Sombre avenir.
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:: La Confrérie :: Près de l'Âtre
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Sombre avenir.
-La... la Lumière... Elle... elle m'a... La Lumière m'a... abandonné!
L'homme gémit en se laissant lourdement tomber au sol.
-P.. pour... mais... pour... pourquoi ? Mais p.. pourquoi?
Son hurlement se finit en râle. Il se mit à pleurer. Oubliant l'humidité et l'odeur de moisi de sa geôle. Sa geôle. D'ailleurs, comment en est-il arrivé là? Pourquoi ne l'avaient-ils pas tué directement? L'homme prit sa tête entre dans ses mains, désespéré. En quelques minutes, il avait tout perdu. La liberté, ses affaires et... la Lumière.
-Barkalya... gémit-il entre deux sanglots.
Un rire strident lui répondit, résonnant contre les paroies de la cellule. Beleg se retourna en sursaut, et recula vivement vers le fond, jusqu'à sentir la paroie humide dans son dos. Il vavait du mal à tenir debout, tellement ses jambes tremblaient.
-Ne... ne t'app... ne t'approche p... pas, v...vile créat....t..ture! Laisse-moi s..sortir!
La créature en face de lui lui dévoila ses dents, jaunes et irrégulières en guise de ce qui semblait-être, un sourire.
-Les geôles de notre majestueuse cité ne te conviennent pas, humain? fit une voix éraillée. Je vois. Tu veux que je te laisse sortir seul, dans Fossoyeuse?
Le réprouvé éclata d'un rire rendu cauchemardesque par l'écho de la prison, avant de poursuivre.
-Je doute que mes amis apprécieraient de voir un homme se promener ici...
Sur-ce, il se retourna et s'éloigna en riant de plus belle.
-A... attends! Que... a.. attends!
Mais le mort-vivant avait disparu. Beleg expira longuement, tentant de calmer son pouls et ses tremblements. Il ferma les yeux. Tout avait pourtant approximativement bien commencé...
Cette nuit là, les étoiles brillaient claires et lointaines dans le ciel dégagé de Glinéas. La nuit était fraîche, comme à son habitude à cette saison. Beleg Aonnik marchait dans ces terres tristes et terrifiantes, un léger sac sur les épaules. Le prêtre avait décidé de, pour une fois, passer la nuit à la belle étoile, emportant ses maigres possessions avec lui (un livre, et une robe de rechange). Barkalya s'absentait souvent, le laissant seul dans la petite maison qu'ils avaient « empruntés » au nord de Gilnéas. Le prêtre n'ayant aucune occupation digne de ce nom avait pour une fois, décidé de changer d'air. Il ignorait quelle direction il empruntait, n'étant pas très doué en orientation, mais il s'en moquait. Il s'était déjà souvent promené de nuit, avec Barkalya. Il devait admettre toutefois, que tout était beaucoup plus effrayant tout seul... Beleg frissonna en songeant aux monstres qui pouvaient se cacher dans l'ombre des fourrées, et lui sauter dessus à la première occa...
Le prêtre s'arrêta instantanément. Un bruit. Non. Justement. Le manque soudain de toute activité sonore nocturne le troublait. L'inquiétait. Il se mit à trembler. Une chauve-souris frôla son crâne, le faisant sursauter.
-Qu...qu...qui...qui est... qui est l... là ? Osa-t-il demandé d'une voix rendue tremblante par la peur. Seul le silence total lui répondit. Beleg n'osa plus bouger. Ni même respirer. Une sueur froide lui coulait dans le dos. Il resta immobile quelques minutes, attentif à tout ce qu'il pourrait entendre. Il tenta de discerner quelque chose dans l'obscurité, mais il lui semblait voir de moins en moins clair. Un vent du nord s'est levé, faisant trembler le prêtre un peu plus fortement. Beleg ne voyait presque plus rien dorénavant. Affolé, il jeta un coup d’œil vers le ciel : le vent avait apporté dans son sillage une épaisse couche de nuages, camouflant presque totalement la lune. Sentant un danger imminent, le prêtre empoigna son bâton de ses deux mains et, tentant de se remémorer les trop peu conseils de Barkalya vis-avis du combat, afficha une garde aussi ridicule qu'inefficace. Il n'eut pas longtemps à attendre. D'un coup, les buisson explosèrent, faisant sursauter et hurler le prêtre de peur. Son cri s’amplifia quand il eu reconnu ses adversaires. Leur groupe s'élevait au nombre incroyable de huit. Huit réprouvés, encerclant un humain en état de choc. Huit réprouvés, hilares.
Le prêtre mit un bon moment à comprendre et à définir ces petits cris stridents de rires. Les réprouvés se moquaient de lui. Lui. Pauvre humain qui, pour la première fois sortait seul. Et il a fallut qu'il tombe sur une des très rares patrouilles des réprouvés. Beleg en aurait même presque eu envie d'en rire, tellement c'était pittoresque. Il tenta un pas en avant. Les... rires se turent aussitôt, et une série de lames furent pointées de toute part, vers le prêtre. Ce dernier s'immobilisa aussitôt et, d'une main rendue tremblante par l'effroi, posa lentement son bâton au sol. Il ne se releva pas immédiatement, préférant humer une dernière fois l'odeur de la terre fraîche, savourer la brise marine glacée glissant sur sa joue, écouter un loup, au loin, hurlant son désespoir à la lune... Et observer le léger halo de lumière se dégageant de ses mains moites... La Lumière... Elle ne lui était pas très utile en ce moment. Il ne savait même pas comment se défendre grâce à elle. Beleg laissa tomber ses mains au sol. Il prit une poignée de terre humide, qu'il laissa ensuite filer entre ses doigts. Une larme coula sur sa joue. Cette fois, il n'avait plus peur. Il pleurait. Il ne sentait pas la pointe glacée d'un poignard lui parcourant le dos. Cette fois, il était désespéré. Cette fois, il allait mourir.
-Pardon... murmura-t-il au vent.
Hurlement.
Souffrance.
Ténèbres.
Beleg flottait. Il flottait dans le vide. Le néant. L'Ombre. Le prêtre étouffait. Il allait succomber à la panique, lorsqu'il vit au loin une lumière. Non. Pas une lumière: La Lumière. Elle se rapprochait à une vitesse folle. Engloutissant l'Ombre. Tentant d'engloutir l'Ombre. Ce dernier tint bon. Il résista. Un combat acharné suivit. Le Sacré faiblissait, là où les Ténèbres se déchaînaient. Beleg assistait à ce combat en tant que spectateur. Beleg en l'acteur principal. La Lumière devint tout à coup plus éclatante que jamais, réduisant l'Ombre au statu d'insecte à ses côtés. La Lumière dominait. Forte. Puissante. Glorieuse. Mais sans Ombre, Lumière n'est rien. L'Ombre, sans crier gare, explosa. La Lumière tenta en vain de résister à tant de puissance, et le combat repris. Plus sauvage, acharné, plus impressionnant qu'auparavant. Lumière contre Ombre. Ombre contre Lumière. Le combat dura des heures. Des heures de souffrance pour le prêtre, impuissant. Soudain, la Lumière faiblit. L'Ombre en profita. Elle s'accrût en puissance, jusqu'à engloutir le peu de Lumière qui résistait. La tempête se calma. Le prêtre était en état de choque. Il flottait dorénavant dans le vide. Le noir. Toute Lumière avait disparue de son existence.
