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Le Dernier Jour [Fin BG Aarseth]

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Le Dernier Jour [Fin BG Aarseth] Empty Le Dernier Jour [Fin BG Aarseth]

Message  Aarseth Laëron Ven 27 Juil - 15:08

Lettre à Jarod

Mon fils,
Lorsque ta mère t’a ramené à moi, elle m’a fait promettre de ne pas te mêler aux activités criminelles qui étaient les miennes. Si cette lettre est entre tes mains aujourd’hui, alors je vais briser cette promesse. Du jour où tu as vécu à mes côtés jusqu’à ma mort, j’ai cherché à te maintenir loin de l’existence décousue qui était la mienne, je ne voulais pas que tu vois ton père comme un paria, comme un assassin, je voulais que tu sois fier de moi alors que tu n’étais qu’un enfant. Partout où tu prononceras mon nom, on te dira que j’étais un meurtrier, un voleur, un homme qui faisait partie de l’une des confréries de pillards les plus sombres de tout Azeroth. Tous ces mots, toutes ces insultes à mon sujet sont véridiques et je ne veux pas te cacher que ton père était un exilé, un renégat de sa propre patrie et de son peuple. On te dira aussi que La Part des Anges est un repère de malfrats, un cloaque regroupant les êtres les plus immoraux…
Oui, nous sommes des voleurs, des traîtres, des assassins. Nous avons le sang de milles vies entre nos doigts, l’or de centaines d’empires dans nos coffres, les rancœurs de dizaines de démons dans nos cœurs. Néanmoins, mon fils, en rejoignant cet ordre, j’ai croisé les êtres les plus exceptionnels qui existent en ce monde. Je suis devenue un criminel mais un criminel qui a côtoyé des personnages remarquables, des héros méprisés et oubliés qui luttent dans l’ombre, des hommes et des femmes dont les noms ne seront pas inscrits dans les livres et dont les corps seront emportés par la poussière sans que personne ne le remarque. Moi je ne les oublierais jamais. Ils ont marqué ma vie à un point inimaginable, ils ont bousculés mes valeurs, transformés mon cœur et mon âme et, à l’instant où tu lis cette lettre, je regrette de ne pas encore être à leurs côtés pour les suivre dans un dernier combat. Je n’ai pas toujours été heureux ni aimé, je n’ai pas toujours été soutenu ni protégé mais cette marque sur mon épaule, cette marque que je t’ai montré si souvent, était notre symbole. Ange et démon, c’est ce que nous étions, nous avions des valeurs, des rêves et des espoirs mais nous les cachions derrière des rideaux noirs. Suis ta voie, Jarod, ne traîne pas derrière toi mes rêves brisés ou mes espoirs, tu vaux mille fois l’homme que j’étais. Mais, si un jour tu entends le nom de la Confrérie, souris et sois fier, car elle t’a protégé.
J’aurais voulu vivre l’éternité à tes côtés, mon fils. Je n’ai pas pu, je sais que tu me reprocheras d’avoir sacrifié ma vie pour la Part des Anges plutôt que d’être rester avec toi, mais je n’aurais jamais su être un père digne. Ne doute jamais que je t’ai aimé et chéris et que je regrette de ne pas avoir eu la force d’être là lorsque tu avais besoin de moi. Tu n’es pas de mon nom mais notre sang est le même et tu es l’une des plus belles choses qui me soient arrivées dans ma vie, Jarod. Sois heureux, mon fils.

**
*

L’échafaud était déjà prêt, le billot placé de telle sorte que le soleil brûle le dos du condamné et illumine la hache du bourreau lors du coup fatal. La foule s’amassait déjà devant le complexe en bois, ameutée par l’odeur du sang et le spectacle morbide à venir, ils venaient assister au théâtre de la Mort où se jouait leur pièce favorite : l’exécution d’un être dont ils ne connaissaient rien, mais dont le trépas allait les faire jubiler. Des enfants tapaient déjà dans leurs mains, ravis, attendant que le condamné soit la tête sur le billot pour le huer comme l’exécrable criminel qu’il était. Le bourreau était déjà là, polissant sa hache avec une minutie toute professionnelle tandis qu’un autre plaçait le panier destiné à recueillir la tête du défunt. La mise en scène était parfaite, les décors glauques au possible, les comédiens attachés à leur personnage comme un bateau à un port.
Il ne manquait plus que l’acteur principal.

Le couloir est affreusement long.
J’ai la sensation de marcher dans un tunnel interminable où seule la lumière au loin vous pousse à avancer. Je marche vers elle, tout en sachant que je me dirige vers ma propre mort, je n’ai pas peur, ni froid, je suis juste vide. Je n’arrive même pas à voir les deux gardes qui m’encadrent, je sens juste leur main sur mes épaules qui me pousse en avant et leur souffle près de moi. J’entends des voix qui m’appellent, qui me hèlent, qui hurlent mon nom jusqu’à se briser. Sont-ces mes amis, mes Confrères ou bien des spectres qui attendent mon dernier soupir pour pouvoir s’envoler vers l’au-delà ? Je ne regarde pas en arrière. Il n’est plus temps de regretter.
Nous atteignons enfin la fin du corridor, la lumière explose. Cris, hurlements, insultes.
Souvenirs.
Je suis un enfant levant les yeux vers les remparts de Gilnéas. Adolescent s’entrainant au combat. Soldat frappant des hordes ennemies. Je ressens la brûlure du tisonnier sur ma peau, je suis Confrère. Je suis le Protecteur, le Renégat, je suis l’homme, le loup.
Je suis Aarseth Laëron.
Je suis Kerberos.

