Journal de Jadie Faldren
:: La Confrérie :: Salle Commune
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Journal de Jadie Faldren
Un journal poussiéreux traîne dans une demeure poussiéreuse, noire de par le tas de charbon qui traîne à côté de la cheminée. Poussé par la curiosité, vous vous en saisissez, l'ouvrez. Il semble appartenir à une certaine Jadie Faldren, habitante de Lordaeron. Vous parcourez plusieurs pages inutiles, mais une retient votre attention. Vous la lisez à haute voix...
« Ce 25-V-612.
Cher Journal.
Papa a aujourd'hui ramené des nouvelles. Il m'a envoyée dans ma chambre mais j'ai pu écouter par les fentes du parquet ce qu'il disait à Maman... la grande maladie dont il avait parlé la semaine dernière a frappé Stratholme et le Prince Arthas a dû la "purifier". Je n'ai pas compris ce qu'il voulait dire par "purifier", ni "purger", mais Maman a eu un drôle de bruit, de peur. Quand je suis descendue pour manger personne ne disait rien et je n'osais rien dire. Le repas s'est passé comme lors de l'enterrement du frère de Papa.
J'ai peur, Journal. »
Vous tournez une autre série de pages qui relatent le quotidien de l'enfant sous la Troisième Guerre ; et une autre page retient votre attention. Sur celle de gauche est dessiné l'emblème de la Croisade Écarlate. La date est bien postérieure à la page précédente. Vous lisez une nouvelle fois à voix haute le récit qui suit :
« Ce 2-X-614.
Cher Journal.
Je n'ai pas écrit depuis des lustres. En fait c'est depuis la mort de Papa et Maman. À cette époque, je n'avais pas le courage d'affronter la réalité de plein front. Mais j'ai changé ; je me suis renforcée tant de corps que d'esprit, quoiqu'il me faille encore apprendre. Si je n'ai pas pu même écrire ce mot : « mort », associé à mes parents, ce n'est plus le cas. Il faut dire aussi que lorsque je dus quitter le foyer familial je n'ai malheureusement pas pu t'emmener avec moi. Enfin, j'écris...
Nous étions le quinze août de l'an 612, le soir. Papa et Maman ne se sentaient pas bien depuis le matin. J'étais rongée par la crainte qu'ils eussent attrapé la Peste dont tout le monde parlait tant au village : il y avait eu une livraison de grain la veille ; et je lui trouvais une odeur tellement écœurante que je ne voulus pas en manger. Je donnai ma part de pain au chien, et quant à moi je ne pris rien. Autant dire que j'eus faim toute la journée qui suivit.
Nous mangions le repas du soir, donc, quand subitement Papa, qui avait auparavant pris un teint de peau littéralement verdâtre et qui transpirait comme un porc, se mit à vomir dans son assiette. Maman l'imita presque aussitôt. Je me mis alors à hurler, et je me levai brusquement de ma chaise pour me réfugier au fond de la pièce. Ils rendaient tout ce que contenait leur ventre malade sans discontinuer ; et je dus pour ne pas les imiter me couvrir la bouche. En vomissant de tout leur saoul, jusqu'au sang, ils se transformaient lentement. Leurs yeux s'illuminaient lentement d'une lueur bleue, ils se voûtaient, maigrissaient même à vue d'œil. Puis ils cessèrent progressivement. Leurs déjections immondes puaient la charogne. Devant ce spectacle je ne pouvais que regarder autour de moi – le chien avait subi leur sort. Je n'aurais jamais dû lui donner ma part. Brave bête.
Lentement ils se dirigeaient vers moi. Je ne réfléchis pas. Il y a un moment, cher Journal, où l'Homme, la tête vide, agit sans se poser la moindre question ; lorsque sa survie personnelle est en jeu par exemple. C'est exactement ce que je fis ; il y avait une fenêtre derrière moi, je la brisai en sautant à travers, et je courus à en perdre haleine à travers Tirisfal. Sans m'arrêter, ni me retourner, j'allai. Je ne savais pas où à vrai dire ; je courais, et c'était tout. Je réussis l'exploit inégalé depuis de tenir en course à pleine vitesse pendant une heure entière. La peur donne des ailes que l'on ne soupçonne même pas.