Ténèbres.
Souffrances.
Hurlements.
Abandon.
Ombre.
Le prêtre se réveilla en sursaut.
Lorsqu'il eut repris ces esprits, Beleg constata trois choses :
Il était vivant.
Il était prisonnier.
Et bien pire, la...
-La... la Lumière... Elle... elle m'a... La Lumière m'a... abandonné!
Le prêtre gémit en se laissant lourdement tomber au sol.
-P.. pour... mais... pour... pourquoi ? Mais p.. pourquoi?
Son hurlement se finit en râle. Il se mit à pleurer. Oubliant l'humidité et l'odeur de moisi de sa geôle. Sa geôle. D'ailleurs, comment en est-il arrivé là? Pourquoi ne l'avaient-ils pas tué directement? L'homme prit sa tête entre dans ses mains, désespéré. En quelques minutes, il avait tout perdu. La liberté, ses affaires et... la Lumière.
-Barkalya... gémit-il entre deux sanglots.
Un rire strident lui répondit, résonnant contre les parois de la cellule. Beleg se retourna en sursaut, et recula vivement vers le fond, jusqu'à sentir la paroie humide dans son dos. Il avait du mal à tenir debout, tellement ses jambes tremblaient.
-Ne... ne t'app... ne t'approche p... pas, v...vile créat....t..ture! Laisse-moi s..sortir!
La créature en face de lui lui dévoila ses dents, jaunes et irrégulières en guise de ce qui semblait-être, un sourire.
-Les geôles de notre majestueuse cité ne te conviennent pas, humain? fit une voix éraillée. Je vois. Tu veux que je te laisse sortir seul, dans Fossoyeuse?
Le réprouvé éclata d'un rire rendu cauchemardesque par l'écho de la prison, avant de poursuivre.
-Je doute que mes amis apprécieraient de voir un homme se promener ici...
Sur-ce, il se retourna et s'éloigna en riant de plus belle.
-A... attends! Que... a.. attends!
Mais le mort-vivant avait disparu. Beleg expira longuement, tentant de calmer son pouls et ses tremblements. Il ferma les yeux.
Beleg alla s'asseoir sur la planche qui lui servait de couchette. Ainsi donc, il se trouvait à Fossoyeuse. La place forte des réprouvés... Il n'avait aucune chance. Fossoyeuse... Il aurait presque préféré mourir que devoir endurer on ne sait quelles tortures ou pire, servir de cobaye à quelques atroces expériences... Le prêtre prit sa tête entre les mains, et se mit à pleurer. Ha ! Il était bien loin le temps de l’insouciance, où seule la santé des citoyens de Hurlevent lui importait ! La vie du prêtre prit un grand virage le soir où il rencontra Barkalya. Cette maudite manière qu'il avait de faire toutes les tavernes de la ville la nuit tombée... Il aurait mieux fait de tomber malade ! Beleg soupira. Sa vie était devenue atroce depuis cette nuit. Il fut d'abord contraint par cette maudite elfe d'intégrer cette stupide Confrérie de bandits, sous menace de mort. Ensuite, elle emmena le prêtre en Outreterre, où il crut mourir de peur à chaque pas qu'il faisait... Mais il devait bien avouer que, Barkalya, même si elle le faisait trembler à chaque fois qu'elle prenait la parole, lui sauva à plusieurs reprises la vie. L’estime du prêtre envers l'elfe crût peu à peu.
Beleg passa des heures à se ressasser ces moments passés. Perdus dans ses souvenirs, le prêtre ne remarqua pas l'attroupement de réprouvés devant sa cellule. Ce ne fut que lorsque la porte s'ouvrit que Beleg réintégra la réalité.
-Ne... ne... ne vous app... approchez p.. pas ! Hurla-t-il, après s'être précipitamment relevé. Un éclat de rire général lui répondit.
-Suis-nous, humain ! fit le geôlier d'une voix glaçant le sang du prêtre. On a une surprise pour toi.
Deux réprouvés sautèrent tout-à-coup sur Beleg, tachants de le maintenir immobile -ce qui ne fut pas très dur : le prêtre était déjà figé par la peur. Ses yeux furent bandés, et sa bouche bâillonnée. Il se sentit décoller du sol, et emporté par de puissants bras. Au bout d'une dizaine de minutes, le prêtre fut reposé au sol. Après avoir été débarrassé du bandeau et du bâillon, Beleg pu observer ce qu'il semblait être une arène : une salle ronde, du sable au sol. Levant les yeux, l'humain lâcha un hoquet de surprise : il était véritablement dans une arène, les gradins en hauteur, pleins de réprouvés excités le démontrait. Mais alors, si c'était véritablement une arène, et qu'il en était au centre, c'est que...
-N...non..non... c'est... c'est p...p..pas v..vrai... gémit-il, se relevant lentement, et difficilement à cause des puissants tremblements de ses bras. Beleg sursauta. Un grincement strident se fit entendre en face de lui. Une porte, jusque là passée inaperçue à ses yeux, s'ouvrait. Le cœur du prêtre manqua un battement. Puis deux. Dans le cadre de la porte apparu ce qu'il comprit être son premier adversaire. Un sombredogue. A en croire la terrifiante lueur dans son regard, un sombredogue affamé. Beleg recula vers le bord de l'arène, sans pouvoir lâcher ce maudit chien des yeux. Il ne remarqua pas que le fond sonore amplifia, les réprouvés faisant leurs paris. Beleg se mit à genoux, implorant la Lumière de lui venir en aide. Rien. Aucune réponse. Cette réalité eu sur lui l'effet d'une énorme gifle. La Lumière l'avait vraiment abandonné. Pour de bon. Tout espoir s'effondrait. Un grognement menaçant du sombredogue le ramena à songer à sa position. Réfléchir. Il fallait réfléchir. Et vite : ce gentil molosse n'allait pas attendre indéfiniment, il commençait d’ailleurs à s'approcher. Affolé, Beleg jeta des regards partout autour de lui. Rien. Aucune possibilité de fuir. Il allait devoir combattre.
