête de Lalorian. Elle se sentait moins seule.
- Lorsque les orcs, à l'aide de leur magie démoniaque, sont arrivés et nous ont massacrés, mon peuple, ma famille, la Lumière n'a rien fait. Rien du tout. J'ai voulu aidé ceux qui en avait besoin, j'ai prié sans relâche pour que mon petit frère, qui avait été gravement touché, puisse guérir de ses blessures. Il est mort une semaine plus tard dans d'atroces souffrances.
Et la Lumière, à laquelle j'avais dévoué ma vie, n'a pas levé le petit doigt pour me venir en aide.
Lalorian regardait désormais l’érédar avec compassion. Cette femme qui avait aussi perdu toute illusion à propos de la Lumière. Elle se sentit soudain plus proche d’elle.
- Lorsque les érédars, ceux desquels on disait tant de mal, sont arrivés, et m'ont offert le pouvoir, je n'ai pas hésité une seule seconde. Et je n'ai jamais regretté ce choix.
Les paroles de la femme qui se tenait à genou en face d’elle touchaient Lalorian. Mais le doute était malgré tout toujours en elle. Elle se mit à murmurer ses questions pour elle-même :
- Devrais-je laisser la magie des Ombres me dévorer… ? Après tout cela serai peut-être plus simple…
- Alors Lalorian ? As-tu compris ? La Lumière est une illusion, un principe bercé de bonne volonté, mais ne te donnera jamais rien. La puissance et l'Ombre, eux, ne te décevront jamais. Ce sont les seules vérités en ce monde, chère enfant.
Lalorian continuait de murmurer, en pensant aux paroles de l’érédar.
- Je ne peux plus faire machine arrière si je fais ça, mais je n'aurais aucun contrôle... Gigodeen...
Elle se reprit, et répondit à la démone.
- C'est bien vrai... La Lumière est une futilité bien décevante quand on y réfléchit…
- Nous sommes toute deux des créatures de l'Ombres, Lalorian. Nous sommes pareilles.
- Mais pourtant, elle m’a dit de prier mon père et mon oncle.
Lalorian se mit à regarder l’érédar dans les yeux. En cet instant, la malveillance semblait presque avoir disparue de ses yeux.
- Tu sais que tu vaux mieux que cela, Lalorian. La Lumière prend, mais ne donne pas. Fais ton choix. »
Le sang coulait encore légèrement de la bouche de Lalorian. Quelques gouttes tombèrent à terres, puis sur la paume de la main ouverte de Lalorian. Elle regarda son sang quelques secondes avant de répondre.
« Je dois suivre ma propre voie, et si cette voie que je compte suivre sera bien plus sombre que la précédente, au moins elle ne me retirera plus rien.
L’érédar regarda la jeune fille, puis lui sourit.
- Tu n’auras pas à la regretter. »
Ireese- Timide
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