L'endroit où je m'arrêtai était lugubre... je ne m'en étais jamais rendue compte, car depuis que la peste faisait ses ravages à Lordaeron j'avais interdiction formelle de poser un pied derrière l'encadrement de la porte — je me rappelle même que je me faisais peur en me regardant dans le miroir, tant j'étais blanche de manque de Soleil. Je me rappelle parfaitement de ce décor de mort : quoiqu'il fît nuit, j'avais une impression que la pénombre était plus dense que dans mes souvenirs. Le ciel était étoilé ; mais ce n'était pas le ciel noir nocturne : les nues et les nuages avaient la couleur vert sombre qu'ils ont à présent, et qui me rappelle, chaque fois que je retourne à Tirisfal, la pourriture du Fléau. La Lune était absente ce soir-là ; de cette façon j'avais toutes les peines du monde à avancer. J'avais l'impression que dans chaque fourré se tapissait une bête immonde et dégénérée, qui me fixait avec ses yeux luisants de cruauté et d'appétit. J'étais persuadée d'entendre au loin des gémissements, ou des râles, ou des hurlements ; mais toujours très ténus, lointains, et chaque fois que je scrutais les alentours je ne voyais rien. Peut-être étaient-ce les damnés qui hantaient les terres... ou bien les terres elles-mêmes. J'avais peur.
Je ne sais combien de temps j'errai ainsi, sans toit, sans vivres —sans doutes pas plus de trois jours, car à mon âge la faim ne se supporte généralement pas plus que cela ; mais comment savoir, dans cette contrée où les cieux sont les mêmes le jour comme la nuit ?—, mais je finis par arriver aux actuelles Maleterres, où je me terrai dans une maison abandonnée. J'étais à bout de forces. Mais la Lumière veille sur l'Innocent et sa Divine Providence ne m'abandonna point. Le même jour, un groupe de chevaliers entra lui aussi. Ils me trouvèrent là, étendue par terre dans l'entrée ; je les regardais d'un œil vitreux sans mot dire. Je n'en avais pas la volonté. Ils discutèrent entre eux un moment, puis l'un deux me prit dans ses bras, me monta à la chambre, me coucha sur le lit et redescendit. Je restai là, sans bouger, amorphe et apathique. Était-il parti ?
J'avais fini par le croire au bout de ce qui me sembla une éternité ; mais il revint. Il portait une gamelle remplie de... « nourriture ». L'odeur en était détestable, mais je ne dis rien. Il s'assit sur le bord du lit, me tira à lui de façon à adosser ma tête sur sa cuisse ; et il me fit manger. Le goût était foncièrement ignoble, en y repensant ; mais j'étais tant affamée que cette sorte de soupe épaisse et immangeable en temps normal me parut aussi goûteuse que les très réputés œufs d'esturgeon. Comme j'avais fini la gamelle mais que mon ventre criait encore famine, il repartit en chercher d'autre, et ce fut le même manège. Tout se fit dans le silence le plus complet ; il respectait absolument mon mutisme traumatisé. C'était, à y repenser, un homme bon ; peu importe ce que disent les traîtres à notre cause sur sa prétendue folie. C'était le Grand Inquisiteur Isillien.
Ils m'emmenèrent avec eux le lendemain matin. Comme je me laissais à l'abandon, ils me portaient chacun leur tour sur leur dos, comme un bébé. Si à ce moment-là j'avais pu pleurer de gratitude, je l'aurais fait ; mais aucune pensée ne traversait mon esprit. Quelques jours passèrent ainsi, sans que nous rencontrassions une seule âme vivante -car nous rencontrions, en revanche, une foule incroyable de morts-vivants. Et au bout d'un temps, me le libérai de ma stupeur.