Beleg se concentra. Il détestait se battre. Il n'avait actuellement pas le choix : finir sa vie en casse-croûte ne lui plaisait guère. Seul problème, il ne savait pas se battre. Il n'eut pas le temps de s'interroger plus longtemps sur la stratégie à aborder, que le chien lui sauta dessus (comment était-il possible de sauter aussi loin?). Le prêtre n'avait pas remarqué jusque lors à quel point le sombredogue était grand. Grand, et puissant. Le molosse percuta le torse de l'homme, l'emportant à terre dans un cri de stupeur. À peine eut-il touché le sol, que le chien planta ses crocs acérés dans l'épaule du prêtre. Le hurlement de douleur du prêtre se confondit aux cris surexcités des morts-vivants. Instinctivement, Beleg donna un coup de poing au chien, aussi ridicule qu’inefficace. Dans une poussée d'adrénaline, l'homme repoussa le chien, avant que ce dernier ne lui arrache l'épaule. Les réprouvés crièrent et applaudirent de plus belle. Le sombredogue recula pour observer sa proie plus téméraire que prévu, laissant le temps au prêtre de se relever. Après un long moment d'observation, ce fut contre toute attente le prêtre qui chargea. Beleg sauta sur le chien, l'immobilisant sur le dos. Le molosse mordit puissamment l'avant-bras de l'humain, qui lui offrit en réponse un phénoménal coup de poing au thorax, lui faisant exploser sa cage thoracique. Le prêtre écrasa de son pied la tête du chien, achevant ainsi de le tuer. Une clameur explosa. Beleg tomba à genoux en face du cadavre de ce pauvre chien et l'observa, incrédule. Peu à peu, les tribunes se vidèrent. Au bout de vingt-minutes environs, deux réprouvés vinrent chercher l'humain, toujours dans la même position. Ils mirent le prêtre debout, et l'emmenèrent dans une cellule. Beleg ne chercha pas à se débattre, trop choqué par ce qu'il venait de se passer. Il fut balancé au sol. Le contact de la pierre froide et humide sur sa joue moite le réanima peu à peu.
-Ben en v'là donc une surprise ! Fit une voix rauque venant des ténèbres de la geôle.
Beleg se releva vivement, manquant de retomber à cause de ses jambes tremblantes.
-Qu... que... qui... qui est... l..là ? Balbutia-t-il en tentant de discerner quelque chose dans l'ombre. Il sursauta lorsque la même voix reprit :
-Alors, toi aussi ils t'ont capturés hein ?
-Euh... ou... oui.. euh... c'est... c'est ça.
L'homme en face (car le prêtre en était sur : c'était un homme),éclata de rire.
-Ben di'onc ! Faut pas qu'il ai peur de moi l'petiot ! J'vais point l'manger !
-Je.. euh... enfin... euh... je..
Un long soupir lui répondit.
-Bon. Soyons clairs mon 'tit gars : tu m'parle clairement, franchement, sinon tu la ferme. D'accord ?
-Ou... oui m...monsieur. Fit le prêtre dans un murmure. Monsieur...
-Moi c'est Enedu. Gwrec'h Enedu. L'homme, avant de poursuivre, lui tendit ce qui dut être autrefois une choppe. Tient, bois ça, c'est la seule chose que c'est morts-sur-pattes nous laissent boire. Ch'ais pas d'où ça vient... Mais c'est pas mauvais.
Beleg but une gorgée. Effectivement, l'alcool était bon. Il connaissait ce goût...
-Apparemment, ça viendrait de brasseurs nains... Il poursuivit dans un rire. Les réprouvés pensent qu'c'est pas vraiment des gars honnêtes... Des bandits se faisant passés pour des marchands... fin après, c'est que la rumeur. J'pense que c'est vrai... Et qu'c'est pour ça que les réprouvés leur prennent de l'alcool... Bon... d'toute façon, on s'en fiche non ? On a à boire... Au fait, c'est quoi ton nom p'tit ?
-Des... des bandits... oui.. ha, euh... pardon. Je m'appelle Beleg. B... Beleg Aonnik.
Se sentant légèrement rassuré, le prêtre s'assit au sol. Ses yeux s’accommodèrent finalement à l'obscurité, et il pu enfin observer son interlocuteur. Il s'agissait d'un homme d'âge mûre, portant une robe qui devait être autrefois ornée de divers somptueux motifs, aujourd'hui recouverts par la crasse. D'ailleurs... était-il possible que... Beleg se racla la gorge avant de demander :
-Vous...
-Tu peux m'tutoyer. Le coupa l'homme.
-Etes...
-Es. J'viens d'te dire qu'tu peux m'tutoyer !
-Un pr...
-Un prêtre oui. Comme toi 'm semble...
-Ou... oui... vous...
-Tu ! Le coupa sèchement Gwrec'h. Tu.
-D'a... d'accord... Tu es... un prêtre... aussi ?
-Hoho ! J'vois qu'on a un perspicace dans la pièce ! Tu m'écoute quand j'te parle ?
-M...mais...
Beleg état anéantit. Le combat dans l'arène juste avant, et maintenant cet homme...
-Oui, je suis un prêtre. Mais tout comme toi y'en a l'air, ces pourris d'réprouvés m'ont séparés de la Lumière.
Il continua dans un rire sec.
-Heureusement qu'j'suis assez doué pour avoir appris les subtilités de l'Ombre... Ce qui ne semble pas être ton cas !
-Euh... n..non... effectivement...
-Bah ! D'toute façon, t'as un esprit trop faible pour supporter le poids de l'Ombre ! Remarqua-t-il dans un sourire moqueur.
-Mais.... euh...
-J't'avais pas sit de t'la fermer si t'as rien à dire ?
Un silence pesant s'installa dans la geôle. Les deux prêtre restèrent ainsi sans rien dire pendant quelques heures. Au bout d'un moment, la porte de la cellule s'ouvrit, faisait sursauter Beleg, assoupit. Trois réprouvés entrèrent.
-Toi. Fit l'un d'eux, désignant Beleg du doigt. Suis nous.
Beleg se leva lentement, et tremblant, obéit. Une fois seul dans la cellule, Gwrec'h murmura :
-Bonne chance petit...
-HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !
L'écho du hurlement de douleur du prêtre se répercutèrent longtemps sur les murs nus de la pièce lugubre. Une salle de torture. Tel était l'endroit où ils se trouvaient. Beleg en son centre, deux réprouvés près de lui. L'un d'eux tenait un tisonnier brûlant.
-Hum...bien. Je vois, humain, que tu n'es pas très coopératif...
Le tisonnier s'approcha du bras gauche du prêtre.
-Reprenons donc depuis le début. Le réprouvé laissa s'écouler quelques secondes, laissant au prêtre sentir la chaleur de la braise dangereusement proche.
-Que faisait un prêtre de Hurlevent, il me semble, dans notre territoire ?
Beleg n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit, que le second réprouvé enfonça le tisonnier dans l'épaule ensanglantée du prêtre, lui arrachant un hurlement de douleur.
-Non ? Dommage... Tu remerciera les personnes à l'origine de ce... Il rit un instant. Ce dessin, sur ton dos. Ces traces m'ont inspiré pour ce... divertissement.