Tybalt.
J’aurais voulu partager tes secrets, mon frère, j’aurais voulu t’aider à combattre cela. Tu m’as menti pendant longtemps, mais tu as toujours été mon frère. Pardonne-moi de ne pas avoir su te comprendre mieux que cela. Ne sombre pas, mon frère, n’oublie pas qu’il y a plus important que la vengeance, que l’or…

Jarod.
J’aurais du être là dès le début, ne pas fuir, ne pas avoir honte. Je regrette de ne pas avoir pu te prendre dans mes bras, te bercer et te raconter ces histoires d’enfants, je regrette de t’abandonner une fois encore, mon fils. Ne m’oublie pas, n’oublie pas ton père, je t’en prie.

Elvyra.
Ma nièce, ma fille. Tu as été ma lumière, mon émeraude, ma princesse. Je ne pourrais plus te chérir, ni te conseiller, ni même faire semblant d’être pourfendue par ton épée en bois. Je sais que tu seras un grand paladin, je veillerais sur toi, de là-haut.

Elunadore.
Pardon, mon amour, de ne plus être à tes côtés, de ne pas avoir su t’aimé comme il le fallait. Je prie Elune pour qu’elle continue de veiller sur toi et de te faire aussi belle et pure, pour qu’elle te rende heureuse, même sans moi. Tu as été mon seul amour, Elunadore In’Vina.

Laïlaétha.
Je ne pourrais plus te protéger, Sekhmet, je n’ai pas tenue ma promesse. Tu m’as guidé quand je ne savais plus quelle voie suivre et tu m’as offert les clés de ta propre existence. Je serais toujours là, il te suffira d’écouter le chant des loups et tu m’entendras hurler avec eux. Je serais toujours là.

Jadie.
J’aurais voulu être digne de vous, ma Dame, sincèrement. J’aurais voulu avoir votre force, votre courage, votre détermination. Vous serviez la Lumière mais vous étiez celle de la Confrérie. Malgré votre sale caractère, vous étiez une sacrée bonne femme, Jadie Faldren. Prenez soin d’Elvyra…

Bofur.
Merci, Baron, pour votre confiance, votre sagesse, votre folie aussi. Sans vous, il n’y aurait rien de tout ça, sans vous, cela n’aurait jamais eu aucun sens. Je n’ai pas pu payer la dette que je vous devais comme je le voulais, mais j’ai fait honneur à votre Confrérie et à l’homme qui la créée.

Artus.
Tu n’étais pas l’homme le plus courageux, ni le plus dégourdi. Tu n’étais pas le plus adroit ni le plus inventif mais tu reste l’un de mes meilleurs amis et confrère. J’aurais voulu continuer de soupirer de tes pitreries et de tes frasques, rire de tes maladresses et de tes idioties mais ce temps est révolu. Que Goldrinn veille sur toi, frère loup, il va s’arracher les cheveux avec toi !

Markar.
Je regrette ta mort, ta traque inutile. Tu étais un homme bon et je me disais souvent que, si ce maudit démon a du lutter jusqu’à la fin contre toi, c’est parce qu’il a été incapable de détruire l’homme que tu étais réellement. Repose en paix avec les tiens, je vais bientôt vous rejoindre.

Ils me manqueront tous. Tous ceux là, sans oublier les autres. Lyam, Chromatine, Eimhir, Barkalya, Ainarïel… je continuerai de veiller sur vous tous, je vous le promets.
Vous avoir connu, avoir combattu à vos côtés. Mourir en votre nom est un honneur, le plus grand qui existe. J’ai longtemps pensé que l’on trouvait la gloire et l’honneur sur le champ de bataille, par la conquête et la guerre. Mais c’est en étant auprès de vous que je devenais celui que je suis, ma véritable gloire était cette marque sur mon épaule. Et mon honneur s’appellait loyauté.
Je suis à genoux, la tête posé sur le billot. Je n’ai toujours pas peur. Je sens la lame montée vers le ciel, incendiée par le soleil. Les bras du bourreau s’abattent en un arc parfait tandis que le serment de la Part des Anges se répercute en échos dans mon crâne.
« Jures-tu de servir la Confrérie et le Baron, de suivre tes supérieurs, de protéger tes Confrères et de ne jamais lever la main sur eux ? »
« Je le jure. »
« Jures-tu de garder le silence sur notre ordre, de ne pas trahir notre communauté et de lui rester fidèle jusqu’à la fin ? »
« Je le jure. »
« Jures-tu de rester loyal à la Confrérie jusqu’à la mort ? »
« Je le jure. »
« Ainsi soit-il. »
La brûlure du tisonnier sur mon épaule, le tranchant de la lame sur ma nuque.
Puis…
Silence.
Noir.

J’étais Aarseth Laëron.
Aarseth Laëron
Aarseth Laëron
Pipelette
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