« Merci » fut le premier mot que je prononçai. On s'arrêta alors, et l'on me questionna. Je leur dis tout ; la mort de mes parents, ma fuite, qui j'étais, d'où je venais. Ils étaient à tout attentifs. À mes changements de ton, aux oscillations de ma voix, à ce qui paraissait dans mes yeux. Et puis lorsque ma voix se cassa et mes larmes coulèrent, ils restèrent graves, interdits, silencieux. Je ne me souviens plus de ce qu'Isillien dit exactement ; il annonça que, par la Sainte Lumière, il s'emploierait à ce que je sois apte à me venger. Le terme de vengeance me fit un effet singulier —il m'était jusqu'à présent irréel, presque inconnu, mon esprit ne s'était pas posé la question de cela... mais il s'avéra très vite clair qu'au fond de moi brûlait un courroux inextinguible. C'est pour cela qu'actuellement je me retrouve au Monastère ; c'est pour cela que je courbe l'échine sous la férule du Maître de Chapelle : cela est un mal nécessaire qui élèvera mon âme dans les vraies valeurs de Justice et de Foi en la Sainte Lumière que véhicule la Croisade Écarlate.
Je continue mon périple... »
Vous fermez le livre, comprenant que vous n'avez pas besoin d'en apprendre plus. Cette personne est une Croisée Écarlate. A-t-elle seulement survécu ? A-t-elle participé à l'Assaut Écarlate contre le Roi-Liche, décimé par la Lame d'Ébène ? Des questions sans réponses ; le journal s'arrête seulement deux pages plus loin que celle que vous venez de fermer.
Vous vous en retournez, confus. Vous n'avez pas remarqué la présence rongée par la haine qui vous observe depuis que vous êtes entré. Brusquement, vous ressentez une vive douleur à l'arrière de votre crâne et vous vous sentez choir, lentement...
« Ce 25-V-612.
Cher Journal.
Papa a aujourd'hui ramené des nouvelles. Il m'a envoyée dans ma chambre mais j'ai pu écouter par les fentes du parquet ce qu'il disait à Maman... la grande maladie dont il avait parlé la semaine dernière a frappé Stratholme et le Prince Arthas a dû la "purifier". Je n'ai pas compris ce qu'il voulait dire par "purifier", ni "purger", mais Maman a eu un drôle de bruit, de peur. Quand je suis descendue pour manger personne ne disait rien et je n'osais rien dire. Le repas s'est passé comme lors de l'enterrement du frère de Papa.
J'ai peur, Journal. »
Vous tournez une autre série de pages qui relatent le quotidien de l'enfant sous la Troisième Guerre ; et une autre page retient votre attention. Sur celle de gauche est dessiné l'emblème de la Croisade Écarlate. La date est bien postérieure à la page précédente. Vous lisez une nouvelle fois à voix haute le récit qui suit :
« Ce 2-X-614.
Cher Journal.
Je n'ai pas écrit depuis des lustres. En fait c'est depuis la mort de Papa et Maman. À cette époque, je n'avais pas le courage d'affronter la réalité de plein front. Mais j'ai changé ; je me suis renforcée tant de corps que d'esprit, quoiqu'il me faille encore apprendre. Si je n'ai pas pu même écrire ce mot : « mort », associé à mes parents, ce n'est plus le cas. Il faut dire aussi que lorsque je dus quitter le foyer familial je n'ai malheureusement pas pu t'emmener avec moi. Enfin, j'écris...
Nous étions le quinze août de l'an 612, le soir. Papa et Maman ne se sentaient pas bien depuis le matin. J'étais rongée par la crainte qu'ils eussent attrapé la Peste dont tout le monde parlait tant au village : il y avait eu une livraison de grain la veille ; et je lui trouvais une odeur tellement écœurante que je ne voulus pas en manger. Je donnai ma part de pain au chien, et quant à moi je ne pris rien. Autant dire que j'eus faim toute la journée qui suivit.
Nous mangions le repas du soir, donc, quand subitement Papa, qui avait auparavant pris un teint de peau littéralement verdâtre et qui transpirait comme un porc, se mit à vomir dans son assiette. Maman l'imita presque aussitôt. Je me mis alors à hurler, et je me levai brusquement de ma chaise pour me réfugier au fond de la pièce. Ils rendaient tout ce que contenait leur ventre malade sans discontinuer ; et je dus pour ne pas les imiter me couvrir la bouche. En vomissant de tout leur saoul, jusqu'au sang, ils se transformaient lentement. Leurs yeux s'illuminaient lentement d'une lueur bleue, ils se voûtaient, maigrissaient même à vue d'œil. Puis ils cessèrent progressivement. Leurs déjections immondes puaient la charogne. Devant ce spectacle je ne pouvais que regarder autour de moi – le chien avait subi leur sort. Je n'aurais jamais dû lui donner ma part. Brave bête.