Les bourreaux éclatèrent de rire. Beleg, à moitié nu sur sa chaise et solidement attaché, n'avait même plus la force de se débattre. Ni plus aucune larme à pleurer. Le prêtre était abattu. Il n'avait pas peur, seule une intense lueur de désespoir brillait dans ses yeux, sur un visage inexpressif. Il se considérait déjà comme étant mort. Et pour la première fois de sa triste vie, il n'avait pas peur de la mort. Après tout, pourquoi espérer ? Il se trouvait en un lieu dont personne ne pouvait l'en sortir. Il se sentait de plus en plus abandonné : d'abords, Bayn. Son frère lui manquait. Qu'aurait-il fait dans cette situation ? Il aurait certainement bien mieux agit, ne se serait pas laissé emporté par le désespoir. Mais ce n'était pas Bayn sur cette chaise. Bayn était mort. Ensuite, la Lumière. Pourquoi n'avait-il plus aucune réponse ? Ce vide dans son esprit l’anéantissait chaque jours un peu plus. D'ailleurs, combien de jours se sont écoulés depuis le début de sa captivité ? Le prêtre ne saurait y répondre. Le souvenir de la liberté se faisait toutefois de plus en plus lointain. Et la Confrérie... Ces personnes qu'il ne connaissait finalement pas si bien que ça... Barkalya mise à part. Il était condamné à l'oubli. Qui pouvait bien venir le sauver? Personne, évidemment. Une douleur cuisante lui traversa l'abdomen, lui arrachant un nouveau cri de souffrance.
-Ha... Au fait, humain, as-tu apprécié notre cadeau de bienvenue ? Il me semble que le Sacré t'était cher... Dommage pour toi que notre mixture ai eu un effet... Enfin. Je dois t'embêter avec toutes mes histoires...
Un phénoménal coup de poing fusa vers la joue du prêtre, qui l'esquiva en baissant la tête.
-Ho ! Tu veux faire le malin avec moi ? Bien bien bien...
Le réprouvé fit un signe de la main à son semblable, qui revint plus tard avec un profond seau d'eau, du moins, ça ressemblait à de l'eau.
-Nous, réprouvés, avons une très bonne résistance au manque d'oxygène dans l'eau... Ce qui nous permet de battre des records d’apnée. Le mort-vivant éclata de rire. Je me suis toujours demandé combien de temps un humain peut rester sous l'eau sans respirer.
La chaise du prêtre fut renversée, et sa tête plongée dans le liquide froid et puant. Aussitôt, les réprouvés se déchaînèrent sur le corps de l'homme. Ils le frappèrent à tout les endroits imaginable, lui tordant, voir cassant, doigts, bras, jambes... Tout en maintenant sa tête sous l'eau. Beleg sentit rapidement l'eau pénétrer dans ses poumons. Il ne chercha pas à se débattre. Le nom du monde était souffrance. Ténèbres. Agonie. Le prêtre perdit connaissance.
-Ha ben enfin ! Le v'là qui s'réveille l'jeune ! Il en avait point marre d'pioncer ainsi ?
-Tai... taisez... vous... fit Beleg lentement, la bouche pâteuse.
-Hé bah ! Plus aucun respect pour les anciens ces jeunes ! Bon. J't'ait rangé du mieux qu'j'ai pu tes sales plaies... Mais j'te promet rien. Il haussa les épaules. Repose toi pour l'instant l'jeune.
Beleg referma ses yeux. Il n'osa pas revivre dans sa tête ses dernières heures. La douleur de ses blessures lui faisait atrocement mal. Le prêtre n'eut pas le temps de penser à quoi que ce soit d'autre, qu'il sombra dans un long et profond sommeil réparateur.
Beleg était seul, sur une place. Une place bien connue de lui même, mais qu'il ne pouvait pas nommer... Un chant mélodieux lui emplissait l'esprit. Il se retourna, lentement, et un flot de souvenirs déferla dans sa tête. Hurlevent. La place où il se trouvait était à Hurlevent. L'imposante et inoubliable Cathédrale de Lumière en face de lui ne pouvait faire douter quiconque. Pourtant... Il manquait quelque chose. Beleg n'entendait pas les enfants de l'orphelinat rire, ou même pleurer. Il n'y avait même pas le fond sonore ambiant de la ville à cet heure... Et la place était vide. Aucun promeneur, aucun marchand, aucun... personne. Ce n'était pas normal. Le chant s'amplifia dans son crâne, et le prêtre fut inexplicablement attiré vers la Cathédrale. Il ne pouvait se déplacer que lentement. Et plus il s'approchait de l'entrée, plus les traits devenaient flous, imprécis. Il s'arrêta une fois à l’intérieur.
-Ce n'est pas une cathédrale, mais un prison !
Au centre de la grande salle,habituellement sombre, luisait faiblement la Lumière. Emprisonnée. Par de puissantes chaînes maléfique, ou quelque chose dans ce genre... Sans crier gare, des formes obscures surgirent de nulle part, filants droit sur le prêtre. Affolé, ce dernier se mit à courir aussi vite et loin qu'il le pouvait. Il finit sa course sur une plage. Poussé par une force inconnue, Beleg s'approcha du rivage. À la lueur de la lune ronde, il vit deux masses flotter. Deux corps. Filants aux grès des courants. Beleg se retrouva sur une petit île. Les deux cadavres à ses côtés. Un homme, de son âge, et une femme, bien plus jeune. Il les reconnus. Douleur. Désespoir. Abandon. Amitié. Frère. Bayn. Et sa jeune apprentie, Belya. Morts d'une entaille profonde à la gorge. Pour la première fois, il se sentit seul. Seul. Sur une chaise. Attaché. Recevant des coups de toutes part par des poings invisibles. La tête sous l'eau. Étouffement. Abandon. Définitif cette fois. Mort.
Une puissante gifle le réveilla en sursaut.
-Hé ba enfin ! Dis donc, t'en a mis du temps ! Ça fait bien vingt jours que j'tente de t'réveiller ! T'as l'sommeil profond hein !
Beleg s'assit sur la paillasse.
-V..v...vingt j..j...jours...
-Au moins ! Ils t'ont pas loupés ces pourritures de réprouvés ! Si tu t'étais vu ! Ben tient, qu't'était dans un d'ces états ! Tient, mange ! C'est qu'tu dois avoir faim non ?
Le vieux prêtre lui tendit un vieux bol en bois, remplis d'une bouillie verdâtre.
-J'dois admettre qu'c'est p'tête pas bien bon, mais c'est tout c'que j'ai !
Beleg sentit son estomac se tordre. Effectivement, il avait faim. Il commença à manger la bouillie, qui s'avéra horriblement aigre. Mais il avait tout aussi faim. Le vieil homme lui tendit une choppe.
-Bois, les réprouvés ils nous ont donnés un tonneau rien qu'pour nous deux ! 'm'étonneront toujours ceux-là...
Beleg vit le tonneau en question. Il y aperçu gravé, deux choppes, sous-titrées de « La Part Des Anges ».
-La... la... Confrérie... murmura-t-il, épuisé.
Le vieux prêtre haussa un sourcil.
-Tu connais ces marchands ? Finit-il par demander.
-Il... fait... f...froid...
Gwrec'h haussa les épaules.
-Ça, j'y suis pour rien. Tu verra, à force tu vas t'y habituer.
Deux réprouvés passèrent par là à ce moment, et virent le jeune prêtre assit.
-Ho ! C'est qu'il est remis sur pieds, le jeune humain ! Fit l'un d'eux, en s'approchant.
L'homme gémit en se laissant lourdement tomber au sol.
-P.. pour... mais... pour... pourquoi ? Mais p.. pourquoi?
Son hurlement se finit en râle. Il se mit à pleurer. Oubliant l'humidité et l'odeur de moisi de sa geôle. Sa geôle. D'ailleurs, comment en est-il arrivé là? Pourquoi ne l'avaient-ils pas tué directement? L'homme prit sa tête entre dans ses mains, désespéré. En quelques minutes, il avait tout perdu. La liberté, ses affaires et... la Lumière.
-Barkalya... gémit-il entre deux sanglots.
Un rire strident lui répondit, résonnant contre les paroies de la cellule. Beleg se retourna en sursaut, et recula vivement vers le fond, jusqu'à sentir la paroie humide dans son dos. Il vavait du mal à tenir debout, tellement ses jambes tremblaient.
-Ne... ne t'app... ne t'approche p... pas, v...vile créat....t..ture! Laisse-moi s..sortir!
La créature en face de lui lui dévoila ses dents, jaunes et irrégulières en guise de ce qui semblait-être, un sourire.
-Les geôles de notre majestueuse cité ne te conviennent pas, humain? fit une voix éraillée. Je vois. Tu veux que je te laisse sortir seul, dans Fossoyeuse?
Le réprouvé éclata d'un rire rendu cauchemardesque par l'écho de la prison, avant de poursuivre.
-Je doute que mes amis apprécieraient de voir un homme se promener ici...
Sur-ce, il se retourna et s'éloigna en riant de plus belle.
-A... attends! Que... a.. attends!
Mais le mort-vivant avait disparu. Beleg expira longuement, tentant de calmer son pouls et ses tremblements. Il ferma les yeux. Tout avait pourtant approximativement bien commencé...
Cette nuit là, les étoiles brillaient claires et lointaines dans le ciel dégagé de Glinéas. La nuit était fraîche, comme à son habitude à cette saison. Beleg Aonnik marchait dans ces terres tristes et terrifiantes, un léger sac sur les épaules. Le prêtre avait décidé de, pour une fois, passer la nuit à la belle étoile, emportant ses maigres possessions avec lui (un livre, et une robe de rechange). Barkalya s'absentait souvent, le laissant seul dans la petite maison qu'ils avaient « empruntés » au nord de Gilnéas. Le prêtre n'ayant aucune occupation digne de ce nom avait pour une fois, décidé de changer d'air. Il ignorait quelle direction il empruntait, n'étant pas très doué en orientation, mais il s'en moquait. Il s'était déjà souvent promené de nuit, avec Barkalya. Il devait admettre toutefois, que tout était beaucoup plus effrayant tout seul... Beleg frissonna en songeant aux monstres qui pouvaient se cacher dans l'ombre des fourrées, et lui sauter dessus à la première occa...
Le prêtre s'arrêta instantanément. Un bruit. Non. Justement. Le manque soudain de toute activité sonore nocturne le troublait. L'inquiétait. Il se mit à trembler. Une chauve-souris frôla son crâne, le faisant sursauter.
-Qu...qu...qui...qui est... qui est l... là ? Osa-t-il demandé d'une voix rendue tremblante par la peur. Seul le silence total lui répondit. Beleg n'osa plus bouger. Ni même respirer. Une sueur froide lui coulait dans le dos. Il resta immobile quelques minutes, attentif à tout ce qu'il pourrait entendre. Il tenta de discerner quelque chose dans l'obscurité, mais il lui semblait voir de moins en moins clair. Un vent du nord s'est levé, faisant trembler le prêtre un peu plus fortement. Beleg ne voyait presque plus rien dorénavant. Affolé, il jeta un coup d’œil vers le ciel : le vent avait apporté dans son sillage une épaisse couche de nuages, camouflant presque totalement la lune. Sentant un danger imminent, le prêtre empoigna son bâton de ses deux mains et, tentant de se remémorer les trop peu conseils de Barkalya vis-avis du combat, afficha une garde aussi ridicule qu'inefficace. Il n'eut pas longtemps à attendre. D'un coup, les buisson explosèrent, faisant sursauter et hurler le prêtre de peur. Son cri s’amplifia quand il eu reconnu ses adversaires. Leur groupe s'élevait au nombre incroyable de huit. Huit réprouvés, encerclant un humain en état de choc. Huit réprouvés, hilares.
Le prêtre mit un bon moment à comprendre et à définir ces petits cris stridents de rires. Les réprouvés se moquaient de lui. Lui. Pauvre humain qui, pour la première fois sortait seul. Et il a fallut qu'il tombe sur une des très rares patrouilles des réprouvés. Beleg en aurait même presque eu envie d'en rire, tellement c'était pittoresque. Il tenta un pas en avant. Les... rires se turent aussitôt, et une série de lames furent pointées de toute part, vers le prêtre. Ce dernier s'immobilisa aussitôt et, d'une main rendue tremblante par l'effroi, posa lentement son bâton au sol. Il ne se releva pas immédiatement, préférant humer une dernière fois l'odeur de la terre fraîche, savourer la brise marine glacée glissant sur sa joue, écouter un loup, au loin, hurlant son désespoir à la lune... Et observer le léger halo de lumière se dégageant de ses mains moites... La Lumière... Elle ne lui était pas très utile en ce moment. Il ne savait même pas comment se défendre grâce à elle. Beleg laissa tomber ses mains au sol. Il prit une poignée de terre humide, qu'il laissa ensuite filer entre ses doigts. Une larme coula sur sa joue. Cette fois, il n'avait plus peur. Il pleurait. Il ne sentait pas la pointe glacée d'un poignard lui parcourant le dos. Cette fois, il était désespéré. Cette fois, il allait mourir.
-Pardon... murmura-t-il au vent.
Hurlement.
Souffrance.
Ténèbres.
Beleg flottait. Il flottait dans le vide. Le néant. L'Ombre. Le prêtre étouffait. Il allait succomber à la panique, lorsqu'il vit au loin une lumière. Non. Pas une lumière: La Lumière. Elle se rapprochait à une vitesse folle. Engloutissant l'Ombre. Tentant d'engloutir l'Ombre. Ce dernier tint bon. Il résista. Un combat acharné suivit. Le Sacré faiblissait, là où les Ténèbres se déchaînaient. Beleg assistait à ce combat en tant que spectateur. Beleg en l'acteur principal. La Lumière devint tout à coup plus éclatante que jamais, réduisant l'Ombre au statu d'insecte à ses côtés. La Lumière dominait. Forte. Puissante. Glorieuse. Mais sans Ombre, Lumière n'est rien. L'Ombre, sans crier gare, explosa. La Lumière tenta en vain de résister à tant de puissance, et le combat repris. Plus sauvage, acharné, plus impressionnant qu'auparavant. Lumière contre Ombre. Ombre contre Lumière. Le combat dura des heures. Des heures de souffrance pour le prêtre, impuissant. Soudain, la Lumière faiblit. L'Ombre en profita. Elle s'accrût en puissance, jusqu'à engloutir le peu de Lumière qui résistait. La tempête se calma. Le prêtre était en état de choque. Il flottait dorénavant dans le vide. Le noir. Toute Lumière avait disparue de son existence.
Ténèbres.
Souffrances.
Hurlements.
Abandon.
Ombre.