Lentement ils se dirigeaient vers moi. Je ne réfléchis pas. Il y a un moment, cher Journal, où l'Homme, la tête vide, agit sans se poser la moindre question ; lorsque sa survie personnelle est en jeu par exemple. C'est exactement ce que je fis ; il y avait une fenêtre derrière moi, je la brisai en sautant à travers, et je courus à en perdre haleine à travers Tirisfal. Sans m'arrêter, ni me retourner, j'allai. Je ne savais pas où à vrai dire ; je courais, et c'était tout. Je réussis l'exploit inégalé depuis de tenir en course à pleine vitesse pendant une heure entière. La peur donne des ailes que l'on ne soupçonne même pas.
L'endroit où je m'arrêtai était lugubre... je ne m'en étais jamais rendue compte, car depuis que la peste faisait ses ravages à Lordaeron j'avais interdiction formelle de poser un pied derrière l'encadrement de la porte — je me rappelle même que je me faisais peur en me regardant dans le miroir, tant j'étais blanche de manque de Soleil. Je me rappelle parfaitement de ce décor de mort : quoiqu'il fît nuit, j'avais une impression que la pénombre était plus dense que dans mes souvenirs. Le ciel était étoilé ; mais ce n'était pas le ciel noir nocturne : les nues et les nuages avaient la couleur vert sombre qu'ils ont à présent, et qui me rappelle, chaque fois que je retourne à Tirisfal, la pourriture du Fléau. La Lune était absente ce soir-là ; de cette façon j'avais toutes les peines du monde à avancer. J'avais l'impression que dans chaque fourré se tapissait une bête immonde et dégénérée, qui me fixait avec ses yeux luisants de cruauté et d'appétit. J'étais persuadée d'entendre au loin des gémissements, ou des râles, ou des hurlements ; mais toujours très ténus, lointains, et chaque fois que je scrutais les alentours je ne voyais rien. Peut-être étaient-ce les damnés qui hantaient les terres... ou bien les terres elles-mêmes. J'avais peur.
Je ne sais combien de temps j'errai ainsi, sans toit, sans vivres —sans doutes pas plus de trois jours, car à mon âge la faim ne se supporte généralement pas plus que cela ; mais comment savoir, dans cette contrée où les cieux sont les mêmes le jour comme la nuit ?—, mais je finis par arriver aux actuelles Maleterres, où je me terrai dans une maison abandonnée. J'étais à bout de forces. Mais la Lumière veille sur l'Innocent et sa Divine Providence ne m'abandonna point. Le même jour, un groupe de chevaliers entra lui aussi. Ils me trouvèrent là, étendue par terre dans l'entrée ; je les regardais d'un œil vitreux sans mot dire. Je n'en avais pas la volonté. Ils discutèrent entre eux un moment, puis l'un deux me prit dans ses bras, me monta à la chambre, me coucha sur le lit et redescendit. Je restai là, sans bouger, amorphe et apathique. Était-il parti ?
J'avais fini par le croire au bout de ce qui me sembla une éternité ; mais il revint. Il portait une gamelle remplie de... « nourriture ». L'odeur en était détestable, mais je ne dis rien. Il s'assit sur le bord du lit, me tira à lui de façon à adosser ma tête sur sa cuisse ; et il me fit manger. Le goût était foncièrement ignoble, en y repensant ; mais j'étais tant affamée que cette sorte de soupe épaisse et immangeable en temps normal me parut aussi goûteuse que les très réputés œufs d'esturgeon. Comme j'avais fini la gamelle mais que mon ventre criait encore famine, il repartit en chercher d'autre, et ce fut le même manège. Tout se fit dans le silence le plus complet ; il respectait absolument mon mutisme traumatisé. C'était, à y repenser, un homme bon ; peu importe ce que disent les traîtres à notre cause sur sa prétendue folie. C'était le Grand Inquisiteur Isillien.