Le prêtre se réveilla en sursaut.
Lorsqu'il eut repris ces esprits, Beleg constata trois choses :
Il était vivant.
Il était prisonnier.
Et bien pire, la...
-La... la Lumière... Elle... elle m'a... La Lumière m'a... abandonné!
Le prêtre gémit en se laissant lourdement tomber au sol.
-P.. pour... mais... pour... pourquoi ? Mais p.. pourquoi?
Son hurlement se finit en râle. Il se mit à pleurer. Oubliant l'humidité et l'odeur de moisi de sa geôle. Sa geôle. D'ailleurs, comment en est-il arrivé là? Pourquoi ne l'avaient-ils pas tué directement? L'homme prit sa tête entre dans ses mains, désespéré. En quelques minutes, il avait tout perdu. La liberté, ses affaires et... la Lumière.
-Barkalya... gémit-il entre deux sanglots.
Un rire strident lui répondit, résonnant contre les parois de la cellule. Beleg se retourna en sursaut, et recula vivement vers le fond, jusqu'à sentir la paroie humide dans son dos. Il avait du mal à tenir debout, tellement ses jambes tremblaient.
-Ne... ne t'app... ne t'approche p... pas, v...vile créat....t..ture! Laisse-moi s..sortir!
La créature en face de lui lui dévoila ses dents, jaunes et irrégulières en guise de ce qui semblait-être, un sourire.
-Les geôles de notre majestueuse cité ne te conviennent pas, humain? fit une voix éraillée. Je vois. Tu veux que je te laisse sortir seul, dans Fossoyeuse?
Le réprouvé éclata d'un rire rendu cauchemardesque par l'écho de la prison, avant de poursuivre.
-Je doute que mes amis apprécieraient de voir un homme se promener ici...
Sur-ce, il se retourna et s'éloigna en riant de plus belle.
-A... attends! Que... a.. attends!
Mais le mort-vivant avait disparu. Beleg expira longuement, tentant de calmer son pouls et ses tremblements. Il ferma les yeux.
Beleg alla s'asseoir sur la planche qui lui servait de couchette. Ainsi donc, il se trouvait à Fossoyeuse. La place forte des réprouvés... Il n'avait aucune chance. Fossoyeuse... Il aurait presque préféré mourir que devoir endurer on ne sait quelles tortures ou pire, servir de cobaye à quelques atroces expériences... Le prêtre prit sa tête entre les mains, et se mit à pleurer. Ha ! Il était bien loin le temps de l’insouciance, où seule la santé des citoyens de Hurlevent lui importait ! La vie du prêtre prit un grand virage le soir où il rencontra Barkalya. Cette maudite manière qu'il avait de faire toutes les tavernes de la ville la nuit tombée... Il aurait mieux fait de tomber malade ! Beleg soupira. Sa vie était devenue atroce depuis cette nuit. Il fut d'abord contraint par cette maudite elfe d'intégrer cette stupide Confrérie de bandits, sous menace de mort. Ensuite, elle emmena le prêtre en Outreterre, où il crut mourir de peur à chaque pas qu'il faisait... Mais il devait bien avouer que, Barkalya, même si elle le faisait trembler à chaque fois qu'elle prenait la parole, lui sauva à plusieurs reprises la vie. L’estime du prêtre envers l'elfe crût peu à peu.
Beleg passa des heures à se ressasser ces moments passés. Perdus dans ses souvenirs, le prêtre ne remarqua pas l'attroupement de réprouvés devant sa cellule. Ce ne fut que lorsque la porte s'ouvrit que Beleg réintégra la réalité.
-Ne... ne... ne vous app... approchez p.. pas ! Hurla-t-il, après s'être précipitamment relevé. Un éclat de rire général lui répondit.
-Suis-nous, humain ! fit le geôlier d'une voix glaçant le sang du prêtre. On a une surprise pour toi.
Deux réprouvés sautèrent tout-à-coup sur Beleg, tachants de le maintenir immobile -ce qui ne fut pas très dur : le prêtre était déjà figé par la peur. Ses yeux furent bandés, et sa bouche bâillonnée. Il se sentit décoller du sol, et emporté par de puissants bras. Au bout d'une dizaine de minutes, le prêtre fut reposé au sol. Après avoir été débarrassé du bandeau et du bâillon, Beleg pu observer ce qu'il semblait être une arène : une salle ronde, du sable au sol. Levant les yeux, l'humain lâcha un hoquet de surprise : il était véritablement dans une arène, les gradins en hauteur, pleins de réprouvés excités le démontrait. Mais alors, si c'était véritablement une arène, et qu'il en était au centre, c'est que...
-N...non..non... c'est... c'est p...p..pas v..vrai... gémit-il, se relevant lentement, et difficilement à cause des puissants tremblements de ses bras. Beleg sursauta. Un grincement strident se fit entendre en face de lui. Une porte, jusque là passée inaperçue à ses yeux, s'ouvrait. Le cœur du prêtre manqua un battement. Puis deux. Dans le cadre de la porte apparu ce qu'il comprit être son premier adversaire. Un sombredogue. A en croire la terrifiante lueur dans son regard, un sombredogue affamé. Beleg recula vers le bord de l'arène, sans pouvoir lâcher ce maudit chien des yeux. Il ne remarqua pas que le fond sonore amplifia, les réprouvés faisant leurs paris. Beleg se mit à genoux, implorant la Lumière de lui venir en aide. Rien. Aucune réponse. Cette réalité eu sur lui l'effet d'une énorme gifle. La Lumière l'avait vraiment abandonné. Pour de bon. Tout espoir s'effondrait. Un grognement menaçant du sombredogue le ramena à songer à sa position. Réfléchir. Il fallait réfléchir. Et vite : ce gentil molosse n'allait pas attendre indéfiniment, il commençait d’ailleurs à s'approcher. Affolé, Beleg jeta des regards partout autour de lui. Rien. Aucune possibilité de fuir. Il allait devoir combattre.
Beleg se concentra. Il détestait se battre. Il n'avait actuellement pas le choix : finir sa vie en casse-croûte ne lui plaisait guère. Seul problème, il ne savait pas se battre. Il n'eut pas le temps de s'interroger plus longtemps sur la stratégie à aborder, que le chien lui sauta dessus (comment était-il possible de sauter aussi loin?). Le prêtre n'avait pas remarqué jusque lors à quel point le sombredogue était grand. Grand, et puissant. Le molosse percuta le torse de l'homme, l'emportant à terre dans un cri de stupeur. À peine eut-il touché le sol, que le chien planta ses crocs acérés dans l'épaule du prêtre. Le hurlement de douleur du prêtre se confondit aux cris surexcités des morts-vivants. Instinctivement, Beleg donna un coup de poing au chien, aussi ridicule qu’inefficace. Dans une poussée d'adrénaline, l'homme repoussa le chien, avant que ce dernier ne lui arrache l'épaule. Les réprouvés crièrent et applaudirent de plus belle. Le sombredogue recula pour observer sa proie plus téméraire que prévu, laissant le temps au prêtre de se relever. Après un long moment d'observation, ce fut contre toute attente le prêtre qui chargea. Beleg sauta sur le chien, l'immobilisant sur le dos. Le molosse mordit puissamment l'avant-bras de l'humain, qui lui offrit en réponse un phénoménal coup de poing au thorax, lui faisant exploser sa cage thoracique. Le prêtre écrasa de son pied la tête du chien, achevant ainsi de le tuer. Une clameur explosa. Beleg tomba à genoux en face du cadavre de ce pauvre chien et l'observa, incrédule. Peu à peu, les tribunes se vidèrent. Au bout de vingt-minutes environs, deux réprouvés vinrent chercher l'humain, toujours dans la même position. Ils mirent le prêtre debout, et l'emmenèrent dans une cellule. Beleg ne chercha pas à se débattre, trop choqué par ce qu'il venait de se passer. Il fut balancé au sol. Le contact de la pierre froide et humide sur sa joue moite le réanima peu à peu.