Ils m'emmenèrent avec eux le lendemain matin. Comme je me laissais à l'abandon, ils me portaient chacun leur tour sur leur dos, comme un bébé. Si à ce moment-là j'avais pu pleurer de gratitude, je l'aurais fait ; mais aucune pensée ne traversait mon esprit. Quelques jours passèrent ainsi, sans que nous rencontrassions une seule âme vivante -car nous rencontrions, en revanche, une foule incroyable de morts-vivants. Et au bout d'un temps, me le libérai de ma stupeur.
« Merci » fut le premier mot que je prononçai. On s'arrêta alors, et l'on me questionna. Je leur dis tout ; la mort de mes parents, ma fuite, qui j'étais, d'où je venais. Ils étaient à tout attentifs. À mes changements de ton, aux oscillations de ma voix, à ce qui paraissait dans mes yeux. Et puis lorsque ma voix se cassa et mes larmes coulèrent, ils restèrent graves, interdits, silencieux. Je ne me souviens plus de ce qu'Isillien dit exactement ; il annonça que, par la Sainte Lumière, il s'emploierait à ce que je sois apte à me venger. Le terme de vengeance me fit un effet singulier —il m'était jusqu'à présent irréel, presque inconnu, mon esprit ne s'était pas posé la question de cela... mais il s'avéra très vite clair qu'au fond de moi brûlait un courroux inextinguible. C'est pour cela qu'actuellement je me retrouve au Monastère ; c'est pour cela que je courbe l'échine sous la férule du Maître de Chapelle : cela est un mal nécessaire qui élèvera mon âme dans les vraies valeurs de Justice et de Foi en la Sainte Lumière que véhicule la Croisade Écarlate.
Je continue mon périple... »
Vous fermez le livre, comprenant que vous n'avez pas besoin d'en apprendre plus. Cette personne est une Croisée Écarlate. A-t-elle seulement survécu ? A-t-elle participé à l'Assaut Écarlate contre le Roi-Liche, décimé par la Lame d'Ébène ? Des questions sans réponses ; le journal s'arrête seulement deux pages plus loin que celle que vous venez de fermer.
Vous vous en retournez, confus. Vous n'avez pas remarqué la présence rongée par la haine qui vous observe depuis que vous êtes entré. Brusquement, vous ressentez une vive douleur à l'arrière de votre crâne et vous vous sentez choir, lentement...
Dernière édition par Jadie le Ven 20 Juil - 18:43, édité 2 fois
Jadie- Modérateur
- Messages : 128
Re: Journal de Jadie Faldren
Jadie regarda le journal avec un appréhension non dissimulée. Elle pensait l'avoir perdu, à vrai dire ; elle l'espérait même. Et pourtant il était revenu, parvenu elle ne savait comment dans ses affaires... et redécouvert grâce à cet importun qui était rentré chez elle sans demander, frapper, ou quoi que ce soit — elle venait d'ailleurs de le jeter du haut de la falaise adjacente, après l'avoir assommé. Elle connaissait par cœur son contenu... SON journal de lorsqu'elle était enfant. Elle savait où il s'arrêtait. Et maintenant qu'elle l'avait retrouvé, elle trouva tantôt idiot de ne pas le continuer, tantôt effrayant d'écrire dedans. Elle bascula ainsi pendant une dizaine de minutes, puis se décida à tailler une plume et remplir un encrier.
« Ce 15/I/617.
Cher Journal.
Je viens de te retrouver parmi mes affaires... je me rends compte que je n'ai rien consigné en toi depuis des lustres. Depuis, en vérité, que j'ai fini mes études au Monastère et que j'ai été sacrée Paladin. Des événements épiques se sont déroulés entretemps : j'avais été une des rares Croisées envoyées de par le monde — et je le reste encore —, à l'image du Frère Crowley et de feu le Frère Anton ; et les splendeurs d'Azeroth rivalisaient chaque fois avec ses horreurs. Comment oublier nos résistances en Lordaeron contre les assauts des Réprouvés, ou celui de Naxxramas — j'en conserve un souvenir effroyable, mais glorieux — ; comment oublier ces marées d'insectes géants à Silithus ; comment oublier la ruée de la Légion à travers la Porte des Ténèbres ? La bataille de Stratholme ? Les assauts sur Zul'Gurub ? Et j'en passe.