-Ben en v'là donc une surprise ! Fit une voix rauque venant des ténèbres de la geôle.
Beleg se releva vivement, manquant de retomber à cause de ses jambes tremblantes.
-Qu... que... qui... qui est... l..là ? Balbutia-t-il en tentant de discerner quelque chose dans l'ombre. Il sursauta lorsque la même voix reprit :
-Alors, toi aussi ils t'ont capturés hein ?
-Euh... ou... oui.. euh... c'est... c'est ça.
L'homme en face (car le prêtre en était sur : c'était un homme),éclata de rire.
-Ben di'onc ! Faut pas qu'il ai peur de moi l'petiot ! J'vais point l'manger !
-Je.. euh... enfin... euh... je..
Un long soupir lui répondit.
-Bon. Soyons clairs mon 'tit gars : tu m'parle clairement, franchement, sinon tu la ferme. D'accord ?
-Ou... oui m...monsieur. Fit le prêtre dans un murmure. Monsieur...
-Moi c'est Enedu. Gwrec'h Enedu. L'homme, avant de poursuivre, lui tendit ce qui dut être autrefois une choppe. Tient, bois ça, c'est la seule chose que c'est morts-sur-pattes nous laissent boire. Ch'ais pas d'où ça vient... Mais c'est pas mauvais.
Beleg but une gorgée. Effectivement, l'alcool était bon. Il connaissait ce goût...
-Apparemment, ça viendrait de brasseurs nains... Il poursuivit dans un rire. Les réprouvés pensent qu'c'est pas vraiment des gars honnêtes... Des bandits se faisant passés pour des marchands... fin après, c'est que la rumeur. J'pense que c'est vrai... Et qu'c'est pour ça que les réprouvés leur prennent de l'alcool... Bon... d'toute façon, on s'en fiche non ? On a à boire... Au fait, c'est quoi ton nom p'tit ?
-Des... des bandits... oui.. ha, euh... pardon. Je m'appelle Beleg. B... Beleg Aonnik.
Se sentant légèrement rassuré, le prêtre s'assit au sol. Ses yeux s’accommodèrent finalement à l'obscurité, et il pu enfin observer son interlocuteur. Il s'agissait d'un homme d'âge mûre, portant une robe qui devait être autrefois ornée de divers somptueux motifs, aujourd'hui recouverts par la crasse. D'ailleurs... était-il possible que... Beleg se racla la gorge avant de demander :
-Vous...
-Tu peux m'tutoyer. Le coupa l'homme.
-Etes...
-Es. J'viens d'te dire qu'tu peux m'tutoyer !
-Un pr...
-Un prêtre oui. Comme toi 'm semble...
-Ou... oui... vous...
-Tu ! Le coupa sèchement Gwrec'h. Tu.
-D'a... d'accord... Tu es... un prêtre... aussi ?
-Hoho ! J'vois qu'on a un perspicace dans la pièce ! Tu m'écoute quand j'te parle ?
-M...mais...
Beleg état anéantit. Le combat dans l'arène juste avant, et maintenant cet homme...
-Oui, je suis un prêtre. Mais tout comme toi y'en a l'air, ces pourris d'réprouvés m'ont séparés de la Lumière.
Il continua dans un rire sec.
-Heureusement qu'j'suis assez doué pour avoir appris les subtilités de l'Ombre... Ce qui ne semble pas être ton cas !
-Euh... n..non... effectivement...
-Bah ! D'toute façon, t'as un esprit trop faible pour supporter le poids de l'Ombre ! Remarqua-t-il dans un sourire moqueur.
-Mais.... euh...
-J't'avais pas sit de t'la fermer si t'as rien à dire ?
Un silence pesant s'installa dans la geôle. Les deux prêtre restèrent ainsi sans rien dire pendant quelques heures. Au bout d'un moment, la porte de la cellule s'ouvrit, faisait sursauter Beleg, assoupit. Trois réprouvés entrèrent.
-Toi. Fit l'un d'eux, désignant Beleg du doigt. Suis nous.
Beleg se leva lentement, et tremblant, obéit. Une fois seul dans la cellule, Gwrec'h murmura :
-Bonne chance petit...
-HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !
L'écho du hurlement de douleur du prêtre se répercutèrent longtemps sur les murs nus de la pièce lugubre. Une salle de torture. Tel était l'endroit où ils se trouvaient. Beleg en son centre, deux réprouvés près de lui. L'un d'eux tenait un tisonnier brûlant.
-Hum...bien. Je vois, humain, que tu n'es pas très coopératif...
Le tisonnier s'approcha du bras gauche du prêtre.
-Reprenons donc depuis le début. Le réprouvé laissa s'écouler quelques secondes, laissant au prêtre sentir la chaleur de la braise dangereusement proche.
-Que faisait un prêtre de Hurlevent, il me semble, dans notre territoire ?
Beleg n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit, que le second réprouvé enfonça le tisonnier dans l'épaule ensanglantée du prêtre, lui arrachant un hurlement de douleur.
-Non ? Dommage... Tu remerciera les personnes à l'origine de ce... Il rit un instant. Ce dessin, sur ton dos. Ces traces m'ont inspiré pour ce... divertissement.
Les bourreaux éclatèrent de rire. Beleg, à moitié nu sur sa chaise et solidement attaché, n'avait même plus la force de se débattre. Ni plus aucune larme à pleurer. Le prêtre était abattu. Il n'avait pas peur, seule une intense lueur de désespoir brillait dans ses yeux, sur un visage inexpressif. Il se considérait déjà comme étant mort. Et pour la première fois de sa triste vie, il n'avait pas peur de la mort. Après tout, pourquoi espérer ? Il se trouvait en un lieu dont personne ne pouvait l'en sortir. Il se sentait de plus en plus abandonné : d'abords, Bayn. Son frère lui manquait. Qu'aurait-il fait dans cette situation ? Il aurait certainement bien mieux agit, ne se serait pas laissé emporté par le désespoir. Mais ce n'était pas Bayn sur cette chaise. Bayn était mort. Ensuite, la Lumière. Pourquoi n'avait-il plus aucune réponse ? Ce vide dans son esprit l’anéantissait chaque jours un peu plus. D'ailleurs, combien de jours se sont écoulés depuis le début de sa captivité ? Le prêtre ne saurait y répondre. Le souvenir de la liberté se faisait toutefois de plus en plus lointain. Et la Confrérie... Ces personnes qu'il ne connaissait finalement pas si bien que ça... Barkalya mise à part. Il était condamné à l'oubli. Qui pouvait bien venir le sauver? Personne, évidemment. Une douleur cuisante lui traversa l'abdomen, lui arrachant un nouveau cri de souffrance.