Et l'Outrerre, si belle et si traîtresse ? J'y avais été mandatée afin d'étudier ces soi-disant êtres incarnant la Sainte Lumière selon les poulpes alliés à Hurlevent ; ces... Naarus. Des carillons de métal flottant qui me laissèrent de marbre et me firent perdre mon temps ; car je ne me sentis jamais « touchée » ou je ne sais quelle fadaise d'hérétique. Aussi, afin de n'avoir pas l'impression d'avoir fait le voyage pour rien, j'ai soutenu là encore la campagne de l'Alliance face à la Légion, Illidan, et la Horde ; ce afin de redorer le blason de la Sainte Croisade. Mon horreur pour les Naarus, les Draeneï et les Elfes, me fit refuser d'aider les forces de Shattrath. Sans doute ai-je servi leurs intérêts malgré moi, mais je préfère penser que cela était inévitable puisque nos buts étaient après tout les mêmes. Les notes détaillées de mes actes et observations doivent encore se trouver au Monastère... il faudra que je les récupère et que je les consigne chez moi. Elles contiennent des réflexions très intéressantes sur la Foi.
Lorsque des héros firent chuter l'ignoble parjure Illidan, d'autres problèmes se posèrent au Plateau du Puits de Soleil et les Naarus envoyèrent leurs larbins Elfes et Draeneï afin de régler le souci. Il me fut proposé de me joindre à eux, ce que j'acceptai, tant j'avais soif d'apprendre et de perfectionner plus encore ma maîtrise de l'art du combat. Cependant je fus rappelée immédiatement au Monastère, et mes espoirs de purger ces terres de la pourriture conjointe du Fléau et de la Légion furent avortés au moment du départ.
Abbendis m'a glorifiée dès mon retour. Elle avait expressément fait le déplacement pour voir mon humble personne grandie et fortifiée, et me béatifia. Je fus désormais Sainte Jadie, Championne de la Croisade Écarlate. Les six autres autres de mes Sœurs étaient là aussi, et furent de même béatifiées et honorées comme moi. Il me fut ensuite assigné le commandement d'un bataillon entier de guerriers en devenir ; essentiellement masculin. Si c'était là un moyen de me tester, je puis alors dire que je remplis ma tâche avec brio : mon tempérament n'admettant ni la défaite, ni la faiblesse, ni le manque de discipline — par conséquent les plaisanteries vaseuses sur les jolies instructrices —, mes recrues s'y durent habituer ; et bientôt, c'est-à-dire en quelques mois, je pus être fière d'avoir sous la main des soldats de choc sur lesquels mon caractère avait déteint, avec seulement une dizaine de faibles morts durant l'instruction – sur cinquante-six. Cela fut fortement apprécié. Aussi on m'envoya dans les Maleterres, moi et mes hommes, afin de fortifier nos positions à la Main de Tyr et former d'autres recrues. C'était là mon rôle, et à dire vrai je pensais que je m'y cantonnerais. Grossière erreur... qui aurait pu prévoir l'horreur qui s'abattrait sur nous très bientôt ?
C'était un jour paisible, je conversais avec un de mes amis parmi les paysans. Quand soudain il me montra le ciel... une Nécropole. Une Nécropole avançait vers nous. C'était l'imprenable Fort d'Ébène, l'Achérus, que le Roi-Liche envoyait sur nous afin de nous détruire. Je fis appeler Naztrix à mes côtés, qui m'appris que nos cinq autres Sœurs étaient en chemin elles aussi pour la Nouvelle Avalon... quelque chose se tramait, que je découvrirais bientôt.