-Ha... Au fait, humain, as-tu apprécié notre cadeau de bienvenue ? Il me semble que le Sacré t'était cher... Dommage pour toi que notre mixture ai eu un effet... Enfin. Je dois t'embêter avec toutes mes histoires...
Un phénoménal coup de poing fusa vers la joue du prêtre, qui l'esquiva en baissant la tête.
-Ho ! Tu veux faire le malin avec moi ? Bien bien bien...
Le réprouvé fit un signe de la main à son semblable, qui revint plus tard avec un profond seau d'eau, du moins, ça ressemblait à de l'eau.
-Nous, réprouvés, avons une très bonne résistance au manque d'oxygène dans l'eau... Ce qui nous permet de battre des records d’apnée. Le mort-vivant éclata de rire. Je me suis toujours demandé combien de temps un humain peut rester sous l'eau sans respirer.
La chaise du prêtre fut renversée, et sa tête plongée dans le liquide froid et puant. Aussitôt, les réprouvés se déchaînèrent sur le corps de l'homme. Ils le frappèrent à tout les endroits imaginable, lui tordant, voir cassant, doigts, bras, jambes... Tout en maintenant sa tête sous l'eau. Beleg sentit rapidement l'eau pénétrer dans ses poumons. Il ne chercha pas à se débattre. Le nom du monde était souffrance. Ténèbres. Agonie. Le prêtre perdit connaissance.
-Ha ben enfin ! Le v'là qui s'réveille l'jeune ! Il en avait point marre d'pioncer ainsi ?
-Tai... taisez... vous... fit Beleg lentement, la bouche pâteuse.
-Hé bah ! Plus aucun respect pour les anciens ces jeunes ! Bon. J't'ait rangé du mieux qu'j'ai pu tes sales plaies... Mais j'te promet rien. Il haussa les épaules. Repose toi pour l'instant l'jeune.
Beleg referma ses yeux. Il n'osa pas revivre dans sa tête ses dernières heures. La douleur de ses blessures lui faisait atrocement mal. Le prêtre n'eut pas le temps de penser à quoi que ce soit d'autre, qu'il sombra dans un long et profond sommeil réparateur.
Beleg était seul, sur une place. Une place bien connue de lui même, mais qu'il ne pouvait pas nommer... Un chant mélodieux lui emplissait l'esprit. Il se retourna, lentement, et un flot de souvenirs déferla dans sa tête. Hurlevent. La place où il se trouvait était à Hurlevent. L'imposante et inoubliable Cathédrale de Lumière en face de lui ne pouvait faire douter quiconque. Pourtant... Il manquait quelque chose. Beleg n'entendait pas les enfants de l'orphelinat rire, ou même pleurer. Il n'y avait même pas le fond sonore ambiant de la ville à cet heure... Et la place était vide. Aucun promeneur, aucun marchand, aucun... personne. Ce n'était pas normal. Le chant s'amplifia dans son crâne, et le prêtre fut inexplicablement attiré vers la Cathédrale. Il ne pouvait se déplacer que lentement. Et plus il s'approchait de l'entrée, plus les traits devenaient flous, imprécis. Il s'arrêta une fois à l’intérieur.
-Ce n'est pas une cathédrale, mais un prison !
Au centre de la grande salle,habituellement sombre, luisait faiblement la Lumière. Emprisonnée. Par de puissantes chaînes maléfique, ou quelque chose dans ce genre... Sans crier gare, des formes obscures surgirent de nulle part, filants droit sur le prêtre. Affolé, ce dernier se mit à courir aussi vite et loin qu'il le pouvait. Il finit sa course sur une plage. Poussé par une force inconnue, Beleg s'approcha du rivage. À la lueur de la lune ronde, il vit deux masses flotter. Deux corps. Filants aux grès des courants. Beleg se retrouva sur une petit île. Les deux cadavres à ses côtés. Un homme, de son âge, et une femme, bien plus jeune. Il les reconnus. Douleur. Désespoir. Abandon. Amitié. Frère. Bayn. Et sa jeune apprentie, Belya. Morts d'une entaille profonde à la gorge. Pour la première fois, il se sentit seul. Seul. Sur une chaise. Attaché. Recevant des coups de toutes part par des poings invisibles. La tête sous l'eau. Étouffement. Abandon. Définitif cette fois. Mort.
Une puissante gifle le réveilla en sursaut.
-Hé ba enfin ! Dis donc, t'en a mis du temps ! Ça fait bien vingt jours que j'tente de t'réveiller ! T'as l'sommeil profond hein !
Beleg s'assit sur la paillasse.
-V..v...vingt j..j...jours...
-Au moins ! Ils t'ont pas loupés ces pourritures de réprouvés ! Si tu t'étais vu ! Ben tient, qu't'était dans un d'ces états ! Tient, mange ! C'est qu'tu dois avoir faim non ?
Le vieux prêtre lui tendit un vieux bol en bois, remplis d'une bouillie verdâtre.
-J'dois admettre qu'c'est p'tête pas bien bon, mais c'est tout c'que j'ai !
Beleg sentit son estomac se tordre. Effectivement, il avait faim. Il commença à manger la bouillie, qui s'avéra horriblement aigre. Mais il avait tout aussi faim. Le vieil homme lui tendit une choppe.
-Bois, les réprouvés ils nous ont donnés un tonneau rien qu'pour nous deux ! 'm'étonneront toujours ceux-là...
Beleg vit le tonneau en question. Il y aperçu gravé, deux choppes, sous-titrées de « La Part Des Anges ».
-La... la... Confrérie... murmura-t-il, épuisé.
Le vieux prêtre haussa un sourcil.
-Tu connais ces marchands ? Finit-il par demander.
-Il... fait... f...froid...
Gwrec'h haussa les épaules.
-Ça, j'y suis pour rien. Tu verra, à force tu vas t'y habituer.
Deux réprouvés passèrent par là à ce moment, et virent le jeune prêtre assit.
-Ho ! C'est qu'il est remis sur pieds, le jeune humain ! Fit l'un d'eux, en s'approchant.
Dernière édition par beleij le Dim 21 Oct - 17:34, édité 15 fois
beleij- Pipelette
- Messages : 143
Re: Sombre avenir.
suite postée! j'aime faire souffrir mon pauvre petit beleg... mouahahahahahaha!
beleij- Pipelette
- Messages : 143
Re: Sombre avenir.
What da? Qu'est-ce qu'ils lui ont fait au Beleg??? x)
Taltos Queen- VIP
- Messages : 242
Re: Sombre avenir.
voilà une nouvelle partie de mon BG! la fin approche...
beleij- Pipelette
- Messages : 143
:: La Confrérie :: Près de l'Âtre
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