Nous avions très longtemps attendus les légions d'Achérus, pensant être prêts et à même de les repousser, car notre Foi nous rendait forts et la Sainte Lumière était avec nous. Mais quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous vîmes charger des hordes, non pas de goules décérébrées, mais de soldats dotés d'une froide réflexion et de capacités terrifiantes... Arthas avant envoyé sur nous ses Chevaliers de la Mort. Nous luttâmes longtemps, avec toute l'ardeur et la dévotion dont nous pouvions faire preuve ; nous capturâmes même plusieurs de ces ignobles guerriers — et en exécutâmes autant. Mais c'était en vérité sans espoir. Les villageois volontaires qui travaillaient dans l'Enclave, les riverains de la Nouvelle Avalon, nos guerriers ; tous étaient massacrés et relevés pour grossir les rangs de cette vague de cauchemar. Je dois avoir là aussi consigné un journal au jour le jour... je rêve souvent de nos batailles à l'Enclave ; je me réveille la nuit, hurlant et suant tant et plus, je vois nos hommes. Mais je me console : ils sont morts honorablement, pour la Lumière et la Croisade. Donc utilement. Quant aux pleutres qui ont cédé aux tortures, je crache sur leur mémoire.
Au plus fort des combats Abbendis me fit appeler, afin de m'entretenir d'un « projet glorieux et urgent ». Un quoi, pensai-je alors ? Abbendis était-elle devenue folle ? Nous avions une guerre sur les bras, par la Lumière ! Il n'était pas temps d'entretenir des projets mais de défendre des vies innocentes et nos Très Saints Principes ! J'étais tant en rage que j'étais bien décidée de faire mon tout premier manquement à la règle disciplinaire de la Croisade... la suite me montra que j'aurais eu tort.
Son projet était en effet des plus glorieux et des plus louables. Si seulement ces sales roquets d'Argent et ces dégénérés du Fléau mal assumés ne s'étaient pas interposés entre nous et Arthas, alors... je divague. Il est tard et je suis exténuée. Je reprendrai mon récit demain. »
« Ce 15/I/617.
Cher Journal.
Je viens de te retrouver parmi mes affaires... je me rends compte que je n'ai rien consigné en toi depuis des lustres. Depuis, en vérité, que j'ai fini mes études au Monastère et que j'ai été sacrée Paladin. Des événements épiques se sont déroulés entretemps : j'avais été une des rares Croisées envoyées de par le monde — et je le reste encore —, à l'image du Frère Crowley et de feu le Frère Anton ; et les splendeurs d'Azeroth rivalisaient chaque fois avec ses horreurs. Comment oublier nos résistances en Lordaeron contre les assauts des Réprouvés, ou celui de Naxxramas — j'en conserve un souvenir effroyable, mais glorieux — ; comment oublier ces marées d'insectes géants à Silithus ; comment oublier la ruée de la Légion à travers la Porte des Ténèbres ? La bataille de Stratholme ? Les assauts sur Zul'Gurub ? Et j'en passe.
Et l'Outrerre, si belle et si traîtresse ? J'y avais été mandatée afin d'étudier ces soi-disant êtres incarnant la Sainte Lumière selon les poulpes alliés à Hurlevent ; ces... Naarus. Des carillons de métal flottant qui me laissèrent de marbre et me firent perdre mon temps ; car je ne me sentis jamais « touchée » ou je ne sais quelle fadaise d'hérétique. Aussi, afin de n'avoir pas l'impression d'avoir fait le voyage pour rien, j'ai soutenu là encore la campagne de l'Alliance face à la Légion, Illidan, et la Horde ; ce afin de redorer le blason de la Sainte Croisade. Mon horreur pour les Naarus, les Draeneï et les Elfes, me fit refuser d'aider les forces de Shattrath. Sans doute ai-je servi leurs intérêts malgré moi, mais je préfère penser que cela était inévitable puisque nos buts étaient après tout les mêmes. Les notes détaillées de mes actes et observations doivent encore se trouver au Monastère... il faudra que je les récupère et que je les consigne chez moi. Elles contiennent des réflexions très intéressantes sur la Foi.
Lorsque des héros firent chuter l'ignoble parjure Illidan, d'autres problèmes se posèrent au Plateau du Puits de Soleil et les Naarus envoyèrent leurs larbins Elfes et Draeneï afin de régler le souci. Il me fut proposé de me joindre à eux, ce que j'acceptai, tant j'avais soif d'apprendre et de perfectionner plus encore ma maîtrise de l'art du combat. Cependant je fus rappelée immédiatement au Monastère, et mes espoirs de purger ces terres de la pourriture conjointe du Fléau et de la Légion furent avortés au moment du départ.
Abbendis m'a glorifiée dès mon retour. Elle avait expressément fait le déplacement pour voir mon humble personne grandie et fortifiée, et me béatifia. Je fus désormais Sainte Jadie, Championne de la Croisade Écarlate. Les six autres autres de mes Sœurs étaient là aussi, et furent de même béatifiées et honorées comme moi. Il me fut ensuite assigné le commandement d'un bataillon entier de guerriers en devenir ; essentiellement masculin. Si c'était là un moyen de me tester, je puis alors dire que je remplis ma tâche avec brio : mon tempérament n'admettant ni la défaite, ni la faiblesse, ni le manque de discipline — par conséquent les plaisanteries vaseuses sur les jolies instructrices —, mes recrues s'y durent habituer ; et bientôt, c'est-à-dire en quelques mois, je pus être fière d'avoir sous la main des soldats de choc sur lesquels mon caractère avait déteint, avec seulement une dizaine de faibles morts durant l'instruction – sur cinquante-six. Cela fut fortement apprécié. Aussi on m'envoya dans les Maleterres, moi et mes hommes, afin de fortifier nos positions à la Main de Tyr et former d'autres recrues. C'était là mon rôle, et à dire vrai je pensais que je m'y cantonnerais. Grossière erreur... qui aurait pu prévoir l'horreur qui s'abattrait sur nous très bientôt ?
C'était un jour paisible, je conversais avec un de mes amis parmi les paysans. Quand soudain il me montra le ciel... une Nécropole. Une Nécropole avançait vers nous. C'était l'imprenable Fort d'Ébène, l'Achérus, que le Roi-Liche envoyait sur nous afin de nous détruire. Je fis appeler Naztrix à mes côtés, qui m'appris que nos cinq autres Sœurs étaient en chemin elles aussi pour la Nouvelle Avalon... quelque chose se tramait, que je découvrirais bientôt.
Nous avions très longtemps attendus les légions d'Achérus, pensant être prêts et à même de les repousser, car notre Foi nous rendait forts et la Sainte Lumière était avec nous. Mais quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous vîmes charger des hordes, non pas de goules décérébrées, mais de soldats dotés d'une froide réflexion et de capacités terrifiantes... Arthas avant envoyé sur nous ses Chevaliers de la Mort. Nous luttâmes longtemps, avec toute l'ardeur et la dévotion dont nous pouvions faire preuve ; nous capturâmes même plusieurs de ces ignobles guerriers — et en exécutâmes autant. Mais c'était en vérité sans espoir. Les villageois volontaires qui travaillaient dans l'Enclave, les riverains de la Nouvelle Avalon, nos guerriers ; tous étaient massacrés et relevés pour grossir les rangs de cette vague de cauchemar. Je dois avoir là aussi consigné un journal au jour le jour... je rêve souvent de nos batailles à l'Enclave ; je me réveille la nuit, hurlant et suant tant et plus, je vois nos hommes. Mais je me console : ils sont morts honorablement, pour la Lumière et la Croisade. Donc utilement. Quant aux pleutres qui ont cédé aux tortures, je crache sur leur mémoire.
Au plus fort des combats Abbendis me fit appeler, afin de m'entretenir d'un « projet glorieux et urgent ». Un quoi, pensai-je alors ? Abbendis était-elle devenue folle ? Nous avions une guerre sur les bras, par la Lumière ! Il n'était pas temps d'entretenir des projets mais de défendre des vies innocentes et nos Très Saints Principes ! J'étais tant en rage que j'étais bien décidée de faire mon tout premier manquement à la règle disciplinaire de la Croisade... la suite me montra que j'aurais eu tort.
Son projet était en effet des plus glorieux et des plus louables. Si seulement ces sales roquets d'Argent et ces dégénérés du Fléau mal assumés ne s'étaient pas interposés entre nous et Arthas, alors... je divague. Il est tard et je suis exténuée. Je reprendrai mon récit demain. »
Jadie- Modérateur
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» Jadie, l'unique, la vraie.
» De Bon et Joyeux Souvenirs, n'est-ce-pas Jadie ?
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